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Local Heroes : Syd Kemp nous raconte les rouages du Londres indie !

A Londres, l’underground rock bat son plein. Syd Kemp, un des prodiges français de la pop dont le talent ne pouvait qu’exploser là-bas, nous fait visiter sa ville.

Vous ne connaissez pas Syd Kemp ? Normal, vous êtes Français, et comme souvent, nous avons un peu de retard. C’est le bassiste français du groupe londonien Neils Children qui est ni plus ni moins que l’une des formations les plus enivrantes que l’Albion ait livré en matière de pop psychédélique depuis longtemps. En solo, Syd se livre sans appréhension à l’appel d’un éclectisme des plus exigent. Virant de passages avant-gardistes à des moments de grâce dignes des grandes heures de la pop, il serait capable, à titre d’exemple, de se dresser en première partie de Metronomy et de rivaliser aisément. On pense notamment à des morceaux comme “Off” sur son EP “You”.

Mais, insaisissable comme il l’est, le garçon s’apprête aujourd’hui à sortir un nouveau 4 titres d’une pop à grands arrangements comme on sait si bien la composer Outre-Manche. Mélodies venues de l’espace, psychédélisme moderne : “The Horror” sera notre addiction de l’été.

Un choc des cultures

Comme de nombreux Français, l’exil ouvrait la voie d’un nouveau départ : “Vint un moment où tout allait très mal pour moi, je détestais mes études (droit et sciences politiques), je vivais chez mes parents, j’avais abandonné tous mes projets musicaux et ma copine de longue date et moi nous séparions avec fracas. C’était vraiment une sale période. J’ai décidé de tout plaquer et de commencer à enchaîner plusieurs petits boulots pour me payer un ticket aller pour Londres et m’y installer pour enfin commencer à vivre !”

A son arrivée, Londres n’est pas forcément une ville des plus accueillante : le coût de la vie et les problèmes de logement sont pires qu’à Paris. Le tri entre ceux qui seront capables de travailler réellement la musique et ceux pour qui se sera un loisir se fait naturellement : “Je suis arrivé à Londres avec 3000€. Me faire rejeter par à peu près tout le monde pendant aussi longtemps juste parce que j’avais un statut d’étranger sans ressource suffisante a été une sacrée baffe. Au final je n’ai jamais autant appris sur moi-même et sur ce que je voulais faire que dans cette période difficile, ce qui m’a permis d’être efficace une fois lancé”.

Les musiciens sont vraiment meilleurs, pas forcément pour des prouesses techniques, mais il y a quelque chose qui fait qu’ils jouent tous très bien en groupe.

En termes de musique, la concurence est nettement plus acharnée que celle qu’il trouve en France : “les musiciens sont vraiment meilleurs, pas forcément pour des prouesses techniques, mais il y a quelque chose qui fait qu’ils jouent tous très bien en groupe”. L’autre étonnement, c’est que, finalement, dans la patrie du rock, les conditions de live sont souvent horribles : “Ici, à Londres, il est très difficile de se faire payer correctement pour jouer de la musique alors qu’en France il y a toujours moyen de tomber sur des plans très intéressants subventionnés par les communes.”

Un indé vraiment exigeant

Le truc génial, par contre, c’est que “tu vois très souvent des grandes “stars” de la musique traîner dans les petits pubs pour voir les nouveaux groupes et leur dire que ce qu’ils font c’est bien”. Voilà qui peut évidemment accélérer les choses, dans une carrière naissante: “quoi qu’on en dise, The Horrors sont vraiment les “papas” de la scène à East London. Ce sont eux qui adoubent les groupes et qui les mettent en lumière. Tu vois aussi de temps en temps Thurston Moore faire les entrées du Café Oto et jouer avec Yoko Ono”.

The Horrors sont vraiment les “papas” de la scène à East London. Ce sont eux qui adoubent les groupes et qui les mettent en lumière.

Le circuit, selon lui, se placerait plutôt à l’Est de Londres : “D’autres diront que tout se passe à South London. Les gens disent que la musique qui fait de l’argent se trouve à West London (là où tous les grands studios se situent) et que la musique qui innove se trouve à East London”. Il nous à listé les pubs où les bons groupes deviennent de gros groupes : “Impossible de ne pas citer le Shackellwell Arms qui est un pub près de Dalston et qui a lancé tout ces groupes londonniens qui marchent bien aujourd’hui tels que Temples, Toy ou Charlie Boyer. En salle de spectacle il y a The Lexington près de Angel qui a une programmation de qualité ouverte sur les groupes locaux et le meilleur son de la ville. Dans un registre plus léché il y a aussi le Café Oto. Pour tout ce qui est des clubs, il y a des très bonnes soirées, notamment celles organisées par les Horrors comme le Cave Club un samedi par mois ou les dimanche après-midi soul dans un minuscule bar.”

Comme depuis toujours, Londres voit émerger une scène rock ultra solide ces derniers temps, sous l’influence des Horrors. Syd nous cite les Wytches, Younghusband ou encore Bo Ningen comme artistes à ne vraiment pas rater si vous passez dans le coin. C’est eux qui sont en train de prendre la suite, justement, de groupe comme Toy ou Temples qui enchaînent aujourd’hui les festivals partout dans le monde.

Ce qu’il nous explique sur le rock londonien, c’est qu’on ne fait pas son trou sans s’imposer une discipline de travail stricte: “Je dirais à un jeune Français que si tu n’en glandes pas une et que tu ne donnes pas le meilleur de toi même, venir à Londres est le risque de finir à travailler dans un bar toute ta vie, sans avoir la moindre chance de mettre de l’argent de côté. En revanche si tu es prêt à faire des sacrifices, alors Londres est une ville qui te donneras des opportunités pour réussir ce que tu souhaites. Y développer une carrière artistique est plus dur qu’ailleurs car il y a une énorme concurrence et une tripotée de super bon groupes ; mais du coup plus de labels et plus de public ce qui te donne une meilleure chance de réussir”. C’est justement ce qu’on souhaite à Syd Kemp et son nouveau EP “The Horror”, qui sort ce vendredi 13 Juin.

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PLAYLIST : LE SON DE LONDRES

Syd Kemp

Neils Children


The Wytches


Younghusband


Bo Ningen


The Horrors


Toy


Temples


Charlie Boyer

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