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LA Priest, le nouveau messie électro-magnétique

LA Priest, c’est le nouveau projet de Sam Dust, ancien Late Of The Pier. Déjà convainquant à cette époque musicale, le voici de retour cet été avec un album sorti fin juin : un univers charmant et original, une idée de la musique plus passionnelle, subconsciente et dominatrice. Rencontre lors de son passage foudroyant à Paris.

Tout pour charmer

Physiquement, Sam Dust est séduisant. Décontracté, un peu perché – dans le même registre que Flavien Berger – mais version anglophone. Jeune, lunaire, l’artiste est un véritable passionné de sons électroniques, de machines dont il est allé chercher les moindres bruits à Greenland. Son nouveau projet s’appelle LA Priest (prononcez comme vous voudrez) et nous embarque loin, très loin, dans un univers fait d’ondes et de nature, d’animaux et de bijoux. On se lâche, sans retenue et c’est bien là tout son objectif : la musique et rien qu’elle, dans votre esprit.

Villa Schweppes : Hello Sam, est-ce ta première venue à Paris ?

Sam Dust : Ce n’est pas ma première fois à Paris mais c’est la première fois que je donne des interviews sur mon projet en solo. J’ai toujours été là avec différents groupes, différentes intentions. C’est comme si c’était la toute première fois pour moi de répondre à toutes les questions que l’on me pose. Ce que je vois de Paris, c’est toujours à travers une toute petite fenêtre, je commence doucement à m’en faire une image. Comme je viens à chaque fois de Londres, le contraste est énorme. Certaines choses se ressemblent comme les rues, les taxis, mais finalement, ce que l’on dit de Paris romantique, poétique, c’est assez juste, l’architecture, les constructions, c’est plus artistique que Londres qui me semble beaucoup plus ennuyeux.

Comment est venu le nom LA Priest ?

Sam Dust : Est-ce que c’est un bon nom ? Je ne sais pas. J’ai volontairement laissé le nom LA en capitales, pour que les gens aient leur propre interprétation. C’est ça qui me plaît. Ça n’a aucun lien avec Los Angeles, j’aime l’idée que ça entre dans une part de notre subconscient. Il y a une touche de mélancolie dans ce nom, un mélange d’émotions, ça peut marcher comme ça.

Comment est né ton projet solo ?

Sam Dust : Ce projet est là depuis plusieurs années. J’ai écrit ce premier single en 2007 et c’était juste une chanson, je ne pensais pas que j’irai plus loin. Je jouais d’autres morceaux avec mon groupe, Late Of The Pier. Disons que tout a commencé lorsque j’ai eu du temps pour moi. Je me suis dit que c’était sans doute une bonne chose ce projet LA Priest. Mais vu que ce n’est pas de la musique pour danser mais plutôt une sorte d’expérimentation, c’était difficile de l’ancrer dans quelque chose de concret. (Rires).

Qu’est-ce que ce projet a changé dans ta vie artistique ?

Sam Dust : C’est très différent de ce que je faisais. Disons que ce projet est ce qu’il y a de plus proche de ce que je suis. C’est entièrement moi en fait. Par ses créations, son travail, ses sélections, tout fuite vers LA Priest. J’en ai fait ce que je voulais, je n’avais aucune limite.

Par qui ou par quoi as-tu été influencé ? Je sais que les voyages sont une première source d’inspiration.

Sam Dust : Oui, je pense que bien sûr tout le monde adore voyager, c’est un luxe. J’ai eu de belles opportunités donc j’ai foncé. Mais disons que ce que j’ai retiré de ces expériences, c’est qu’elles peuvent nourrir l’imagination. Quand les gens écoutent de la musique, ils sont parfois transportés ailleurs, ils voyagent aussi. C’est pourquoi j’absorbe tous les aspects des lieux que je vois pour les transmettre. Ce n’est pas de la reproduction exacte mais ça peut être un long moment après, la digestion par mon imagination. Ce n’est pas très clair mais en gros, si je restais à la maison tout le temps, j’aurais moins d’imagination. Bon en fait, j’adore voyager, la musique, c’est mon excuse. (Rires).

