Ah c’est l’effet Calvi, il fallait s’y attendre ! Il ne suffit que de quelques jours au festival corse pour tomber sous son charme. Pauline Perinet, journaliste de l’émission la Nouvelle Edition de Canal +, le confirme en une lettre.
Calvi chérie,
C’est le coeur lourd et animé d’une certaine mélancolie, que je t’écris depuis Paris. Ici, tout n’est que pluie et je ne peux m’empêcher de penser à toi… Je pourrais en écrire des lignes et des lignes, sortir les violons et me plaindre de mes coups de soleil. Ou bien, faire un topito des dix raisons qui font que Calvi on the Rocks est le festival le plus cool de l’été. Mais je n’ai jamais été très forte dans la recherche de gif, et la prose n’a rien à faire ici.
Premier jour à Calvi
Je suis arrivée samedi soir à Calvi, au terme d’un road trip des plus exotiques. Lana Del Rey susurrait West Coast dans l’autoradio, le soleil se couchait transformant le ciel en un dégradé rosé, et l’odeur d’iode s’emparait de nos narines. Nous n’aurions pu choisir meilleure chanson pour entamer ces quatre jours à Calvi la magnifique, ville reine de la côte ouest corse. Depuis douze ans, chaque été, la musique s’empare de la ville tout entière, et la ville le lui rend bien. Car à la différence des autres festivals, Calvi on the Rocks n’est pas cloisonné en un seul endroit, comme Rock en Seine l’est au Domaine de St Cloud, ou Solidays à l’Hippodrome de Longchamp. La seule et unique scène (principale donc) se trouve au Théâtre de Verdure le long de la côte, au pied de la Citadelle, où cinq concerts sont donnés entre 21h et 3h du matin. Et c’est Christophe (bon ok, après Pschiiitt) qui en maître de cérémonie a donné le coup d’envoi de cette douzième édition de Calvi on the Rocks. Une valeur sûre au répertoire gravé dans la roche (vous l’avez ?), qui a ensuite laissé place à mes petits chouchous de François and the Atlas Mountain pour un live envoutant sous un ciel étoilé. Le public est souriant, les groupies au premier rang, et les corps se déhanchent méchamment quand vient l’heure de Rocky. A la sortie du festival, le port n’a pas dit son dernier mot : chaque bar a sorti la sono et sa plus belle playlist, enfin celle qui nous emmène jusqu’au bout de la nuit !
Deuxième jour
On a beau être dimanche, pas question de chômer. Direction la plage de la Villa Schweppes en zodiaque ou en pick-up, dans les deux cas, sensations fortes garanties. Il est 14h, et lorsque notre navette s’approche de plus en plus du rivage, les basses et la musique s’emparent petit à petit de nous. A un quart d’heure du port de Calvi, nous nous retrouvons sur Mar a Beach, la plage où la Villa Schweppes a choisi de jeter l’ancre pendant le festival. Car Calvi on the Rocks, ce n’est pas seulement le Théâtre de Verdure, c’est aussi cinq plages où de 14h à 18h se succèdent djs et artistes pour des lives les pieds dans l’eau. Tout le monde est beau, tout le monde est en maillot et se trémousse devant la scène ou dans la mer turquoise, un Schweppsito à la main (un mojito au Schweppes, what did you expect ?), un tatouage de la marque sur l’épaule (ou dans le dos). Si mon choix s’est rapidement porté sur Penelope la pin up, avec qui j’ai passé un excellent séjour, il faut avouer que le voilier avait la cote. Toute crémée, les cheveux mouillés, place au live parfait de Talisco, où leur titre “Your wish” a soudain pris tout son sens.
A peine le concert fini, direction le voilier de la Villa Schweppes, réservé – il faut l’avouer – à quelques petits privilégiés. Cédric Couvez, qui vient de sortir son premier EP sous le nom de Cat Cat, nous y attend pour un set des plus endiablés. Le Schweppes coule à flots, on plonge entre amis depuis le ponton, on danse, on rit… Qu’est-ce que la vie est belle à Calvi ! ET C’EST PAS FINI. Car dimanche soir, la star du Théâtre de Verdure n’était autre que Darkside. Oui oui oui, Nicolas Jaar et son compère Dave Harrington ! Pardon, je ne suis qu’hystérie à l’évocation de Nico, et loin d’être objective en vous disant que c’était fantastique et magique. Nicolas Jaar est tellement cool qu’on l’a même aperçu se trémousser sur le son de Para One pendant l’after à l’Annexe, un club situé à quelques rues du Théâtre de Verdure.
Nicolas Jaar est tellement cool qu’on l’a même aperçu se trémousser sur le son de Para One pendant l’after à l’Annexe
Là est la vraie force de Calvi. Le public – composé en majorité de Parisiens – est détendu et en vacances. Personne ne s’énerve, l’ambiance est à la cool, et les artistes se promènent comme bon leur semble. Que ce soit Nicolas Jaar à l’after de Para One, Christophe dans le carré pro du Théâtre de Verdure dimanche soir, ou encore Breakbot et Ted Zed à l’apéro-pétanque d’Alex Pan, les artistes profitent de Calvi comme de simples vacanciers. La musique s’empare de la ville, et les commerces vivent au rythme des festivaliers. Pour exemple, le bureau de tabac où l’on a acheté tous nos élastiques pour faire des bracelets loom (ne vous moquez pas) n’a pas fermé dimanche soir. “On reste ouvert tant que les clients ont besoin de nous” s’est simplement justifiée la commerçante suite à notre étonnement.
De l’électro aux chants corses
Si la programmation de Calvi on the Rocks est électro, c’est pourtant à l’écoute de chants corses que l’émotion fut la plus forte. En haut de la Citadelle, en ce lundi soir, une guitare à la main, un jeune homme perpétue la tradition, tandis que nous nous extasions devant le coucher de soleil et cette vue à couper le souffle. C’est ma dernière soirée, je n’ai pas envie de rentrer, et les averses se succèdent. On a peur de l’annulation des concerts du soir, mais le bon Dieu de la météo calme les troupes et nous laisse nous transcender sur le live le plus dingue du festival : Buraka Som Sistema ! Ambiance brésilienne, l’assistance est en folie et la chaleur s’empare de nos corps. Patatra, Breakbot prend place, et l’orage pointe le bout de son nez. Ce n’est pas grave, une bonne douche nous rafraichit, et de mémoire de festivalière, c’est la première fois que l’on semble ravis d’être détrempés. Breakbot enchaine ses titres et les remix, dont celui particulièrement réussi de “Love Letters” de Metronomy, quand sans crier gare, le Théâtre de Verdure sombre dans le noir. Coupure de courant générale, la déception nous gagne, la légende urbaine naît : le concert de Breakbot est interrompu. Il est 2h du matin et nous ne tenons plus en place, nous voulons danser, crier, chanter. Direction l’Eden, le bar où l’on prend la navette pour la Villa Schweppes la journée, et où la nuit de la très mauvaise musique est passée par des djs qui pensent que savoir scratcher font d’eux des artistes. Vous l’aurez compris, mes dernières heures à Calvi se seront achevées sur “Le lac du Connemara” de Michel Sardou. Et c’était magique.
Bisous Calvi, bisous la Villa Schweppes, vous avez été fantastiques.
<3
Pauline Perinet est journaliste – La Nouvelle Edition de Canal +