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M83 se débride sur l’autoroute des 80s avec “Junk”

M83 aka Anthony Gonzalez a sorti, vendredi dernier, “Junk”, sûrement son album le moins sérieux, mais certainement celui où il s’est fait le plus plaisir.

Lorsque l’on cite M83, nous vient directement en tête l’album Hurry Up, We’re Dreaming et son titre phare “Midnight City”. Mais s’arrêter à ce tube serait une bien grave erreur. Depuis 1999, le groupe mené par Anthony Gonzalez a accompli bien plus avec 6 albums dont l’excellent Saturdays=Youth sorti en 2008, une dixaine d’EPs ainsi qu’une pluie de remixes.

Avec le succès de sa pop électronique, ce natif d’Antibes a pu réaliser de nombreux rêves de gosses : des tournées à travers le monde, des voyages et des collaborations qu’il n’aurait jamais esperé comme Jean-Michel Jarre. Seulement, sous les feux des projecteurs, Gonzalez n’est pas à l’aise. Après la folie Hurry Up, We’re Dreaming, il s’écarte quelques temps du game pour mettre son talent de musicien au service du 7ème art, à l’ombre des lumières. Il nous confiait à ce propos dans une récente entrevue : “Les BO m’ont permis de respirer, de penser à autre chose et de prendre de l’expérience dans un milieu totalement différent. J’avais envie de mettre ma carrière pop entre parenthèses“. Pour mieux revenir ?

M83 passe aux choses (un peu moins) sérieuses

Junk, sorti vendredi dernier chez Naive, est le 7ème album studio de M83. D’apparence colorée et ultra pop, ce nouvel opus a pourtant été conçu durant une période assez creuse que fût 2015, année faite de hauts et de bas pour Gonzalez. Une bipolarité qui se ressent outrageusement à l’écoute de l’album. Son exil à Hollywood depuis 2010 y joue pour beaucoup :

Les dernières années étaient difficiles car loin de chez moi, de la France, de mes proches. L’album reflète une période de ma vie à la fois super gaie avec un côté pop extravaguant et d’un autre côté quelque chose d’assez triste.

On peut découper l’album en deux : un départ en trombe ultra pop pour en arriver à une fin emprunt de mélancolie.

J’avais envie de ce mélange de genre, d’une espèce de collection de chansons qui ne sont pas forcément faites pour cohabiter ensemble. C’était un challenge de pouvoir apporter une unité.

Gonzalez a décidé de retirer l’image sérieuse que le monde avait collé à son groupe en revenant avec un format plus fun, plus naïf, léger et parfois même volontairement cheesy. N’en déplaise à ses fans habitués aux grandes envolées musicales, le musicien prend le contre-pied en optant pour les années 80 comme fil rouge. C’est durant cette période que le garçon a grandit et donc, forcément, il s’en retrouve inspiré par nostalgie. Sans être réactionnaire, il regrette une époque avec plus de charme, selon lui :

“Aujourd’hui, il y a plein de trucs cool dans la musique, au cinéma, à la télévision. Mais il y a aussi un côté supermarché qui n’existait pas avant. On est submergés de contenu, la musique est devenue une jungle sans nom, c’est difficile de s’y retrouver. Ça m’incite presque à me concentrer sur de vieilles choses, à retrouver l’essence de la musique et à ne pas la faire sonner comme le tube du moment.

Pour l’accompagner dans son obsession 80’s, on retrouve la chanteuse Mai Lan avec qui il chante pour la première fois en français, mais aussi Beck, Susanne Sundfør et Steve Vai qui offre un somptueux solo de guitare dans “Go!”. Chez M83, les membres du groupe ne bougent pas, ce sont seulement les guests qui changent et s’adaptent à l’esprit des albums.

Après cette sortie, Gonzalez partira sur les routes d’une tournée très riche avec, notamment, un passage aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Malaisie, en Indonésie, en Turquie, en Norvège, mais aussi quelques dates en France aux Solidays, au festival Garorock et aux Eurockéennes.

Pochette de Junk, de M83

Pochette de Junk, de M83