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Les soirées ratées de Nora : le soir où j’ai cru que j’allais à une soirée

Parfois, on ne peut vraiment pas échapper au dîner de Noël… Voici le nouvel épisode des soirées ratées de Nora.

Les repas de Noël m’ont toujours donné un peu le cafard, les vieilles photos de famille, la tante qui n’a toujours pas compris que les Mon Chéri, c’était immonde. Quant au dîner qui n’en finit pas… Meilleur plan que de jouer une année de plus un remake de Festen, mon meilleur ami Thibault me propose une fête de Noël entre potes sans toutes ces lourdeurs.

Un de ses anciens profs d’art plastique organise une soirée dans sa maison dans Le Perche. Parfait. Je me projette déjà dansant toute la nuit au milieu d’artistes branchouilles. Il n’y a qu’une seule petite contrainte, le prof d’art plastique aime faire des soirées à thème, cette année c’est “oiseaux”.

Une énorme bête à 80 euros

Comme avec Thibault on déteste se déguiser on décide de contourner la contrainte, on va arriver avec un volatile… en boîte : un bloc de foie gras ! Malin et en plus ça fera plaisir à tout le monde.
Dans l’interminable queue du boucher-charcutier de notre quartier le stress commence à monter. Il y a du monde, c’est lent et notre train part dans une heure ! Ça aurait été plus simple d’y aller en voiture, mais aucun de nous deux n’a le permis évidemment.
C’est enfin notre tour, le boucher nous annonce qu’il n’y a plus de foie gras, on lui explique qu’on a absolument besoin d’un oiseau, il revient tout sourire de la chambre froide, on a de la chance il lui reste un chapon. Pris par le temps et le stress, on se retrouve à payer pas loin de 80 euros pour cette énorme bête que je porte sous le bras en courant jusqu’à la gare. Dans le wagon l’oiseau commence à sentir, il faut dire qu’il est cru, mais comme les autres passagers ont eux aussi leur bouffe pour leurs réveillons l’odeur est noyée derrière des effluves de fromages et de clémentines.

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Personne n’a pu venir nous chercher à la gare, Thibault me rassure la maison est à seulement 15 minutes à pied. Dans le noir de la campagne éclairée à la seule lumière de l’écran de mon téléphone et avec le poids de l’animal il faut doubler ce temps. On arrive enfin sur les lieux. La maison est toute mignonne avec un joli jardin décoré de guirlandes vertes et rouges, je trouve ça un peu classique pour un prof d’art plastique, mais je suis sûre qu’il nous réserve ses excentricités pour la fête. On sonne à la porte en se demandant si on ne s’est pas trompés de maison, mais non, il nous accueille, apparemment pile à temps puisqu’il “vient de dresser l’entrée”. Je trouve ça un peu officiel cette façon de “dresser l’entrée” pour une fête mais pourquoi pas. Alors qu’il me fait visiter la maison et que je me dis qu’il n’y a pas trop d’ambiance, je commence à comprendre. Nous ne sommes que 6 personnes. Et ce n’est pas une fête mais un dîner, d’où le dressage… Les autres invités déjà installés à table portent tous des plumes d’oiseaux sur la tête, et il y en a même une qui est déguisée en Titi… “Bah de Titi et Gros Minet”.

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C’est elle qui nous adresse la parole en premier :
“Bah vous êtes pas déguisées ?”
“Non mais on a apporté un chapon !”
“Bah c’est complètement con Laurent cuisine déjà un gigot… Et votre déguisement alors ?”
Laurent s’en mêle : “Merde Nora, t’aimes pas l’agneau ! T’aurais dû me dire je t’aurais cuisiné autre chose c’était pas la peine de ramener ton propre chapon”.
Comme on ne se connaissait pas, on n’a pas trouvé grand-chose à se dire à table. Heureusement le chapon nous a fait tenir une bonne partie de la soirée, avec des débats à base de : “On sait très bien que c’est un attrape nigaud, c’est pas mieux qu’une dinde, faut être complètement con pour acheter un chapon…”
Après le dîner, Laurent a mis des chants de Noël… et tout le monde s’est mis à chanter. Tout le monde étant les 5 autres personnes. De mon côté j’ai passé la soirée en tête à tête avec un chapon mal cuit (compter 30 minutes par kilos pour la cuisson), sans oser goûter au gigot alors que j’adore ça. Le moment le plus douloureux a sans doute été celui où au moment du café, Laurent m’a tendu une boîte de Mon Chéri.

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