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Interview : Rone revient avec “Creatures”, sa nouvelle bête

Erwan Castex est revenu le 9 février avec “Créatures”, son 3e album. Rencontre avec ce grand gamin, rédac’ chef invité du week-end, qui n’a pas fini de jouer avec ses machines.

Villa Schweppes : Avec Creatures, tu as plus que jamais réalisé un disque de musique électronique “non dansante”. C’est une notion importante pour toi de montrer que l’électro s’ouvre à d’autres choses ?

Rone : Y’a un peu de ça. C’est surtout qu’à ce moment là je n’avais pas envie de composer avec des pieds droits et un kick techno. Je voulais une structure un peu différente et d’autres tempos. J’ai voulu oublier le côté dancefloor et me sentir libre pour pouvoir faire un peu ce que je veux. Je me suis laissé guider par mes intuitions et il n’y a rien de stratégique, la musique m’est venue comme ça de façon naturelle.

Villa Schweppes : C’est dû à des styles ou des musiques que tu as pu écouter ces derniers temps ?

Avec Etienne Daho, j’avais envie de jouer sur les codes de la pop

Quand je suis dans la phase de production, je m’enferme dans ma bulle, je n’écoute plus de musique, je ne regarde plus de film et je ne lis plus de livre. Quand je produis, je suis seul à mes machines, complétement coupé du monde. Avant cette phase, il y a plein de musique que je découvre ou redécouvre et même des rencontres qui peuvent me nourrir pour ma production. Comme par exemple, Bryce Dessner que j’ai trouvé fascinant dans son ouverture d’esprit et pour ces différents projets musicaux. Je pense aussi à Sufjan Stevens que j’ai croisé et avec qui j’ai eu l’occasion de faire de la musique. Je me suis dit que c’était une bonne chose d’ouvrir ma musique à d’autres horizons et de travailler avec ce genre de personne.

Villa Schweppes : Justement, ces rencontres n’étaient-elles par un moyen de relancer ta création après un Tohu Bohu ?

Avec le recul je pense qu’il y a un cheminement, j’ai l’impression de suivre une route sans vraiment savoir où elle me mène. J’avais envie d’essayer de nouvelles choses. Peut-être qu’avec le 4ème album je retournerai à quelque chose de plus solitaire ou au contraire peut-être que j’expérimenterai encore plus la collaboration.



Villa Schweppes : C’est toi qui est allé vers eux ?

J’ai une démarche assez passive. J’adore le hasard. J’ai du mal à fermer la porte à un musicien qui me propose quelque chose. Par exemple Bryce Dessner, notre première rencontre était vraiment à la cool avec un verre à la main, puis il m’a contacté 6 mois après pour qu’on bosse ensemble. Pour le remix que j’ai fait d’Etienne Daho, c’est lui qui m’a fait la proposition et dans la foulée je lui ai proposé de participer à mon album. Je n’ai vraiment pas l’impression de faire des démarches pour trouver des collaborations, elles se font naturellement et c’est plutôt agréable. Ce sont des gens que je croise sur mon chemin.

Villa Schweppes : Le fait de t’ouvrir à une création partagée a changé ta façon de travailler?

C’est certain. Avec chacun des artistes avec qui j’ai travaillé j’ai l’impression d’avoir beaucoup appris et d’une manière différente à chaque fois. Ça m’enrichi et j’ai l’impression de bénéficier de leurs expériences.

Villa Schweppes : Comment s’est fait cette collaboration avec Etienne Daho ?

En travaillant avec Daho, j’avais bien conscience de bosser avec une icône de la pop Française. J’avais envie de jouer un peu avec les codes de la Pop en ne faisant pas forcément un morceau couplet-refrain-couplet-refrain, je voulais que sa voix arrive un peu par surprise à un moment où on ne s’y attend pas et que le morceau ait une structure un peu bizarre. C’était important pour moi que la musique soit un peu décalée par rapport à ce qu’on connait dans la Pop. Je pense que Daho s’est senti bien là-dedans parce qu’il n’y a jamais eu de blocage de son côté comme du mien et on avait un sentiment de liberté. Je lui avais envoyé une base sonore et il a sans problème posé sa voix dessus.

Villa Schweppes : Ce sont des paroles écrites spécialement pour cette musique ?

Il était là aussi très libre, je l’ai laissé faire ce qu’il voulait. Il m’a confié un jour que le texte était influencé par un film des années 70 qui s’appelle Deep End (film de Jerzy Skolimowski sorti en 1970, ndlr).

