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Le Petit Béret, pionnier du sans alcool en France

Lancée en 2015, Le Petit Béret est une marque spécialisée dans les boissons sans alcool. Après le vin et la bière, elle s’apprête à se lancer sur le marché des spiritueux. Nous avons rencontré Fathi Benni, PDG et cofondateur de cette pépite française présente dans 41 pays à travers le monde. Il revient avec nous sur cette aventure entrepreneuriale, ainsi que le Dry January et la tendance NoLo qui se font peu à peu une place dans l’Hexagone.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer Le Petit Béret ?

Fathi Benni : Je suis ingénieur agroalimentaire de formation, et j’ai travaillé pendant 15 ans chez Mondelez International. Puis un jour, j’ai décidé de tout quitter pour créer Le Petit Béret. Comme je ne bois pas d’alcool, j’en avais marre de devoir me contenter d’un jus de fruits trop sucré ou d’une bouteille d’eau pétillante quand j’allais au restaurant.

Comment s’est passée votre rencontre avec Dominique Laporte ?

FB : Je l’ai contacté en 2012, à l’époque où j’avais déjà commencé la phase de R&D, pour m’accompagner sur la partie aromatique et assemblage. Ça a directement accroché entre nous. En tant que sommelier pour de grands établissements comme le Meurice, où il a travaillé avec Yannick Alleno, il était confronté au fait que les personnes qui ne boivent pas d’alcool se retrouvaient à l’écart. Il n’avait pas grand chose à leur proposer pour accompagner leurs plats. De notre réflexion commune est donc née l’idée de créer des vins qui permettraient de sublimer les plats de tous ceux qui ne boivent pas d’alcool.

Présentation de Dominique Laporte

Présentation de Dominique Laporte

Donc au départ, Le Petit Béret se plaçait surtout sur les accords mets et vins sans alcool ?

FB : C’est ça. Quand vous allez dans un restaurant étoilé, vous avez toujours un plat et le verre de vin qui l’accompagne. On est partis de cette approche-là pour créer des accords mets et vins sans alcool. Nous avons travaillé sur cette idée avec le groupe Bocuse, ainsi que le chef Gilles Goujon qui est trois étoiles au guide Michelin. On a créé des accords qui permettent aux consommateurs ne buvant pas d’alcool de profiter pleinement de l’expérience qu’offre un restaurant étoilé. Notre rêve est devenu réalité, et c’est ce qui nous a permis d’être reconnus un peu partout dans le monde.

Depuis votre création, de nombreuses marques ont débarqué sur le marché du sans alcool en France. Voyez-vous ça d’un bon oeil ?

FB : Ça montre que même si on nous prenait pour des barjots qui allaient à contre-sens du marché à nos débuts, on avait complètement raison dans notre vision. Et puis je trouve ça bien que de nouvelles entreprises se lancent dans le sans alcool. Ça montre que le marché progresse, ça crée de l’engouement.

Pensez-vous que lorsqu’on ira dîner chez des amis dans quelques années, il y aura systématiquement des bières sans alcool à l’apéro et du vin sans alcool à table ?

FB : C’est déjà le cas. Il y a encore cinq ans, on voyait très peu de bières sans alcool dans les apéritifs, alors qu’aujourd’hui c’est quelque chose qui s’est largement démocratisé. Le vin prendra le relais, à condition qu’il réponde à un certain niveau d’exigence. Je pense que le temps donnera raison aux producteurs qui prennent la peine d’élaborer des boissons extrêmement qualitatives sur le plan gustatif.

Pendant longtemps, en France, le fait de ne pas boire d’alcool à l’apéro ou en soirée engendrait de l’incompréhension, voire des plaisanteries… Pensez-vous que les choses ont évolué ces dernières années ?

FB : Oui, j’en suis persuadé. Il y a 20 ans, un jeune qui ne buvait pas d’alcool à l’apéro était considéré comme un has-been, alors qu’aujourd’hui ce n’est plus le cas. C’est beaucoup mieux accepté, surtout que les produits sans alcool désormais disponibles sur le marché leur permettent de faire enfin comme tout le monde.

Qu’est-ce qui manque pour que ces produits soient plus largement consommés ?

FB : Il y a un blocage du marché qui est lié aux distributeurs. Je suis persuadé que le consommateur est prêt à tenter de nouvelles expériences comme celle des vins sans alcool, mais je ne suis pas sûr que les distributeurs soient prêts à se lancer. Je vous mets au défi de trouver un restaurant qui va vous proposer un verre de rosé sans alcool au déjeuner. Quant à la bière sans alcool, on ne trouve que les références de grands groupes. Il y a très peu de micro-brasseurs en sans alcool qui sont distribués.

Pensez-vous que la tendance NoLo va durer sur le long terme ?

FB : C’est évident ! À titre d’exemple, Le Petit Béret aujourd’hui, c’est une bouteille vendue dans le monde toutes les trois minutes. Donc je peux vous garantir qu’un tsunami s’apprête à déferler, et les seuls qui ne s’en rendent pas compte ce sont les distributeurs.

Quel est votre avis sur le Dry January ?

FB : Je trouve ça génial ! Le Dry January, c’est un vrai phénomène de société. Ça montre que la vie ne s’arrête pas sans alcool. En plus, on sort d’un mois de décembre où l’on a beaucoup bu, beaucoup mangé, donc on a envie de faire le jeûne. Et puis ça montre qu’il y a une prise de conscience autour de la nature de l’éthanol. Il ne faut pas oublier que l’éthanol, c’est ce qui sert de solvant pour les détergents… c’est tout sauf bon pour la santé.

Comment faites-vous pour élaborer vos boissons sans alcool ?

FB : On a créé un process qui consiste à partir d’un fruit ou d’une matière agricole qu’on transforme via un processus naturel, sans adjonction de produits chimiques, et qui n’utilise absolument pas les techniques de désalcoolisation. Cela vaut pour tous nos produits : on part de la filière viticole pour le vin, de la filière brassicole pour la bière, et des filières fruitières et botaniques pour les spiritueux. Ce procédé permet d’obtenir des boissons sans aucune trace d’alcool, ce qui nous permet notamment de les vendre dans les pays musulmans.

Les boissons sans alcool sont seulement soumises à la TVA à 5,5%. Qu’est-ce qui explique leurs tarifs comparables, voire plus élevés que ceux des boissons alcoolisées ?

FB : Beaucoup de marketing déjà. Ensuite, il y a le procédé de production. Mais au fond, c’est surtout une question de savoir-faire et de qualité du produit. On peut aussi se poser la question de savoir ce qui légitime la différence de prix entre un vin à trois euros et un autre à 25 euros… Ce qu’on vend, c’est surtout un vrai savoir-faire, car d’un point de vue technique, c’est beaucoup plus compliqué de faire du sans alcool.

Comptez-vous lancer de nouveaux produits en 2022 ?

FB : Nous sommes déjà présents sur trois catégories : les vins, les effervescents et la bière. Et cette année, nous allons lancer notre gamme de spiritueux, en commençant par un rhum, un gin, un bourbon et une liqueur.