"C'était en 2002 au Pulp. Je ne me souviens plus exactement de quelle soirée parce que je traînais souvent là-bas. Surement une "Kill The DJ" avec Ivan Smagghe, à l'ancienne !
Quoi qu'il en soit, j'étais comme d'habitude installé sur mon "perchoir", à l'entrée, et matais l'arrivée des (belles) filles, dont celle d'une superbe brune à frange. Immédiatement, je fonce lui parler et commence à bien la séduire. C'est alors que débarque à ses côtés Edouard Baer (il semble que lui aussi était sur le coup)... Il en fallait plus pour me déstabiliser. Je continue donc de "travailler" la fille. Baer se prend tout de suite à mon jeu et se met à plaisanter avec moi (agaçant comme il était drôle !), tout en me remettant comme il faut à ma place. Inutile de préciser que j'ai vécu à ce moment une bonne grosse défaite mais, bon joueur, j'ai quand même continué de partager des bières avec lui (il était vraiment drôle ce filou !).
À la fin de la soirée, après s'être un peu perdus de vue dans la foule, on se recroise sur le trottoir, à l'entrée du club. Il attendait un taxi avec sa nouvelle copine (évidemment), tandis que moi, en galère, je clamais (comme pour me rassurer ?) que je préférais attendre le premier métro. C'est alors qu'il me tend un billet de 20 euros et me lâche, grand prince : "Tiens, fais toi reconduire chez toi !". À l'époque, j'avais 18 ans. Une telle somme c'était une fortune, ça me faisait trois semaines. Du coup, j'ai décidé de garder les 20 euros pour me payer un grec et suis rentré à pied. Enfin vu que j'étais un peu ivre, je me suis surtout réveillé sur un banc de Gare de l'Est, en fait...
Le plus drôle c'est que quatre ans plus tard, en 2005, j'ai recroisé Edouard Baer lors d'une fête avec Ullmann. Alors qu'il draguait, m'a regardé l'air de dire : "Je sais" et je l'ai regardé à mon tour l'air de dire : "Moi aussi je sais". Et on a zappé."
Joan, 30 ans, auteur de BD