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Jain : “Quand un 1er album marche, c’est compliqué d’en sortir un derrière”

La jeune et talentueuse Jain est de retour avec un nouvel album baptisé Souldier (un jeu de mot entre “Soul” et “Soldier”) et montre une nouvelle façette artistique : de nouvelles influences, des thématiques plus mûres, une nouvelle tenue de scène. Bref, une nouvelle Jain que nous avons pu rencontrer au détour d’une interview.

Villa Schweppes : Comment ça va ?

Jain : Ça va ! C’est la rentrée des classes. On reprend doucement le rythme des promos mais c’est très cool, je suis contente.

Villa Schweppes : Comment tu te sens après avoir fait naître ce second bébé, Souldier ?

Jain : Bien. Mieux (rires). C’était un peu frustrant de faire beaucoup de dates cet été sans que l’album ne soit sorti. Les gens ne connaissaient pas les morceaux mais, là, voilà, il est paru et les premiers retours sont plutôt positifs, alors je suis ravie.

Villa Schweppes : Ton premier album a cartonné. Est-ce que tu as eu une pression particulière concernant le nouveau, que ce soit venant de toi ou bien de ton label ?

Jain : Mon label a été plutôt cool. Et puis je n’ai pas arrêté d’écrire donc il n’y avait pas de raison qu’ils me mettent la pression. En revanche, je m’en suis mise, moi. C’est vrai que quand un album marche, surtout un premier, c’est toujours un peu compliqué d’en sortir un derrière. J’ai essayé de me détacher de ça le plus possible pour faire mes sons, sans trop penser au succès qu’ils pourraient avoir.

Villa Schweppes : On t’a beaucoup demandé un “Makeba 2.0” ou un “Come 2.0” ?

Jain : En effet. Mais moi je savais qu’il n’y aurait pas de prochain “Makeba”. Je n’ai pas envie de refaire la même chose en moins bien. Je voulais aller ailleurs, vers d’autres influences.

Villa Schweppes : C’est vrai que, sur ce nouvel album, il n’y a pas de titres qui font “tubes”.

Jain : Oui, ce n’était pas du tout mon ambition. Je voulais raconter une histoire et faire une suite en testant des choses. Je voulais rapper, faire du hip-hop, le mélanger à des choses orientales. Je voulais que ça forme un tout et pas qu’il y ait certains morceaux qui sortent du lot.

Villa Schweppes : Tu t’es sentie plus libre d’oser de nouvelles choses pour Souldier ?

Jain : Dans le premier album, il y a des chansons que j’avais écrite à 16 ans, comme “Come”. Et j’ai sorti l’album à 23 ans donc il y avait des morceaux qui étaient hyper éloignés de ce que j’écoutais à l’époque. Pour le second, j’ai eu envie de le sortir rapidement pour qu’il me ressemble le plus possible.

Villa Schweppes : Il y a de nouvelles influences sur ce second album, qui viennent d’autres horizons que le premier.

Jain : Je n’ai pas voulu rester dans la rumba congolaise mélangée à de l’électro. J’ai voulu partir dans d’autres pays.

Villa Schweppes : Justement, tu as vécu dans plein de pays différents. C’est de ces destinations dont tu parles ?

Jain : J’ai vécu pendant 3 ans à Dubaï et 1 an à Abou Dabi et, là-bas, il y a une grosse communauté indienne. Alors quand tu prends le bus ou le taxi, tu peux entendre des chansons “bollywoodiennes”. Ce côté kitsch m’a beaucoup marqué et influencé donc j’avais envie de le mettre en avant dans ce disque. Il y a un côté bling bling dans mon nouvel album que j’aime bien.

Villa Schweppes : L’autre signe de changement, c’est ta tenue vestimentaire. Tu as troqué ta robe col Claudine contre un bleu de travail…

Jain : Je voulais créer une évolution entre le premier et le deuxième. Le premier s’appelait “Zanaka”, qui signifie dire “enfant” en malgache, ce qui matche bien avec le petit col Claudine. Pour le second, je voulais incarner une “souldier” en bleu de travail, plus travailleuse. Ça représente un côté fun et à la fois très sérieux.

Villa Schweppes : Tu utilises ta pop pour traiter de sujets un peu plus murs, parfois même plus grave.

Jain : J’ai maintenant 26 ans. On a passé trois années plutôt compliquées, notamment à Paris. Il y a des choses qui m’ont beaucoup marqué : la fusillade à Orlando, la starification de la société…

Villa Schweppes : Justement, à ce propos, comment tu vis ton succès ?

Jain : Ça va. Je n’ai pas l’impression d’être une star ou d’être célèbre. J’ai tellement été cachée derrière une image que, quand je marche dans la rue, j’ai presque la même vie qu’avant. Quand les gens me reconnaissent, c’est toujours très cool, ils ne viennent pas vers moi avec un portable pour prendre un selfie. Généralement, ils me serrent la main et ils me demandent si je passe une bonne journée.

Villa Schweppes : Sur scène, tu as une machine bien particulière à ton bras. Tu peux nous en parler ?

Jain : J’avais commencé toute la tournée précédente toute seule et j’étais un peu bloquée par ma machine. Je faisais sans cesses des allers-retours. Du coup, là, j’ai un bracelet électronique qui me permet d’envoyer les différents sons de n’importe où. Ça marche en Wi-Fi.

Villa Schweppes : Personne n’a utilisé ça avant toi ?

Jain : On a fait appel à l’équipe qui a fait les machines de Cassius et Justice. C’est un objet unique et ils ont carrément déposé le brevet.

Villa Schweppes : Pourquoi ce choix d’être absolument seule sur scène ?

Jain : J’ai toujours été très solitaire dans ma musique. Quand j’ai commencé dans les bars à Paris, j’étais seule en guitare-voix. Au Congo, j’ai appris à faire de la musique seule. Du coup, sur scène, c’est beaucoup plus simple pour moi de bosser solo.

Villa Schweppes : Tu as été nommée aux Grammy Awards dans la catégorie meilleur clip ? Raconte-nous un peu cette expérience.

Jain : C’était un Disneyland de stars. Tu vois Beyoncé à un coin de la pièce, Rihanna de l’autre côté, Drake, Jay Z… C’était vraiment ouf et lunaire. On s’est retrouvé à l’afterparty de Diplo, on y a vu Sam Smith et Dua Lipa faire la fête.

Merci Jain !