Le groupe australien Parcels est passé à Paris la semaine dernière pour un concert au Point Ephémère. Nous en avons profité pour leur poser quelques questions.
Parcels, ce sont cinq jeunes musiciens australiens aujourd’hui installés à Berlin. Après avoir sorti leur dernier EP Hideout fin janvier, les voilà repartis sur la route pour des concerts en solo, mais aussi pour assurer la première partie de Two Doors Cinema Club. Nous avons rencontré Anatole Serret et Noah Hill, respectivement batteur et bassiste du groupe.
Villa Schweppes : Parcels est votre premier projet incluant de la musique électronique. Quel est votre processus d’écriture ?
Noah : Au début, on composait avec nos ordinateurs. L’un d’entre nous écrivait le titre, l’apportait au groupe et on finissait la chanson ensemble. Maintenant, on écrit plus avec tout le groupe quand on joue ensemble. C’est donc un peu moins électronique.
Anatole : C’est amusant parce que, quand on a commencé le projet, c’était la première fois qu’on composait sur un ordinateur. Et maintenant, après environ deux ans, on revient en arrière. Ça va rester électronique, mais on revient vers des méthodes d’écriture plus anciennes.
C’est une sorte de mélange entre de la musique électro d’aujourd’hui, et des enregistrements disco des années 70 et 80
Pourquoi ?
A : Parce que même si on fait de la musique électronique, on adore jouer. Jouer en live a toujours été la partie la plus importante du projet.
Tout est très harmonisé dans votre musique. Est-ce que la mélodie est la chose la plus importante quand vous écrivez ?
A : Ça dépend, ça change en fonction des chansons. Parfois on commence avec la mélodie et, à partir de ça, on pense à ce qui irait avec. D’autres fois, on a un groove ou une rythmique et la mélodie vient ensuite. Je pense que c’est important de changer la façon dont tu écris.
N : Lorsque tu restes fixé sur une méthode, la musique risque de s’immobiliser aussi.
À quel point êtes-vous impliqué dans la production ?
A : Certains d’entre nous ont été très impliqué ces dernières années et nous apprenons petit à petit combien le mixage est important. Je suis un batteur. Je n’étais donc pas du tout porté sur le mix mais, maintenant, j’apprends. Par exemple, parfois tu as un son qui ne groove pas et puis, quand tu l’écoutes après le mix, tu te dis : “Ok, ça y est !“
N : On produit nous-mêmes tout ce qu’on fait depuis le début. On a produit notre EP, ensuite, on l’a fait mixé mais on a travaillé avec le mixeur pour avoir exactement ce qu’on voulait, et ça a été fait de façon très pro. Le mastering a ensuite été fait par quelqu’un d’autre. On produit donc les sons qu’on fait, puis on développe avec d’autres professionnels pour finir le tout.
Vous venez de styles de musiques différentes, quelles sont vos influences aujourd’hui ?
A : Tout !
N : On trouve de nouvelles influences environ tous les quinze jours. Aujourd’hui, quand j’écoute de la musique, je pense tout le temps à ce que je pourrais faire. Avant ça, on a surtout été influencé par le folk qui nous a aidé pour les harmonies et les choeurs. Petit à petit, on est arrivés aux années 60, 70, 80, et puis l’électronique.
A : C’est une sorte de mélange entre des productions de musique électro d’aujourd’hui et des enregistrements disco des années 70 et 80.
Par exemple ?
N : C’est assez bizarre de nommer des groupes parce que, par exemple, le groupe Steely Dan nous a tous beaucoup influencé, mais je ne comparerais pas notre son au leur.
A : C’est un truc qui se passe inconsciemment, mais ce n’est pas comme si on sonnait comme eux. Il y aussi d’autres groupes…
N : Les Bee Gees, Chic…
A : Des classiques de disco. Et aujourd’hui, pas mal de producteurs électro…
N : Quelques disques de Mickael Jackson aussi…
A : Je pense qu’on a été influencé par l’écriture de certains groupes et par le son d’autres : quand tu écoutes et que tu te dis “Je veux ce son ! Comment est-ce qu’il a enregistré ça ?”
Ce qu’on aime faire en studio, c’est tenter de recréer l’énergie qu’on a en live.
Est ce que vous préférez la scène ou le studio ?
A : Les deux, même si c’est vraiment différent.
N : En concert, il y a plus d’énergie. Mais en studio, on peut chercher la perfection. C’est de la création et quand tu es satisfait de ce que tu as produit, c’est génial.
A : Ce qu’on aime faire en studio, c’est tenter de recréer l’énergie qu’on a en live.
N : C’est vraiment ce qu’on recherche : faire nos prochains enregistrements avec beaucoup plus d’énergie, quelque chose qui ressemble au set live, avec un truc qui groove.
Pourquoi avoir choisi de quitter l’Australie et de venir vivre à Berlin ?
A : Je pense qu’on voulait tous venir vivre en Europe pour changer d’air. Et puis parce que même si la scène musicale en Australie est florissante, elle est aussi assez limitée, je pense.
