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Macki Musi Festival : parlons-en (avec des mots bleus)

Le week-end dernier, caché entre les Calvi On The Rocks ou Astropolis, se tenait la première édition du Macki Music Festival. D’ordinaire nous ferions un report, ici c’est un mot gentil dans un livre d’or.

Il y a de ceux qui, comme attachés à la proue, bravent impassibles les yeux ouverts chaque intempérie. Si l’organisation du Macki était un tant soit peu superstitieuse, elle aurait pu voir partout de mauvais signes lui pleuvoir sur le coin du râble. Un climat grognon – voire proche de la débâcle avec des averses en continu – des travaux sur la ligne A du RER annoncés à la dernière minute, une file de revente de places s’allongeant chaque heure sur la page Facebook de l’évènement. Il y a de quoi baisser les bras. Mais l’initiative était trop belle, voir Cracki et la Mamie’s s’unir, ça méritait de passer outre les humeurs de Dame Climat ou les aléas de la SNCF. Alors oui, tandis qu’à Calvi on vivait nu, les pieds dans l’eau, à Carrières sur Seine, les nôtres trainaient dans la gadoue. Non, il n’y avait pas de navettes depuis la gare, juste une escorte de bénévoles avec des jambes aussi bonnes que leur volonté venant vous chercher pour vous guider sur le site. Quarante minutes de marche. Personne ne se plaignait. C’était sincèrement amusant, passablement bucolique et dépaysant, traverser des champs de choux, ça peut être un prélude tout à fait convenable à un festival. Le festival, parlons-en.

Conformément aux us de Cracki, des salons étaient reconstitués en pleine nature, s’érigeaient un bazar, de curieuses structures en bois, des foods trucks sans attente (deux pour 1000 personnes pourtant), des stands de massages, de quoi s’installer au bord de l’eau (avant le déluge). Un festival qui n’a pas de machines derrière lui pour le porter, pas de subventions, juste les fonds propres des deux entités (Cracki + Mamie’s) doublés de leur ferveur. Et de l’avis de quiconque présent sur place, la souris a accouché d’une montagne. Le festival ayant misé sur des retours improbables (Lordz Of The Underground, Schatrax) et des étalons sur lesquels on parie trop peu (Marcellus Pittman, Fatima), le Macki offrait le sentiment d’être dans une fête de village, et fait du trou du cul du monde un havre merveilleux. Coupé du contexte parisien, transporté dans un cadre dépaysant, grisé par l’éloignement, l’isolation, l’espace, l’endroit et toutes les infrastructures mises à disposition pour son confort, le public développait une belle énergie et une agréable propension à la proximité.

On ne chantera pas à nouveau le couplet de l’artisanat face à l’industrie, néanmoins Le Macki est parvenu à convier ce sentiment si rare dans cette magnifique petite bourgade asphyxiée de monde qu’est Paris : ne pas se sentir un sur 50 000. Un évènement qui considère son public, quoi de plus naturel qu’il le lui rende ?