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L’expo intrigante du mois est : Daniel Johnston à l’Arts Factory

Deux ans après la rétrospective que lui consacrait le Lieu Unique à Nantes, toute l’oeuvre graphique de l’idole de Kurt Cobain et Tom Waits, Daniel Johnston, est exposée à Paris.

Parmi tous les doux dingues que comptent la folk, et par extension la pop, Daniel Johnston constitue toujours un des plus séminaux. Individu lunaire, recalé à l’entrée de l’âge adulte, condamné à vivre reclu dans ses tourments, Johnston est par excellence l’artiste trouvant sa muse au fond d’une boite de Xanax.

Célébré comme le père de l’anti-folk et du lo-fi, Johnston, lui, s”en fout passablement. C’est simplement un type qui aime les Beatles, la guitare ou les super héros et dont l’inspiration comme la technique furent ravagés par la névrose et les différentes drogues curatives. Légales ou non. Déterminé à refourguer sa musique quoi qu’il en coûte, il consignait, à ses débuts, ses titres sur cassette (d’où l’esthétique lo-fi) jusqu’à ce que Kurt Cobain ne l’accompagne vers les studios et une certaine notoriété. Les dites cassettes étaient accompagnées de visuels que Johnston réalisait lui-même, animées par la même urgence et le même dénuement que sa musique, constituant la base de son art graphique. Voici ce qui est proposé à l’exposition ce mois-ci.

La galerie Arts Factory propose un ensemble inédit composé de plus de 200 pièces – dessins originaux, carnets de croquis, archives, fan mail, documentaires – reprenant les grands thèmes de Johnston, notamment la lutte entre le bien et le mal, incarné d’un côté par ses héros des comics favoris (Captain America, Hulk, Casper le fantôme …) luttant sans pitié contre des forces du Mal qui personnifient le mal (la solitude, l’isolement, le rejet, l’incompréhension…) dont il est la proie. Un travail symbolique de toute la naïveté d’un homme coincé à l’âge adolescent, et du malaise d’un adolescent coincé dans un corps d’homme, entre sacralisation tendre de la pop culture et témoignage sourd et névrosée de l’american way of life.

Si Daniel Johnston a connu un passage en école d’art et s’avère doué d’une certaine maitrise du piano, en musique comme dans son artwork, Johnston reste considéré comme un parangon d’art brut (les productions de personnes exemptes de culture ou technique artistique) et naïf. Il vit et travaille aujourd’hui au Texas et ses productions sont vigoureusement soutenues par Sonic Youth, Larry Clark, David Bowie ou encore Matt Groening.

 

Daniel Johnston chez Arts Factory
du 23 avril au 7 juin 2014
27 rue de Charonne 75011 Paris