Villa Schweppes : Tu as donc travaillé avec Bryce Dessner du groupe The National, Etienne Daho et même François de François and The Atlas Moutain, était-ce pour définitivement inscrire ta musique dans un registre pop ?

L’aspect Pop pour moi est très casse-gueule. Exemple avec un artiste que j’aime beaucoup, Apparat, qui s’est égaré à un moment donné dans quelque chose de très Pop avec un groupe derrière lui. Ce n’est pas ce que je trouvais le plus intéressant chez lui. Je n’ai pas envie de me transformer en artiste Pop, je ne me retrouverais pas demain avec une guitare sur scène (rires, ndlr). J’aime bien l’idée qu’on mette difficilement une étiquette sur ma musique. J’ai encore plein de choses à expérimenter, je ne veux pas m’arrêter à un seul type de musique.

Villa Schweppes : Pour ce disque tu as fait appel à deux ingénieurs du son pour effectuer le sound design. Qu’est-ce que ça a changé dans ton processus créatif ?

C’est vrai que j’avais toujours tout fait tout seul auparavant, je faisais l’album de A à Z jusqu’au mixage. Je me suis rendu compte que le mixage était un art à part entière. Je crois que ce n’est pas mon truc. Ce qui m’intéresse c’est la composition, le travail de production et trouver des textures sonores. Je n’ai pas de problème avec l’idée de perdre un peu la main sur ma matière sonore du moment que je suis là pour superviser. Tout d’un coup je bénéficie de l’expérience d’un mec qui, si j’arrive à exprimer ce que je veux, va très rapidement trouver ce que je cherche.

Villa Schweppes : Tu as pratiquement tout sorti sur le label InFiné, quel type de rapport entretiens-tu avec eux ?

Je ne veux pas m’arrêter à un type de musique

Je me sens vraiment bien avec eux, c’était une évidence pour ce 3ème album. Je ne me pose pas trop de question car ça se passe bien. Evidemment, il a quelques accrochages, il y a des moments où on ne se comprend pas et où nous ne sommes pas d’accord. J’ai tout de même énormement de liberté chez eux. Ils ne m’imposent rien mais ils proposent beaucoup, c’est ce que j’aime. Ils ont une force pour provoquer les choses.

Villa Schweppes : Tu es clairement le fer de lance de cette maison. As-tu déjà eu des retours de fans qui, après avoir aimé Rone, on découvert d’autres artistes d’InFiné comme par exemple Arandel ou Cubenx ?

Oui, par exemple Almeeva, la dernière petite recrue, va faire ma première partie. C’est a chaque fois des petites choses mais je pense que ça s’arrête là. Le truc d’Infiné c’est que c’est un label très éclectique et je n’ai pas l’impression d’être dans une famille musicale mais simplement d’avoir une bande de pote avec qui je me retrouve souvent.

Villa Schweppes : Infiné organise chaque année un Workshop à Poitiers, est-ce que tu y participes ?

Depuis le début, j’ai dû rater une édition. Pour un artiste c’est un lieu formidable pour les rencontres. J’aime beaucoup car c’est un endroit où tu vas voir des choses qui peuvent être assez bancales car finalement préparées un peu dans l’urgence mais il peut y avoir des coups de magie. Il s’y passe quelque chose de spécial, c’est l’intérêt de cet endroit.

Villa Schweppes : Tu as joué pour la première fois ton nouveau live aux Transmusicales de Rennes. Quels ont été les premiers retours ? Comment toi tu as vécu ce moment ?

Apparemment ça s’est très bien passé puisqu’au bout de quelques jours j’avais des retours très cool. Moi je me suis souviens être sorti de scène un peu frustré. Ce n’est pas la date à laquelle j’ai pris le plus de plaisir car il y avait des petits problèmes techniques. Heureusement je peux compter sur le public breton qui est à chaque fois mortel et festif.



Villa Schweppes : On a vu que tu avais élaboré ton live visuel avec Miala, stucture connue pour mettre le paquet sur la scéno. Comment ça se passe pour organiser tout cet aspect du live ?

C’est comme travailler avec les ingés sons pour l’album. Ca passe par plein de discussions et notamment un échange d’images de références avec des extraits de films, des photos ou des peintures. L’idée est que je me sente à l’aise avec le décor qui m’accompagne. On a une résidence à la Cartonnerie de Reims où on a pu utiliser la salle pour tout tester.



Retrouvez Rone en Rédacteur en Chef invité tout le week-end

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