Quand les gens écoutent de la musique, ils sont transportés ailleurs, ils voyagent aussi.

Donc ces voyages s’inscrivent dans ton projet, ton travail ?

Sam Dust : J’ai toujours besoin de nouveaux endroits pour enregistrer. Si je reste trop longtemps au même endroit, je n’ai vraiment plus d’idées. Pour cet album, j’ai essentiellement travaillé dans le sud de la France et c’était une belle occasion d’aller là-bas, dans la maison de la tante de ma petite-copine. Je crois que chaque projet musique se rapproche des jeux vidéos. Tu franchis différents niveaux, tu progresses. Et je pense que ces jeux vidéos entrent aussi dans le subconscient des individus, un peu comme la musique électronique, on a ce genre de références.

On entend l’influence électro dans ta musique mais aussi des sonorités reggae, pop. Comment as-tu travaillé pour ce projet musicalement ?

Sam Dust : Je ne me suis surtout pas focalisé sur un style, un genre. Je suis resté très informatif ou intéressé par les processus, les manières de faire. Un jour, on m’a dit que j’étais DJ dub. Ce qui était un peu fou. Digital Dub, c’est peut-être vrai, le plus proche de ma musique. Mais bon, je n’y ai pas pensé, je n’ai pas cherché à faire du reggae et ça n’aurait pas été la même chose. En plus des synthés, disons que j’ai essayé de créer dans ma voix des boucles presque infinies, comme une ligne de clavier. J’aime l’idée que la technologie utilisée est organique, a ses limites, peut être usée. On peut entendre ce genre de choses qui se rapprochent de l’humain dans le projet. J’ai essayé de travailler ces limites.

Sam Dust à Paris.

Sam Dust à Paris.

À la première écoute, on entend les allusions à la nature, à l’univers, comme si tu étais un peu cosmique.

Sam Dust : L’univers, ça me correspond bien. L’idée que j’en ai est très chouette. Je me souviens d’un livre que je lisais petit, avec des descriptions précises des planètes. Ça racontait l’histoire de l’Univers, et à la fin du bouquin, c’était indiqué : quelle est la suite ? On y trouvait des structures ou des vaisseaux spatiaux complètement ridicules. Était-ce une influence ? Peut-être. Ça me paraît naturel. Je ne crois pas forcément qu’il faille s’échapper. Je pense qu’il faut vivre le fantastique et oublier les problèmes du quotidien, avoir un équilibre, donner aux gens des choses possibles.

Tu parles beaucoup de ceux qui t’écoutent, sont-ils aussi présents dans ton processus de création ?

Sam Dust : Oui, je pense beaucoup à ceux qui m’écoutent. Dans la vraie vie, tout est plus excitant avec de la musique que l’on apprécie, les concerts, les fêtes, j’ai même l’impression que la musique peut pousser les gens à faire des choses qu’ils n’auraient jamais osé faire avant. Par exemple, les réalisateurs sont souvent inspirés par des sons de musiques qu’ils apprécient. La bande son d’un film peut aussi influencé les scènes, je suis sûr que Quentin Tarantino travaille de cette manière. Bon après je me trompe peut-être mais ça me semble évidement le lien entre l’image, le son et le film. Je crois que le public absorbe des inspirations de partout et si je peux les aider, avec ma musique, j’essaie de le faire au mieux.

Justement, pour tes clips, comment ça s’est passé ?

Sam Dust : On a tourné le dernier clip au Maroc, le réalisateur est mon frère, Isaac. C’était son idée de partir dans le désert. Je n’étais pas encore prêt à tourner un clip même si mon frère a déjà réalisé pas mal de clips pour d’autres groupes. On a accumulé de nombreuses idées de notre côté et un jour, il m’a dit : “Viens, allons tourner au Maroc”, je n’ai pas compris, je me suis dit que l’on pouvait contruire des trucs et tourner dans ma maison. (Rires). Mais en un sens, c’est vraiment une bonne chose car on ne pouvait pas tout écrire pour la vidéo, on n’avait pas le temps. On voulait garder l’image pop de la vidéo et au Maroc, c’était parfait, les paysages amenaient des idées à notre histoire, on a vu la cave, on a vu le sable, l’aventure qui se présentait. On a aussi piqué quelques idées à Star Wars pour le clip.

