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Les 3 Eléphants 2015, un festival d’utilité publique à Laval

Face à We Love Green et This Is Not A Love Song se tenait un festival plus “local”, Les 3 Éléphants. Nous sommes allés fouler l’herbe de ce festival créé en 1998 : récit du week-end.

Pour éviter le déferlement de look pimpy, de mini-shorts, de selfies mal instragrammés et autres réjouissances venues tout droit de We Love Green, il n’était pas absurde de quitter notre bonne vieille capitale pour aller prendre un peu l’air.

Si on connait les manifestations d’ampleur nationale comme les Eurockéennes ou les Vieilles Charrues, il existe évidemment des festivals qui, par leur placement dans l’agenda culturel ou leur programmation, s’adressent directement à un public des environs. C’est dans cette optique que nous arrivons à Laval pour assister au festival Les 3 Eléphants.

Un vendredi plutôt indie

Après un showcase et un DJ set de confort dans l’après-midi, les festivités commencent. Sous le chapiteau (“le Patio”), les gloires locales du post-rock dark à guitares folk Throw Me Off The Bridge accueillent les premiers arrivants. Les hostilités commencent quand Laetitia Shériff lance son set dans la salle en dur, “l’Arène”.

Si sa performance n’aura pas changé l’histoire du rock, ses morceaux font doucement monter la pression. On fait le point sur le planning qu’on s’est dressé : les trois artistes qu’on ne veut surtout pas rater en ce vendredi sont sur la scène “Grand Géant”. On regarde autour de nous : il n’y a bel et bien que 2 espaces. A moins que…

Derrière une scénographie qui nous aura semblé un peu abstraite apparaît une sorte de jardin, dans lequel est installée une minuscule scène sur laquelle s’exécuteront tour à tour Gratuit, Jessica93 et Milan, dans des conditions spartiates. Voilà de quoi faire déchanter ceux qui auraient fait le déplacement pour voir, par exemple, Milan “dunker” sur une grande scène face à un public à conquérir. Qu’importe.

La boîte de Pandore

Gratuit va réussir malgré le “petit son” à tenir la concurrence face aux Badbadnotgood qui envoient leurs beats dans le Patio. Il y a quelque chose de très nerveux, rugueux, dérangeant dans son chant scandé sur des prod’ électro-rock d’aventurier. Il demandera “5 secondes de silence” pour son label qui avait annoncé sa fermeture le jour-même après une dizaine d’années d’activité. Classe. On rate Christine and The Queens, mais les sourires des gens sont sans appel : c’est sur son nom que le festival aura fait sold out ce soir là. Près de 20 000 entrées sur le week-end !

Jessica93 : le garçon est devenu une machine de guerre.

Retour ensuite vers la scène “Grand Géant” dans laquelle Jessica93 impose son savoir-faire : au fil des années, le garçon est devenu une machine de guerre. Il empile des lignes de basses ou de guitare pour créer un rock cheval de Troie au service de l’hypnose et des mouvements répétés, qui fait mouche. Définitivement, le garçon serait capable de scotcher n’importe quel auditoire avec comme soundsystem une paire d’enceintes d’ordinateur de bureau.

A 1 heure du matin, dans ce même espèce de box, c’est le duo parisien Milan qui entre en scène. Cette fois-ci, il n’y a pas de doute : la scène est trop petite pour eux. Le chanteur d’ordinaire très présent est bloqué dans un coin quand la batterie vient occuper tout l’espace, visuel et sonore. La formule batteur-chanteur s’adapte mal ici. Ajoutez à ça des séquences lancées à trop bas volume et vous voyez l’un des meilleurs groupes de nos souterrains se retrouver dans la situation la moins compatible possible avec son art. Dommage. Pourtant, le live, tout fastidieux qu’il fut, eut au moins pour lui d’avoir su rester guerrier malgré l’adversité, le groupe menant avec les moyens du bord le concert à son terme.

On quitte le festival dans les derniers, au son des beats ouatés de Superpoze.

Le public des 3 Elephants

Le public des 3 Elephants

La fièvre du samedi soir

Samedi 30 mai, les festivités commençaient dès midi avec des DJ sets gratuits et quelques showcases aux quatre coins de la ville. Sans hésitation, on va voir Baston, qui joue au Bar des Artistes. Un concert traumatisant : dans un espace très réduit et avec un système son relativement hasardeux, ils vont scotcher les 50 personnes venues les voir. Basse-batterie issues directement de l’Allemage 70’s soutiennent une guitare qui porte ses lignes pop dans des territoires psyché inédits. Révélation du festival s’il doit en être, ces bretons quittent l’indie-pop qu’on leur connaissait pour trouver un style qui leur est propre et qui risque de mettre tout le monde à genoux dès la sortie de leur album à la rentrée sur Howlin’Banana Records.

