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Les sorties d’albums le vendredi : qu’est-ce que ça change ?

Voilà une nouvelle dont parle tout le music business : dès cet été, les disques sortiront mondialement le vendredi. Adieu notre bon lundi national. On a essayé de comprendre pourquoi, et de savoir ce que ça changera.

Ça fait les bonnes feuilles des sites spécialisés dans l’aspect technique du milieu musical : les sorties de disques seront harmonisées au vendredi dès cet été. S’il n’y a pas règlement dans le sens contraignant du terme, et que les labels indie pourront évidemment continuer à faire comme ils l’entendent, les grosses maisons se sont toutes accordées sous l’impulsion de l’International Federation of the Phonographic Industry.

Pour comprendre l’enjeu, prenons un exemple emblematique : l’album de Madonna , Rebel Heart, sortira le 6 Mars en France et en Australie, le 9 en Suède et en Angleterre, les 10 aux USA etc… Ce genre de failles spatio-temporelles ne vont bientôt ne plus exister, le monde rencontrera (presque) en même temps les albums de ses pop stars préférées.

Pourquoi mondialiser les sorties ?

A une autre époque, les sorties différées pouvaient avoir certains avantages : outre l’optimisation de la date de mise en vente selon les cultures et les pratiques d’achat, elles permettaient en outre de pouvoir proposer une promotion millimétrée. L’idole donnait des interviews à la télévision à Paris – comme Madonna hier au Grand Journal – puis décollait pour l’Angleterre, puis rentrait aux USA… les jours optimaux pour annoncer la mise en boutique des disques.

L’IFPI met en avant la frustration que générerait ces distances dans un monde globalisé.

Si tout ceci était si arrangeant, pourquoi changer ? A cause du grand chamboulement : internet. L’IFPI met en avant la frustration que générerait ces distances dans un monde globalisé. Mais elle pointe aussi une réduction des risques de fuites d’albums sur le net avant leur sortie nationale.

Un coup d’épée dans l’eau contre le leak ?

Tout ça sera-t-il vraiment efficace ? C’est la question que posent de nombreux commentateurs. En effet, les fuites interviennent généralement plusieurs semaines voir plusieurs mois avant la sortie effective d’un disque et sont généralement issues des envois promotionnels à la presse ou du passage par les usines de fabrication. Les occasions de leaker sont nombreuses, comme le montre par exemple très bien cette illustration. Demandez à Bjork ou… Madonna ce qu’elles en pensent.

Qu’une sortie ait lieu avec quelques jours d’écart ne semble donc pas changer grand chose sur la majorité des leaks. En revanche, en terme de promotion, c’est le signe d’un changement de façon de faire : sur les gros projets, cette uniformisation tend vers l’abandon du travail “par territoire”.

La promotion mondialisée

Ce qui est intéressant, c’est cette phrase certes brumeuse du communiqué de l’IFPI : “le mouvement bénéficiera aux artistes qui veulent exploiter les médias sociaux pour promouvoir leur nouvelle musique”. Guillaume Leblanc du Syndicat National de l’Édition Phonographique, précise cette phrase à Purecharts : “[l’harmonisation des sorties] permettra aux artistes d’harmoniser leurs actions de promotion sur les réseaux sociaux”.

Pour les très gros disques, il s’agit donc de s’adresser au monde entier, en une fois et directement. Les réseaux sociaux permettent aujourd’hui aux labels de ne plus (autant?) dépendre de la presse pour transmettre l’information au public. On se prend même à se demander si cette nouvelle ne pourrait pas même avoir de l’influence sur la manière dont les journalistes traiteront les choses de la musique. Voit-on arriver le déclin d’une presse d’information rapide à la faveur d’une presse plus en analyse, en reflexion globale? Qui sait?

Viser directement le client

Plus encore que l’auditeur, c’est au client que s’adresse cette nouvelle mesure : des études sur lesquels s’appuie cette décision montrent que 68% des consommateurs de musique préfèrent acheter leur copie le week-end. Les maisons de disques, selon l’INPI, comptent donc sur ce timing pour faire gonfler ces pics d’achat et veulent “relancer l’excitation et redonner de l’importance à la sortie de nouveautés musicales”.

Pour le meilleur ? On ne saurait le dire. Cet genre de nouveautés va changer vos petites habitudes : dès cet été, vous devrez attendre jusqu’au vendredi pour savoir quoi écouter grâce à notre Rayon Frais . Et au lieu d’accompagner votre semaine, ceux ci égayeront votre week-end. Soit. A suivre.