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Julien Doré : “Je voulais une rupture sur laquelle on pouvait danser”

Julien Doré revient cet automne avec un album empreint de poésie et d’amour, Løve. A l’occasion de son statut de rédacteur de chef sur le site de la Villa Schweppes, il nous parle autour d’un verre de cet opus intense.

La Villa Schweppes : C’est une orthographe insolite de Løve que vous nous proposez…

Julien Doré : Ce mot danois, Løve, avec le o barré, a été une peau pour cet album. Le mot ‘amour’ flanqué d’une barre, je trouvais ça extrêmement beau. Quand j’ai appris qu’il signifiait ‘lion’, je me suis dit que c’était dingue. Ça pouvait être le nom de mon album, comme celui d’un tatouage…

Quelle est la philosophie de cet opus ?

JD : Il n’y a pas de philosophie. Tout est instinctif dans ma musique. Quand on me demande d’y trouver du sens, je peux trouver des liens que je n’avais pas aperçus dans un premier temps, mais ce n’est pas réfléchi. Ce qui est certain néanmoins, c’est que c’est un album d’amour.

C’est un album très triste : pensez-vous qu’on crée mieux quand on est malheureux ?

JD : Il y avait un fil conducteur dans l’écriture de ces chansons qui était évidemment le ressenti. Tout acte créatif est un acte qui traverse les artistes, et qu’ils sont capables de mettre en forme. Je ne crois pas au mythe de “l’artiste triste”. Quand nous étions en studio avec les musiciens, on était plutôt contents d’y être, de se réunir pour faire un beau disque. Mais il est vrai que les textes sont mélancoliques. La majorité n’est pas vraiment triste… le but était d’écrire quelque chose d’intense. Je ne vois pas la création autrement.

Vous avez écrit la quasi-totalité des textes de Løve : n’était-ce pas possible de confier la tâche à quelqu’un d’autre ?

JD : J’avais vraiment envie de poser mes mots, d’être l’auteur de ce que j’allais interpréter : cette idée devient de plus en plus importante pour moi. J’avais besoin et envie d’écrire. Tout le processus s’est déroulé dans une période assez courte, entre décembre et mai, je n’avais pas eu le temps auparavant. En tournée pendant un an et demi, je n’ai pas écrit une seule chanson, pas une ligne de texte. On se dit à la fin de la tournée qu’on veut réecrire, mais rien ne vient forcément… Là, il était temps.

Vous semblez délaisser l’acoustique pour l’électronique, pourquoi ?

JD : Je voulais un album sur lequel on puisse danser. L’idée de décalage entre les mots mélancoliques, un peu sombres, et la mélodie dansante, me plaisait beaucoup. Le contraste me paraît plus intéressant. Je voulais que ce disque évoque une rupture sur laquelle on puisse danser, un peu comme avait pu le faire Joy Division dans les années 80 et la possibilité de “danser sur la mort”.

Pourquoi ce lion en couverture ?

JD : On allait sûrement me parler du fait que je passais du “bichon” au lion. Evidemment, il y a un animal, mais le sujet est plus la part d’animalité. L’instinct, le brut, le physique, c’est ce qu’il y a en chacun de nous. Je trouvais cela hyper fort. Avec ce que je dis sur cet album, je n’avais pas envie d’être au premier plan. Il fallait qu’on oublie ma présence pour qu’on se consacre aux mots que j’avais trouvé et à ma façon de chanter, presque comme un album concept. Ce lion, qui est un cliché du National Geographic, avec son profil qui regarde le titre, mais qui regarde aussi sa propre forme dans une autre langue, me plaisait beaucoup. L’image, finalement, c’est le premier contact avec la musique.

Il y a aussi un hommage à Michel Platini dans cet album…

JD : C’est une chanson que j’ai écrite il y a trois ans. Quand on a commencé à bosser sur l’album en studio, je savais que si on la produisait dans le même esprit que les autres, elle trouverait sa place. Elle sert de transition à la partie plus triste de l’opus, qui se trouve à la fin du disque. C’est l’interlude. Je l’aime tellement ! Je voulais écrire une chanson d’amour sur un mythe. Et puis, être accompagné de cette chorale d’enfants, c’était vraiment top. On était enfermés entre gars, et ce jour-là, il faisait beau, on a vu une troupe d’enfants nous envahir avec leurs petits casques audio pour chanter… C’était parfait.

Quel est le meilleur endroit pour écouter l’album ?

JD : C’est dans une voiture. Beaucoup de gens dernièrement me disaient qu’ils avaient entendu “Paris Seychelles” à la radio, et je n’étais pas encore tombé dessus. Cela m’est enfin arrivé il y a quelques jours. Quand j’ai terminé le mix, je prends toujours la forme la plus compressée de son, le MP3, et je l’écoute dans des endroits différents : ma chaine hifi, sur mon autoradio… Cela me permet de voir si le morceau garde ou pas toute sa puissance.

Brigitte et Micky Green collaborent sur Løve : comment les avez vous rencontrées?

JD : On avait fait beaucoup de festivals d’été avec Brigitte. On regardait nos spectacles respectifs, et on a fini par sympathiser. Elles sont super. Quand j’ai écrit “Habemus Papaye”, j’avais vraiment envie que ma voix basse soit enveloppée de leurs harmonies.

Avec Micky, on s’est croisés des tonnes de fois en studio, mais on n’avait jamais travaillé ensemble. Quand j’ai composé “Chou Wasabi”, il y avait rapidement cette idée de duo, et je me suis dit que cela s’allierait parfaitement avec sa façon de chanter. Elle a donc écrit un couplet que j’adore, qui m’a permis de voir la chanson différemment. Ce sont deux collaborations dont je suis très content.

Du 28 octobre au 3 novembre, Julien Doré est notre rédacteur en chef invité : retrouvez tous les articles !

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