Retour sur le site du festival pour assister au set brouillon des immenses Ought. Leur manque d’efficacité, mêlé à la sonorisation parfois complexe d’un chapiteau, gâche leur performance. Ils ne peuvent en vouloir qu’à eux-mêmes. Ibeyi leur succède dans l’Arène.

Ibeyi, c’est propre, très millimétré, très beau mais ça manque un peu de folie.

Ces deux soeurs proposent un live très propre, très millimétré, très beau, mais qui manque singulièrement de folie. Elles se présentent avec un ton pédagogue des plus maladroits : le public n’avait pas tardé à comprendre leur musique, plutôt évidente. Ça n’empêchera pas les gens de s’y retrouver : quand c’est beau, pourquoi se priver ?

Laval sait danser

Après un live très stadium de Public Service Broadcasting, on va assister à celui du très Mobilee Marco Barotti : le live façon deep émotive de terrasses allemandes est joué sur une espèce de bouée connectée et fait clairement rentrer les festivaliers dans leur soirée.

The Horrors ont pour leur part déçu. Mous du genoux, plus d’attitude qu’autre chose : ils ne convaincront personne. Shamir entre en scène. Plus soul que jamais, il ne se privera pas de retourner le Patio dans lequel nombre de spectateurs le découvrent. On ne peut pourtant s’empêcher de dériver jusqu’à Jessica93 qui, toujours dans la petite boite qui lui sert de scène, joue un second set. Plus dark, plus doom : un tracklist exigeant et tant mieux. Des festivaliers ont clairement payé leur ticket uniquement pour le voir en action. Ils en auront eu pour leur argent, même s’ils pouvaient légitimement se demander ce que l’artiste faisait si loin des vraies scènes.

Balthazar lance un set plutôt esthète pour raccompagner les couche-tôt. Les parents sont partis? Little Simz fait exploser les kids sous le chapiteau : prod’ surpuissantes, flow mitrailleuse, la MC anglaise ravage les 3 Eléphants. Même Brodinski, venu présenter son album Brava en le mixant sur platines (vidéo rococo incluse) ne saura se faire plus marquant.

Un festival utile

Dimanche aura le goût du chill et des adieux, avec les sets de Ptit Fat, Alsarah et Mehmet Aslan au jardin. Ambiance pluvieuse et fin de festival : on préfère traîner en ville et discuter avec les festivaliers. Beaucoup d’entre eux avaient pris grand plaisir à découvrir les artistes, pourtant plutôt identifiés, de cette programmation : le site a brassé durant tout le week-end son lot de teenagers, de familles en goguette, mais aussi de spécialistes qui, depuis la Mayenne, sont parfois en mal de sensations.

Ce n’est pas parce qu’on vit à Laval que l’on n’a pas le droit d’avoir un petit Rock en Seine chez soi.

Sans câliner plus avant les organisateurs, on peut dire que face à un public très demandeur, ces gens qui se sont fixés comme leitmotiv de dynamiser cette ville le font parfaitement : aux quatre coins de Laval, on nous a parlé du 6par4, salle conventionnée gérée par la même équipe, qui semble marquer l’activité culturelle courante de la ville. L’idée de démocratisation est à l’oeuvre : “ce n’est pas parce qu’on vit à Laval qu’on n’a pas le droit d’avoir un petit Rock en Seine chez soi“.

En cela, les 3 Éléphants est vraiment un festival important. S’ils n’ont évidemment pas les armes pour rivaliser avec les superproductions européennes, les organisateurs exécutent merveilleusement leur mandat : celui de faire passer un beau week-end à leur public et de lui amener des artistes plus ou moins pointus qui ne passeraient pas forcément par là en temps normal. Mission accomplie, donc. Là où Paris croule sous les festivals à répétition, les 3 Eléphants prouvent qu’on peut installer sur plus d’une décennie une manifestation capable d’offrir une vision cohérente de la musique d’aujourd’hui à deux heures de Paris. Et ce, sans servir simplement la soupe.

Le Plus : La programmation audacieuse de la scène “Grand Géant”

Le Moins : La taille du “Grand Géant”.

La Rencontre du Festival : Les Lavallois, public calme mais ultra impliqué

L’anecdote du festival : Le “live” de Brodinski, anecdotique.

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