Dans la vraie vie, tout est plus excitant avec de la musique que l’on apprécie.

As-tu une fascination pour Star Wars ?

Sam Dust : Je ne connais pas assez mais oui peut-être ! D’ailleurs, autre chose à propos de l’espace, je ne suis pas un grand fan de science-fiction même si j’aime ça. En fait, ce qui me plaît, c’est d’explorer différentes choses, univers, atmosphères. Je suis un peu naze car je ne suis jamais à la page, faudrait que je me prépare quelques séries et films pendant les tournées – notamment les Star Wars.

À quoi ressemble ton quotidien ?

Sam Dust : Je fais pas mal de jardinage… Après, c’est la première fois que j’ai un jardin, ça explique sans doute cette nouvelle passion. Parfois, j’écoute de la musique mais la plupart du temps, quand je bosse, je n’écoute rien. J’aime bien sortir ce qu’il y a de ma tête, sans qu’elle ne soit influencée. Après, j’apprécie énormément les samples des autres musiciens, et puis, ils me payent pour les reprendre aussi ! (Rires). C’est vraiment une belle chose, le sample propulse la musique dans un tout autre contexte.

LA Priest est un grand projet, en as-tu d’autres en plus ?

Sam Dust : Je travaille sur 3 projets différents en ce moment, je n’en parle pas beaucoup. LA Priest d’abord. Un autre projet est avec un artiste qui va sortir son troisième album, mais nous n’en parlons pas car nous aimerions que le public découvre la musique sans être influencé par la réputation de l’artiste. C’est quelque chose que je vise, qui m’inspire, faire découvrir mon projet sans me mettre en avant. Et j’ai l’impression de t’avoir donné pas mal d’infos aujourd’hui ! Il faut les oublier pour écouter l’album. (Rires). La réaction idéale serait d’écouter sans savoir de qui s’est et de se dire, “C’est bien, j’aime cette musique, ça vient d’où ?”. Un autre projet est en cours avec quelqu’un qui désire être totalement anonyme. Spontanément, ça m’a donné aussi envie de travailler avec cette personne.

Je suis plutôt bizarre quand je danse… LA Priest

Mais dans l’ère actuelle, est-ce encore possible de rester anonyme ? De ne pas se mettre en avant ?

Sam Dust : Oui je crois. C’est vrai que les informations fuitent facilement. Mais tu peux aussi donner de fausses informations aux gens ! Si vraiment tu ne veux pas te mettre en avant, c’est possible. Ça a été le cas des Crystal Castles, ils étaient dans le système bien tard mais après de nombreuses confusions, erreurs, la presse les ont aidé à cacher certaines choses, à imaginer pas mal de trucs sur eux.

C’est un peu le cas aussi pour l’image de se cacher, comme Cascadeur, Daft Punk…

Sam Dust : Je connais que peu l’électro française mais je crois qu’ils sont dans mon subconscient. J’aime particulièrement la musique européenne lorsqu’elle est d’origine française, électronique, ou Belge. Des années 90 par exemple. Ou bien DJ Hell, j’aime son univers. Je pense qu’il y a un bel héritage de ses années, dans nos sons aujourd’hui, les concepts aussi, le partage, l’underground. C’est là l’intérêt de l’électro, son histoire, les fêtes, l’énergie, les ressentis…

Dernière question, as-tu un message pour tes fans français ?

Sam Dust : C’est une bonne idée, je vais en fait lancer un appel. J’ai joué ici il y a quelques années, c’était bien. Mais je crois que l’on peut aller encore plus loin. J’aimerais bien que le public vienne me voir, sur scène, seulement si vous pensez que votre corps peut bouger, danser, car je me sens vraiment mieux les gens ont envie de se lâcher. La promesse, c’est que si vous dansez devant moi, je me sentirais obligé de danser aussi. Et je suis plutôt bizarre quand je danse… Sinon, pour ne mettre aucune pression, si seulement une personne danse sincèrement à l’un de mes concerts, je promets de danser à mon tour. Plus sauvagement.

Nouveau album disponible, Inji de LA Priest
Domino Records
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