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La fille du vestiaire par Nine Antico

Nine Antico est la scénariste et dessinatrice de Tonight, une bande dessinée suivant six soirées de Pauline et ses copines, jeunes femmes parisiennes bien implantées dans leur époque. L’espace d’une soirée, l’héroïne tient d’ailleurs le vestiaire d’une boite de nuit où elle semble s’ennuyer à mourir. Expérience personn

Nine Antico est la scénariste et dessinatrice de Tonight, une bande dessinée suivant six soirées de Pauline et ses copines, jeunes femmes parisiennes bien implantées dans leur époque. L’espace d’une soirée, l’héroïne tient d’ailleurs le vestiaire d’une boite de nuit où elle semble s’ennuyer à mourir. Expérience personnelle ? C’est ce que nous a confié Nine Antico, qui évoque son expérience, il y a une dizaine d’années, derrière le comptoir, à veiller sur vos manteaux !

Nine Antico : Je préfère te prévenir, je n’ai pas que des bons souvenirs à partager…

Onvillanuit : (rires) Ça marche ! De quand date ta période “fille du vestiaire” ?

Nine Antico : C’était en 2001, j’avais 20-21 ans, je cherchais un endroit où je pouvais travailler de nuit et le Bus Palladium venait juste de rouvrir. J’ai dû faire cela pendant un hiver ou deux saisons, cela n’a pas duré longtemps, j’ai fini par craquer (rires).

Onvillanuit : Comment se déroulait ta soirée type ?

Nine Antico : Je venais tous les vendredis et les samedis si je me souviens bien. J’arrivais vers 23 heures, m’installais près de la porte, à côté du videur, et j’attendais jusqu’à cinq heures… Je rentrais ensuite chez moi, et, comme je raconte dans la bande-dessinée, j’allais m’acheter un pain au chocolat. Cela me permettait de partir me coucher en ayant l’impression d’avoir été une guerrière, ou un mineur qui revoit le jour après être descendu profondément dans sa carrière…

Onvillanuit : Etais-tu heureuse de travailler là-bas ?

Nine Antico : Je ne comprenais pas vraiment pourquoi les gens venaient, j’avais envie de leur dire “Allez-vous en, filez dans des soirées potables !” Leur musique n’était pas du tout mon genre : pour être franche, je ne me rappelle pas avoir eu l’envie de bouger ne serait-ce qu’une épaule. Je ne travaillais pas pour un endroit qui me faisait vraiment rêver, comme ça aurait pu l’être au Rex Club. Et puis, rester au vestiaire, c’est assez ingrat comme métier, tu es confinée dans un petit espace avec des affaires que tu as peur de perdre ou de donner à la mauvaise personne…

Onvillanuit : Ce n’était pas énervant, les gens qui perdent leur ticket ?

Nine Antico : Ça c’était bien ! Cela te permettait de partir dans une sorte de chasse au trésor. Quand tu le retrouvais, tu faisais un heureux, et ça pouvait te faire le rebondissement de la soirée…

Onvillanuit : Il y avait bien des trucs chouettes ?

Nine Antico : Le plus chouette, c’était de parler avec les gens : il y en avait toujours des sympas ! Et puis c’était drôle de voir leur évolution au fil de la soirée. En anecdote, je me souviens m’être énervée contre quelques clientes qui se permettaient de me parler très mal. J’ai le souvenir d’avoir soulevé une fois ou deux le clapet du comptoir et d’avoir courru après une fille qui m’avait vraiment énervée…

Onvillanuit : Est-ce que tu considères cela comme une bonne expérience ?

Nine Antico : J’ai toujours aimé avoir des petits jobs. Ta force, c’est te dire que tu n’es là que de passage. Après, tu croises des gens qui font vraiment cela tout le temps, qui sont contents d’être là, et c’est vraiment une autre dimension.

Onvillanuit : Un souvenir à partager ?

Nine Antico : A l’époque, il y avait un jeune garçon de 20 ans avec les cheveux longs, on aurait dit un personnage du début du XXème siècle. Il programmait des soirées, et il faisait ça de manière très pro, un peu comme Michael Vendetta, mais en moins insupportable. C’était assez drôle de voir son stress. Après, j’aurais aimé en avoir d’autres à te raconter, mais même pour ma bande dessinée, j’ai eu du mal à en retrouver…

Propos recueillis par Marine Normand
Tonight aux éditions Glénat
www.glenat.com

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