C’est certainement l’album le plus attendu en Angleterre depuis un très long moment… Pour l’occasion, le rappeur britannique s’est entouré des plus grands.
Quand Skepta annonce un projet, il est toujours reçu avec beaucoup d’enthousiasme. La dernière fois que le monde a eu droit a un projet de sa part, c’était lors d’une opération avec Tim Westwood, en l’occurence une mixtape d’une heure regroupant tous les classiques du emcee londonien. Mais là, il s’agit bel et bien d’un nouvel album avec sa propre construction et sa propre logique.
On reprochait à Skepta de ne pas avoir assez d’inédits pour ce projet. Ou plutôt, on reprochait à ce dernier de ne pas avoir sorti son album plus tôt : “Shutdown” est un hit depuis l’année dernière, “It Ain’t Safe” est encore plus vieux et seule la sortie de “Ladies Hit Squad” laissait présager l’arrivée prochaine d’un projet en bonne et due forme. C’est dire : le rappeur s’est mis une très grosse pression sur les épaules en annonçant la date de sortie de ce projet près d’un an à l’avance. C’était il y a seulement trois semaines qu’on a eu confirmation de l’arrivé de ce bijou, via Instagram.
Konnichiwa : l’un des joyaux de sa couronne
Bijou, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit. Le rappeur a passé énormément de temps à travailler sa musique et ça se ressent. C’est d’ailleurs très certainement l’une des raisons pour lesquelles toutes ces “vieilles chansons” figurent toujours sur le tracklisting final. Ces chansons ont une durée de vie, certes, mais elles ont également eu un rôle important dans la gestation du projet. L’artiste de Tottenham a décidé de privilégier la seconde ce qui donne à l’album un aspect intemporel. Il s’agit ici plus d’un tableau de maitre que d’une photographie instantanée…
Et, c’est bien connu, c’est dans les environnements les plus sales que l’on fait les meilleures découvertes. Le genre du grime porte ainsi bien son nom et ses visages les plus respectés figurent eux aussi sur l’album. Des morceaux comme “Lyrics” (avec The Novelist, déjà présent sur Aa de Baauer) “Corn On The Curb” sont subtilement sombres et deviendront des classiques du genre. Skepta met également en abyme le genre de façon très élégante ; il rend par exemple hommage à sa façon à Dizzee Rascal (deux références en un seul vers !) sur sa collaboration avec The Novelist : “Tell a pussyhole look sharp, fix up”.
À la conquête du Nouveau Continent
Là où Skepta rayonne très certainement, c’est aux Etats-Unis. Il est depuis quelques mois la nouvelle coqueluche du rap américain et le nouveau continent est réciproquement devenu son nouvel Eldorado (les présences de Pharrell, A$AP Nast et Drake en témoignent).
On le savait déjà, Drake est fan du grimer et fait désormais partie du crew du londonien, mais le secret de sa collaboration avec Pharrell Williams avait, lui, été très bien gardé. C’est sur “Numbers” que les deux ont joint leurs forces et le résultat est des plus satisfaisants : on retrouve le Skateboard P des Neptunes pour une production spasmodique qui convient parfaitement à l’élégante rapidité derrière le micro de Skepta. La très bonne surprise de Konnichiwa.
Bien évidemment, il est encore très tôt pour avoir un quelconque indice sur le succès de cet album autre part qu’en Angleterre mais, si vous voulez notre avis, précipitez-vous sur cet opus si vous avez envie de trancher avec tout ce qui se fait en France et aux Etats-Unis dans le très large royaume du hip-hop… Konnichiwa est un projet cohérent qui, à l’inverse de certains autres projets grime, saura vieillir sans prendre la moindre ride.
SkeptaKonnichiwaDisponible depuis le 6 mai 2016Boy Better Know – Universal Island