C’était un challenge de venir ici ?
A : Non, c’était plus facile !
N : Tous les pays sont si proches…
A : On a l’impression qu’il y a plus d’opportunités. Et Berlin, c’est très hype en Australie. On vit là-bas depuis deux ans maintenant et on adore.
Vous vivez tous dans une grande maison ?
N : Non, on a commencé comme ça, mais on a fini par trouver chacun notre propre appart.
A : On se voit tous les jours quand même. Mais c’est mieux de s’endormir tout seul. (rires)
Qu’est-ce que vous aimez en Europe ?
N : Les croissants ! (rires)
A : J’aime la culture, le fait que tu puisses voir beaucoup plus de choses dans un petit lieu. Alors qu’en Australie, tu peux rouler pendant deux jours et ce sera toujours pareil.
Ici, les Australiens ont une image de gens super “cool”…
N : Les Australiens ont sûrement un truc, une sorte de positivité, d’énergie…
A : Et c’est un très beau pays. Il y a une sorte d’insouciance chez les Australiens. Je pense que c’est aussi lié au fait que nous n’ayons pas une longue histoire culturelle. On est là que depuis quelques centaines d’années. Donc j’ai l’impression… qu’on ne sait pas vraiment comment se comporter ! Ce n’est pas comme si on pouvait regarder nos ancêtres et prendre exemple. Il n’y a pas une façon de faire les choses, donc on fait comme on le sent !
N : Les Australiens font leur propre culture.
Vous rentrez tout juste d’une tournée en Australie et il paraît que les concerts étaient sold out ?
N : Oui c’était super parce que, quand on a quitté l’Australie, personne ne nous connaissait vraiment. Là, on est rentrés et les gens nous regardaient d’une façon différente. C’était cool de se lever le matin et d’entendre : “Vous avez réussi !“. En fait, ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé mais c’est juste la façon dont ta famille te vois. C’était drôle !
C’est un challenge de faire danser les Parisiens
Est-ce que vous rentrerez en Australie ?
N : Oui ! Mais j’adore Berlin et je pense que je pourrais y vivre encore quelques années…
A : Il fait très froid là-bas, en hiver. Quand on a grandi, il n’y avait pas d’hiver, c’était l’été toute l’année. Donc si on peut s’échapper du froid en décembre et janvier et revenir à 40°C sur la plage pour faire quelques concerts, ça serait une année parfaite.
Vous sentez des différences entre le public ici, en Europe, et en Australie ?
A : Oui ! En Australie, le public est plutôt vif et intense. Ils crient et, encore une fois, les gens ne savent pas vraiment comment se comporter…
N : J’ai l’impression qu’en Europe, les gens peuvent se contenir, se maîtriser, alors qu’en Australie c’est plutôt le chaos… Mais c’est super fun aussi !
A : Parfois, quand on joue à Paris, c’est un challenge de faire danser les Parisiens. Vous êtes si froids… En Australie, tout le monde se dit : “Je fais ce que je veux“. Pas à Paris… Alors quand tu arrives à faire bouger les Parisiens, c’est vraiment gratifiant !

Parcels – photo 5
Vous avez rencontré Phoenix aux InRocks festival. Est-ce que vous connaissez d’autres groupes français ?
A : On écoute pas mal de musique française en ce moment. Elle nous inspire.
Je crois que aimez Sébastien Tellier ?
A : On l’adore ! On aime ce genre de trucs !
N : Bon Voyage Organisation, L’impératrice, Papooz…
A : On a fait quelques concerts avec eux, ce sont des mecs super sympa. En ce moment, il y a beaucoup de super musiques pop qui sortent en France. C’est bizarre parce qu’à Berlin, il y a aussi pas mal de bonne musique, mais pas énormément de pop ou de pop alternative. C’est plutôt une énorme scène électro. Mais c’est super de rencontrer des gens qui font les mêmes choses que nous et je pense qu’on en a trouvé beaucoup en France.
On a une question un peu spéciale… On a vu sur internet que la Cantina Scene, issue de la bande originale de Star Wars, est le titre le plus joué quand les Australiens font l’amour… Est-ce que vous savez pourquoi ?
N : Ah oui ? (rires) Ce n’est pas un titre que je choisirais… Un peu rapide…
Ce n’est pas très romantique…
A : Mais ça peut être excitant ! (Il claque des doigts en chantant) c’est un peu malin. Peut-être pour avant !
N : Oui avant, avec du vin, mais bon après… Je ne vais pas écouter ça.
A : Je pense que je pourrais mettre ça pour quelqu’un que je vois au bar et à qui je voudrais parler. C’est drôle ! Ah, les Australiens… On n’est pas très doués pour ces choses… (rires)
Enfin, quels sont vos projets pour le futur ?
N : Cette année, on a pas mal de concerts, on est très occupés entre les concerts et les enregistrements…
Vous avez un album en préparation ?
A : Qui sait ?
N : Je pense qu’on veut simplement continuer de créer et de faire des concerts.
Propos recueillis par Léopold Lemarchand et Cécile Lienhard