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La naissance du label Vertu racontée par Hybu, Neue Grafik et Evans

En contre attaque face à l’hégémonie techno dark parisienne, les hédonistes house-garage du label Vertu veulent imposer sensualité, groove et joie dans les clubs.

On a rejoint Hybu et Neue Grafik à l’instant même où ils lançaient publiquement leur label Vertu à travers un show sur Rinse TV avec leur première signature, Evans. Calés dans un petit bar après leurs sets, ils nous ont offert une interview en forme de faire-part de naissance.

Villa Schweppes : Qu’est-ce que Vertu ?

Hybu : Vertu part d’une envie de Neue Grafik et moi-même de lancer un label commun. On aime le même genre de musique depuis assez longtemps, on a une culture commune autour de la house et du Uk Garage. Il y a aussi, pour ma part, une réaction à une vision très dark de la musique qui est extrêmement présente à Paris. Je veux remettre un peu de sensualité au coeur du club.

Neue Grafik : La raison pour laquelle on veut monter ça ensemble, c’est aussi parce qu’au départ, j’écoutais du rock. La personne qui m’a vraiment fait découvrir la musique électronique, c’est Hybu. Le grime, le garage, Todd Edwards etc… Ça a été mes premiers coups de coeurs après James Blake . De là, j’ai commencé à digger et me faire ma propre vision du truc. On s’est vite rendu compte qu’on avait la à peu près la même démarche.

Il y a, pour ma part, une réaction à une vision très dark de la musique qui est extrêmement présente à Paris. Je veux remettre un peu de sensualité au coeur du club.

Qui dit label, dit sorties : Physiques ? Digitales ?

Hybu : La première sortie ce sera Evans, en vinyle. Pour le digital, on verra bien. On n’a pas encore décidé. Il y aura des remixes de Neue Grafik et 123MRK, un excellent producteur et très bon ami à nous qui représente aussi très bien ce qu’on aime.

Evans, comment aborde-t-on le fait d’être la première sortie d’un label ?

Evans : J’aborde ça de manière super enthousiaste. J’ai fait d’abord de la musique dans mon coin avant de trouver une maison de disques à Barcelone, Tracy, qui a fait mes disques et avec qui je me suis développé. Quand Hybu et Neue Grafik sont venus me parler de leur projet, ça correspondait à quelque chose que je cherchais : une vraie implantation parisienne. C’est important pour moi de défendre la musique française. Aussi, travailler avec des gens que je connais très bien, c’est vraiment différent. Sans compter, évidemment, mon adhésion à leur vision artistique.

C’étaient des tracks composés pour l’occasion ?

Neue Grafik : Je vais raconter l’histoire, parce qu’elle est typique : 123MRK m’a dit : “T’as écouté les dernières démos d’Evans ?”. Je suis allé les lui demander. Je les ai écoutées et les ai envoyées à Hybu. Et il n’en a pas fallu plus pour qu’on tombe d’accord.

Hybu : On défend tous une esthetique relativement proche. 123MRK est plus rap, Neue Grafik a un son très house américain, assez Detroit. Evans propose quelque chose de plus anglais, plus romantique, quand je suis plus old school. Mais on se retrouve tous sur ce beat un peu syncopé, cette esthétique mélodique relativement joyeuse.

Un boulevard devant eux

Comment allez vous renouveler ce corpus musical très identifié duquel vous vous revendiquez ?

Neue Grafik : C’est très identifié, mais pas à Paris. On a un boulevard de dingue. Il y a quelques personnes en place, mais elles datent un peu. Y a aussi S3A, Pablo Valentino, etc… Mais quand tu y regardes de près, il y a très peu de structures qui aient une vraie esthétique assumée dans cet héritage. On est jeunes, on est pas des célébrités, mais on a notre son depuis un moment.

Hybu : J’ai eu le temps de faire mes armes dans le garage. Pendant quelques années, j’étais relativement frustré, parce que j’étais un peu seul, il n’y avait aucune émulation. Aujourd’hui, entre tous les gens qu’on a cité, il y beaucoup d’échanges. On écoute les morceaux des autres, on les joue, et ça me donne envie d’aller plus loin, de me dépasser. Je pense que c’est pareil pour eux. C’est peut-être la naissance d’une micro scène. J’attendais ça depuis très longtemps, hors de question de laisser passer le coche.

Comme disait Booba, ” deviens le meilleur MC dans ton quartier, puis le MC de ta ville, puis le meilleur MC dans ton pays etc… “

Il y a une volonté d’aller emmener cette musique hors de Paris à travers du booking, des soirées ?

Hybu : On risque probablement d’organiser des soirées. C’est naturel pour implanter une structure. C’est évident qu’on a des potes hors de France comme Persian Empire, Clueless et ce serait naturel qu’on fasse des choses ensemble. Mais l’implantation locale est vraiment hyper importante. On intégrera peut être des gens d’ailleurs, mais dans un second temps.

Evans : Comme disait Booba, ” deviens le meilleur MC dans ton quartier, puis le MC de ta ville, puis le meilleur MC dans ton pays etc… “.

La passion d’abord

Comment s’implante-t-on à long terme dans une ville ?

Hybu : On a eu le temps de travailler et de réfléchir à nos horizons, on sait où on va. Si des mecs partagent notre vision, on est d’ailleurs hyper ouverts aux propositions.

Neue Grafik : Oui, si les gens en ont dans le bide, qu’ils ont des morceaux de ouf, qu’ils ont des choses à raconter et qu’ils sont enflammés par la passion comme mes potes le sont, ils seront les bienvenues. On peut passer des heures à parler de musique, par exemple avec 123MRK. D’ailleurs, je balance, il rêve de machines la nuit. C’est vraiment ça qu’on aime.

123MRK (qui tendait l’oreille à ce moment là) : Si un jour Neue Grafik vous parle de matos, barrez vous en courant, sinon ça va durer des heures et des heures.

Pour terminer de dresser une cartographie esthétique de Vertu : pour la première soirée, avec disponibilités et budget illimités, qui serait la tête d’affiche ?

En coeur, et sans hésitation : Todd Edwards.

Hybu : Avec 123MRK en support et nous trois. En famille.