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Interview : Paul Kalkbrenner, et de 7 !

Si la techno berlinoise devait avoir un nom emblématique de ses succès dans le monde entier, c’est bien celui de Paul Kalkbrenner que l’on pourrait citer. Depuis plusieurs années, Paul K règne en maître avec une musique en constante évolution, un live toujours plus innovant et prenant. A l’occasion de sa venue à Paris et la sortie de son 7ème album, nous l’avons rencontré. Secouant !

Villa Schweppes : Bonjour Paul, à peine arrivé à Paris, tu joues demain. Quoi de prévu ce soir ?

Paul Kalkbrenner : Ce soir, je ne fais rien ! Je dors. Et aujourd’hui, j’ai toute une session d’interviews.

Le mois dernier, tu as joué à la Porte de Brandebourg, à Berlin, devant une foule impressionnante. Quelle sensation as-tu ressenti ?

Paul Kalkbrenner : C’était un honneur d’être appelé par le gouvernement Allemand et de pouvoir jouer à la porte de Brandebourg. Il y avait presque un demi million de gens, je n’en reviens toujours pas. J’ai même reçu une lettre du gouvernement après et ils m’ont remercié pour ma performance convaincante ! (Sourire). Tu sais, je viens de Berlin Est, j’ai grandi derrière le mur… J’avais ma famille, mes parents là qui me regardaient, un grand moment. C’était surtout une belle journée de célébration pour les 25 ans de la chute du Mur de Berlin, on a lancé des ballons… Et il y a eu quelques larmes à la fin de la soirée (Rires).

A quoi ressemble ta vie de tous les jours ?

Paul Kalkbrenner : Je lis beaucoup, je me repose pas mal et surtout, je suis papa depuis peu de temps d’une petite fille. J’ai toujours des tas de choses à faire à la maison. J’aime bien lire des histoires politiques, historiques, c’est bien éloigné de ce que je fais en musique tu me diras !

Que dire de Berlin et le fantasme que procure cette ville ?

Paul Kalkbrenner : Berlin, la ville de la fête ! J’ai compris que tout le monde voulait partir à Berlin pour s’amuser et surtout vivre ses nuits qui ne s’arrêtent jamais. Je crois même qu’il y a eu un pic de fêtes là-bas au moment du tournage de Berlin Calling, en 2007-2008. Tout le monde sait qu’il faut aller au Berghain, donc quelque part, ce n’est plus vraiment la même chose, il y a moins de surprises. Je sais que ma ville est véritablement en train de changer, j’ai grandi là-bas dans un quartier très prolétaire. Je vois bien qu’à Mitte, ils construisent beaucoup. C’est la vie ! Et c’est bien que les choses, la ville, évoluent !

Justement, à propos de ce film Berlin Calling où tu as le rôle principal et qui fut un énorme succès au cinéma. Quel souvenir en gardes-tu ?

Paul Kalkbrenner : Ça remonte maintenant ! On a tourné le film en 2007, 8 ans déjà ! C’était dur comme tournage, je ne suis pas comédien. Pendant deux mois et demi, on jouait non stop, on commençait vers 5h du matin. J’ai dû me discipliner au maximum, je n’étais pas habitué. Le matin tôt pour moi, c’est dur tu sais.

Quelles étaient les limites entre le personnage et l’artiste, l’homme ?

Paul Kalkbrenner : Plus le temps passe et plus je ne me vois pas du tout dans ce film. Par contre, lorsque j’ai tourné le film, c’était vraiment moi qui mixait, à 100 %. Après, tout le reste n’appartient qu’au passé ! Ça m’arrive de le voir passer à nouveau à la télévision allemande, et bon… Je n’arrive plus à parler quand je le vois, je suis ému.

Parlons de ce nouvel album, le numéro 7, comment l’as-tu travaillé ?

Paul Kalkbrenner : Je l’ai beaucoup travaillé, longtemps, c’est la grande différence avec les précédents. Et aussi, ce sont des morceaux que j’ai commencé à jouer depuis 2013, j’avais énormément de dates et donc pas forcément le temps de me poser pour travailler la musique en profondeur. Après, ma méthode de travail n’a pas changé d’un album à l’autre, j’essaie de trouver des choses qui me retiennent, qui me scotchent. Et puis pour ce septième opus, je savais qu’il allait arriver dans un an, quand j’ai commencé à y penser, j’avais les morceaux, je les voyais, les sentais la nuit quand je fermais mes yeux. J’espère qu’on le ressent à l’écoute.

Avec le temps, tu fais uniquement ce que tu sais faire de mieux.

D’où vient l’instrumental que l’on entend, les arrangements, comment tout s’est goupillé ?

