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Izia et Lescop : l’interview croisée

Ce week-end, Izia est notre redactrice en chef invitée. À cette occasion, nous avons pu la rencontrer en compagnie de Lescop avec qui elle a travaillé sur son passage de l’anglais au français.

Villa Schweppes : Parlez-nous un peu de votre rencontre…

Lescop : On s’est rencontré grâce à Johnny Hostile qui a produit le disque d’Izia.

Izia : Ça s’est fait au moment où je voulais commencer à écrire en français, j’avais un peu du mal à me lancer. Nicolas Dufournet (l’autre producteur du disque, ndlr) a demandé à Matthieu (Lescop) de me débloquer. De mon côté, j’avais commencé à gribouiller pleins de choses, je lui ai montré, il a pris du temps un peu seul pour se concentrer et laisser l’inspiration venir à lui. Il a pris un peu mes mots, il en a rajouté, il a changé l’ordre, puis il m’a montré le texte et on s’est mis à travailler ensemble. Cela a débouché sur “Hey”. Il m’a aussi aidé à comment l’interpréter, à me débloquer et à désacraliser le français. Il y pas mal de petites techniques qui permettent d’avancer et de commencer à construire une chanson. C’est des choses en quoi je n’avais forcément pas confiance mais Matthieu était là pour me sentir plus à l’aise avec l’écriture.

Lescop : Souvent, on jette un sort au français en disant que c’est une langue avec un passé, une histoire. Alors qu’il faut, je pense, se détacher de ça. C’est la langue avec laquelle on pense, avec laquelle on s’exprime et donc une langue qui est censé être naturelle pour s’exprimer artistiquement. C’est de cette façon que j’ai essayé de lancer les choses. Moi je sais que j’adore bosser avec d’autres gens et pour d’autres gens. Je me vois mal écrire entièrement un texte et le faire chanter par un autre, je préfère que les mots proviennent de la personne qui va chanter la chanson.

C’était facile dès le début entre vous ?

Izia : Moi au début je ne l’aimais pas trop (rires). Parce que pendant un festival il ne m’avait pas dit bonjour ! Quand il est venu à la maison travailler, ç’a été facile très rapidement et on a beaucoup rigolé. Sous ses airs, Matthieu a beaucoup d’humour.

Lescop : Je pense que le fait de rigoler et s’amuser, ça fait partie du processus de démystification du français. Rire nous a permis de mieux nous concentrer pour écrire.

J’aime les mots qu’il utilise pour retranscrire des sensations, des odeurs, des choses que l’on entend

Vous vous connaissiez musicalement avant de vous rencontrer, y a-t-il quelque chose qui vous a attiré l’un vers l’autre ou au contraire vous a amené quelques réticences ?

Lescop : Je n’avais jamais écrit pour une chanteuse à voix. C’est ça qui m’a vraiment intéressé avec elle et surtout par le fait qu’elle passe de l’anglais au français. Comme beaucoup de gens, moi-même j’ai commencé à chanter en anglais, puis je me suis rendu compte que quand je chantais en français c’était encore plus fort. J’ai vraiment travaillé ça et je me suis dit qu’il y avait un truc à faire avec Izia.

Izia : En plus du texte, il m’a beaucoup aidé à placer ma voix en français. J’avais beaucoup de mal à poser les mots. Il me disait de les assumer, de les déclamer. Ça m’excitait de travailler avec Matthieu, j’adorais ses chansons, ses textes et son travail en général avant de le rencontrer. J’aime les mots qu’il utilise pour retranscrire des sensations, des odeurs, des choses que l’on entend. C’est un langage et une poésie qui nous plait beaucoup à tous les deux.

Lescop : Un bon texte c’est quand la personne qui le chante à l’image dans sa tête. C’est comme ça que cela doit fonctionner. C’est dans cette optique que nous avons travaillé : par la sensation et par l’image. Je lui disais souvent de s’imaginer l’image dans la tête et il est vrai que dès lors qu’elle le faisait, les phrases sonnaient beaucoup mieux.

Lescop, tu penses vouloir renouveler l’exercice avec une autre chanteuse ?

Lescop : Non je veux travailler qu’avec Izia (rires). Pourquoi pas, si il y a une vraie rencontre. Ça ne m’intéresse pas d’écrire pour des gens juste pour l’argent. Il faut qu’il y ait un échange, comprendre un peu la personne, essayer d’aller dans sa tête, qu’elle rentre dans la mienne.

Et toi, Izia ?

Izia : De mon côté je n’aurais pas la prétention de dire que je peux aider quelqu’un à écrire un texte. Mais apporter quelque chose à l’autre pourquoi pas !

La confiance que vous aviez l’un envers l’autre, qui est née de votre travail, a-t-elle permis de faire la suite de l’album ?

Izia : Complètement. Quand je suis ressorti des séances j’avais gagné en confiance. Que Nicolas me dise que l’on prenait la bonne direction, que Matthieu me dise que mes textes étaient bien. Que ces gens avec qui je travaille et en qui je fais pleinement confiance valident ce que je faisais c’était super pour moi.

Propos reccueillis par Léopold Lemarchand et Yann Guillou

Izia est la rédactrice en chef invitée de Villa Schweppes, du 1er au 3 mai.

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