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Le nouveau Wu-Tang, du beau Mogwai : Le Rayon Frais du 1er décembre

Encore une petite fournée qui sent bon Noël avec le retour des gros bonnets. Que glissera-t-on dans des papiers-cadeau?

Le Wu tangue mais le navire resiste

C’est quoi ce bruit ? Le plus vieux possee du jeu qui après vingt ans d’activité tient à repousser l’âge de la retraite dans le rap.

On s’en relève la nuit ? Oui ou au moins on ouvre un oeil. Le Wu Tang en 2014, ça ressemble à un anachronisme merveilleux. Ce n’est pas parce que l’Art des Koons ou Hirst dominent le marché que l’on ne prend pas plaisir à revoir une Joconde. Le Wu Tang est une meute de dinosaures, ce sixième album leur Jurassic Park : d’un autre âge, ils demeurent toujours aussi impactant dans le monde moderne. L’équipe est là, complète, (ODB remplacé par Cappadonna pour que les comptes soient bons) c’est donc assez musculeux, une vraie team de déménageurs qui reprend ses poncifs : samples de soul (les musiciens d’Al Green ont participé à l’album)+ boom bap + refrains collégiaux et RZA en chef d’orchestre. L’album est rugueux, rude et enragé (pour ne pas dire engagé par instants) mais tout ce qui s’y trouve est on ne peut plus attendu. Ils étaient des jeunes fous à l’uppercut facile, ils sont devenus des vieux sages à la capacité de surprendre en berne. Le Wu approche la cinquantaine et lorsqu’il scande still number one (“toujours numéro un“), on se demande pourquoi courir après le succès en déambulateur. Ils ont de beaux restes et ça suffit à produire un album nettement au-dessus de la moyenne.

Mr Mitch : petit pseudo pour futur grand nom

C’est quoi ce bruit ? Le producteur de grime au nom rigolo de vieux monsieur-next-door, lance sa carrière sur un virage osé.

On s’en relève la nuit ? Oui. Par deux fois, en une paire d’EPs (Don’t Leave et The Room Where I Belong), on a vu s’amorcer ce qu’allait être ce premier LP. Du grime très va-t’en guerre, Mitch préfère désormais les lendemains apaisés, faits de paysages limpides et placides, de future garage alangui et d’acousmatiques bucoliques. Parallel Memories prend le temps de donner une mélodie forte à chaque titre, construire des titres patients où la répétition contraignante laisse apparaitre une narration libre, forte et presque autonome. Une liberté et une patience dans le geste rappelant Mount Kimbie, des grandes tempêtes épiques dans des verres d’eau à la Koreless et des constructions à multiples centres de gravité comme James Blake ou Kuedo. En somme un album cosy, avec un intérieur richement architecturé et une simplicité très puissante, où l’humeur et le sentiment se déclinent et se composent par nuancier. Une nouvelle épreuve de ces albums d’électronique qui mettent un pied dans la pop en conservant l’autre dans des terres à défricher.

 

La Fine Equipe : la dream team du beatmaking

Pourquoi la supérette s’agite ? Parce que le crew La Fine Equipe (Mr Gib, Blanka, oOgo et Chomsky) a mis le paquet pour caster les producteurs de la troisième version de leur album-compilation La Boulangerie. On retrouve, pêle mêle, 20syl, Fakear, Superpoze, Souleance, SNKA et de nombreux autres.

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? Difficile à dire : l’album est très dense, les morceaux sont souvent bons voir excellents, mais tout ceci sonne étrangement lisse à nos oreilles. Après plusieurs écoutes attentives, on a du mal à faire ressortir de vrais hit parmi les 28 tracks (!!!) qui compose cette Boulangerie. L’album est dense, terriblement léché. Trop, peut être, car quelques morceaux au son plus dur aurait su réveiller l’attention de l’auditeur en cours de route. Pris séparément, les morceaux valent globalement tous le détours, mais à trop vouloir en faire, on craint que La Fine Équipe ait rendu une copie illisible. L’édition vinyle et sa compartimentation en faces A, B, C et D devrait clairement permettre une meilleure appréciation du disque. On vous conseillera donc particulièrement ce support pour cette troisième Boulangerie.

Mogwai, empereurs indés

Pourquoi la supérette s’agite ? Chaque sortie de Mogwai est un événement. S’ils s’étaient séparés dans les années 2000, on vous ressortirait aujourd’hui un best-of-38-vinyles-collector de ces pontes écossais du “post-rock” pour Noël. Murs de son, structures illimités et mélodies rêveuses sont la signatures du groupe, qui avait d’ailleurs fait la magnifique bande son des Revenants, la superbe série de Canal +. Aujourd’hui sort Music Industry 3. Fitness Industry 1., un nouveau maxi issu de chutes des sessions du précédent disque, Rave Tapes assorties de quelques remixes.

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? Il y a d’abord le hit “Teenage Exorcists”, que même les mamans pourront aimer tant il est doux et tendrement bruyant. “History Day” fonce plus loin avec ses flûtes folles quand “HMP Shaun William Ryder” permet de terminer dignement dans un brouhaha noise esthète. Les remixes tiennent la route, mais clairement, on n’est pas tant là pour ça. Si ce n’est pas la plus belle pièce de Mogwai, c’est toujours un disque très respectable qui se posera volontiers sous le sapin.

Heather Celeste Hansen : super techno, super futur

Pourquoi la supérette s’agite ? Parce qu’on ne sait pas trop qui est Heather Celeste Hansen, mais que ça fuse de tout les côtés chez les amateurs de techno futuriste. Un morceau, mysterieux, sur un label qui l’est presque tout autant, vient de sortir et constitue à lui seul un très joli manifeste qui se répand doucement sur la toile. Ne vous meprenez pas : “Austere” s’étend sur 17 minutes et 7 secondes, soit la durée moyenne d’un EP pop.

Est-ce qu’on s’en relève la nuit ? Impossible de s’endormir avec Heather Celeste Hansen : l’hypnose sert ici à maintenir en eveil, on est face à l’un de ces grisants prototypes de techno d’avant-garde, qui se libère de l’imperatif de danse. Un beat frenetique et désaxé, une voix comme phare, une traversée dans l’empire de la musique électronique sombre : cet “Austere” est l’aimant de la semaine.

Vous devriez aussi écouter :

Le split single entre Tropical Horses et Princesse, entre wave aristo-déviante et psychotic-pop, coup double de génie schizophrène : si le premier track ne vous convient pas, essayez le second. Deux faces d’un même jeton bicolore.

Le EP Therapy de Jordan Lee, disponible cette semaine sur toutes les plateformes de téléchargement. Cool comme une sneaker, voici un R’n’B qui s’écoute au calme, se nourrit de la fin des 90’s pour produire 4 jolies pièces très actuelles.

Fonçons sur le premier EP de Maoupa Mazzochetti chez Unknown Precept. Mini-monument de sordide magnifique, en une poignée de titres Maoupa donne du sex-appeal à l’inconfort et fait craquer son indus à la douce comme un sac d’os piétiné en cadence. A-Tranquility raconte le hitmaker d’un âge d’or improbable où la darkwave se joue à la 808 et l’EBM à la 303.