Paul Kalkbrenner : Tout me vient vraiment de l’intérieur, il n’est même pas question d’inspiration. Je me suis focalisé sur ce que je connaissais le mieux, là où j’étais le meilleur. Et puis cela fait 30 ou 40 ans que je suis le même programme ! J’ai l’impression aussi qu’avec le temps, tu fais uniquement ce que tu sais faire de mieux.

Je crois savoir que tu travailles en solo, pourquoi ?

Paul Kalkbrenner : Oui ! Je ne peux pas avoir quelqu’un d’autre dans le studio à mes côtés. (Rires). Je peux avoir quelqu’un qui écoute la musique, mais pour continuer à jouer, il faut qu’il s’en aille ! Rien ne peut se passer si quelqu’un est là.

Paul Kalkbrenner, 7ème album.

Paul Kalkbrenner, 7ème album.

Le fait d’être un peu considéré comme un ‘boss’, d’avoir son propre label, est-ce que cela a une influence sur ta musique ?

Paul Kalkbrenner : Non pas du tout, la seule chose que ça change, c’est le nombre de responsabilités. Mais lorsque je compose, je ne pense surtout pas à ça.

C’est ton 7ème album, comment reste-t-on dans le game après autant de temps ?

Paul Kalkbrenner : Et ça ne cesse d’être remis en défi ! C’est lié à l’expérience je crois, et surtout au fait que j’y suis allé petit à petit, en faisant des efforts à chaque étape. Je me dis que je peux aujourd’hui faire une meilleure musique encore, puisque je le fais depuis de nombreuses années. Le secret, c’est de continuer année après année, de ne pas s’arrêter !

En live, c’est là où je me sens le plus à l’aise. Paul Kalkbrenner

Que ressens-tu après toutes ces années en jouant en live ?

Paul Kalkbrenner : C’est très différent en live, je réarrange mes morceaux, c’est là où je me sens le plus à l’aise et ce que j’ai toujours voulu faire ! Depuis le départ, j’ai su que je ne voulais pas seulement passer des disques, faire le DJ, j’avais envie d’autre chose. Mais aujourd’hui, je fais ce que j’aime.

Que penses-tu des artistes français d’influence électro ?

Paul Kalkbrenner : J’ai toujours apprécié la France et c’est quand même le pays qui me suit le plus après l’Allemagne ! J’ai joué dans de nombreux clubs ici, devant des milliers de personnes, depuis 10 ans au moins ! Côté musique, j’ai toujours eu l’impression que l’Allemagne était affiliée à la techno alors que la France avait un côté plus disco… Ce sont peut-être des clichés. Mais tout évolue partout !

C’est assez fou que ton frère et toi vous soyez tous les deux dans la musique, à un tel niveau. Comment ça se passe en famille ?

Paul Kalkbrenner : Très bien. On ne travaille jamais ensemble et lorsque l’on se voit, on ne parle jamais de musique ! C’est notre règle. On parle des hôtels, des lieux, des clubs mais jamais de notre musique. Disons qu’il y a eu une coupure après le film Berlin Calling. Avant le tournage, on était jeunes, on s’en parlait, on se conseillait… Mais depuis, je décide seul de ce qui est bien ou moins bien. Peu importe ce que l’on pense de ce que je fais ! Et puis j’écoute ce que fait Fritz à chaque fois que je suis en voiture, ça passe à la radio ! Je vais parfois à ses concerts lorsqu’il est à Berlin aussi.

À propos de la trilogie musicale et filmique ‘Florian’, comment ça s’est passé ?

Paul Kalkbrenner : Je n’étais pas là pendant le tournage mais j’étais ravi de cette mise en forme autour de ce jeune Kalkbrenner fan un peu fou… Son but n’étant que de partager sa musique, aux États-Unis. C’est dur aussi, de montrer ces images aux USA, de développer ces films autre part qu’en Allemagne. Pour moi, ce jeune homme, c’est le stéréotype du gars fan de techno, européen. Je me souviens du casting sur photos pour choisir ce jeune homme, quand on l’a vu, on s’est dit que c’était lui.

On parle des États-Unis, comment te sens-tu là-bas ?

Paul Kalkbrenner : Terriblement bien ! Je respire la liberté aux États-Unis, j’adore.

Quels sont tes projets ?

Paul Kalkbrenner : Après un dernier remix, je pense que je ne vais pas mettre les pieds en studio avant un an au moins ! (Rires). On vient de sortir l’album donc le prochain sera sans doute dans 3 ans… On a le temps de profiter, de jouer et de voyager. C’est toujours bon aussi de prendre un peu de recul, pendant un an, comme ça une fois de nouveau en studio, je suis vraiment heureux.

PROCHAINES DATES FRANCAISES
2 Août – Platja Festival – Argelès sur Mer
21 Août – Positiv Festival – Marseille

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