C’est dans les années 90 et au Queen que Nick V et Fred Pellegrino, deux passionnés de musique et de danse, se sont rencontrés. Plus de 20 ans plus tard, les voici à la tête de Mona, un collectif qui organise des Dance Contest et des fêtes housy. Rencontre avec ces derniers avant leur prochaine sauterie samedi 28 mai à La Bellevilloise.
La Villa Schweppes : Bonjour ! Déjà commençons par le début. Mona c’est qui et c’est quoi ?
Collectif Mona : Au départ, il s’agit d’un collectif de fêtards qui se sont à peu près tous rencontrés au Queen des années 1990 et que Nick V a réunis en 2008 pour offrir une soirée house alternative face au ras de marée électro clash qui dominait alors le clubbing parisien. L’équipe s’est réduite au fil des années. Aujourd’hui, c’est bien sûr Nick V, DJ résident, qui incarne Mona. Nick a commencé à travailler au booking du Queen durant les années 90, à la grande époque où jouaient Masters at Work, David Morales, Danny Tenaglia et tous les grands noms de la house. C’est à cette époque que Nick, qui commençait à mixer, et Fred Pellegrino (alors booker des DJs du label Pschent, ndlr) se sont rencontrés. Ils se sont suivis jusqu’à la naissance de Mona comme prolongement des résidences de Nick. Mona a été, à ses débuts, une soirée plutôt confidentielle et pour un public très mixte composé surtout de fidèles des anciennes résidences de Nick. Les DJs n’étaient pas annoncés et les gens venaient surtout pour l’ambiance décontractée mais folle des soirées. Et puis le public s’est renouvelé et a rajeuni, d’abord via la danse qui a apporté une énergie différente aux soirées, puis également au travers de collaborations avec des jeunes collectifs et labels tels que My Love Is Underground, Souslajupe ou encore, plus récemment, les Chineurs de House. La soirée a commencé à La Java avant de migrer vers La Bellevilloise aux dimensions et système son plus généreux.
Aujourd’hui, Mona, c’est aussi toute une équipe de créatifs, de communicants et de passionnés de musique et de danse
Aujourd’hui, la créatrice de bijoux Alice Hubert a rejoint l’équipe et s’occupe, avec Nick et Fred, de la direction artistique, des flyers, de l’identité visuelle (elle fait aussi partie du jury des Mona Dance Contests, ndlr). Côté danse, Nick et Fred ont fait appel à Marion Funkyguapa aka Tiger Melody, danseuse tous genres et passionnée de Vogue. Depuis 2012, elle assure la coordination des Dance Class ainsi que les Mona Dance Contest.
Mona, c’est aussi toute une équipe de créatifs, de communicants et de passionnés de musique et de danse qui, chaque mois, accueillent le public, attirent du monde, assurent les lumières ou les photos, se lookent et mettent l’ambiance. Sans eux, il n’y aurait pas de Mona non plus !

Le public de Mona
Si vous deviez résumer l’esprit Mona en deux mots, quels seraient-ils ?
Collectif Mona : Danse et Tolérance.
Vous êtes des fervents défenseurs de la sape et de la danse. Cet été, comment il faut s’habiller ?
Collectif Mona : On est surtout des défenseurs de l’anticonformisme ! Le meilleur moyen de faire des ravages, cet été, sur les dancefloors, c’est surtout de ne pas suivre les conseils de qui que ce soit, mais de trouver le look dans lequel tu vas te sentir beau, que la sape vienne de chez Guerrisol ou de chez un grand couturier. Ça, c’est une des grandes leçons de la culture des Balls qui nous est chère : tu peux avoir une allure folle avec une fripe bien choisie et être complètement à côté de la plaque avec la pseudo robe indispensable de la saison. Mais pour la Mona du 28 mai, le thème est “Danceteria”, le club mythique du début des années 80 à New York où les habitués étaient Basquiat, Keith Haring, Madonna à ses débuts, Grace Jones et Larry Levan. On y dansait le vogue oldway et, côté looks, on cassait les codes établis du bon goût avec une surenchère de couleurs, d’accessoires, de motifs graphiques, de lunettes de soleil démesurées.
Et quelle danse on doit pratiquer, alors ?
Collectif Mona : On ne souhaite pas privilégier une danse plus qu’une autre, ni nous enfermer dans des chapelles. C’est pourquoi on change de style à chaque cours. Les contests de danse que l’on propose sont organisés sérieusement, mais l’esprit qui y règne est tout sauf sérieux ! Même si les danseurs se mesurent, on est loin des battles, on est avant tout un club. Le plus important est que les gens s’amusent, qu’ils osent participer avec sincérité et que le public s’inspire de l’énergie positive qu’apporte la danse pour se libérer. Même si tu n’es pas le meilleur danseur quand tu es bien sur la piste, avec la musique, ça se ressent et la meilleure danse à ce moment là, c’est la tienne.

L’esprit Mona Dance Contest

Lors d’une Mona Dance Contest
Vous dites aussi préférer les horaires de soirées plus longs (21h-6h). Pourquoi ?
Collectif Mona : C’est surtout les Mona Dance Contests qui nous ont incités à démarrer la soirée plus tôt. Les Dance Contests, c’est vraiment un moment intense : les danseurs se donnent à fond, le public est super chaud et tu atteins déjà un niveau d’énergie très fort à 23h. Si tu veux prolonger cette énergie sans que le public reste sur sa faim, il faut laisser le temps aux DJs de reprendre les commandes de la soirée qui étaient jusque là données aux danseurs et redonner l’espace aux clubbers pour que les deux se mélangent. À la Mona, on adore ce mélange…
Ce que l’on souhaite aussi apporter, c’est la possibilité de vivre l’expérience de plusieurs soirées au cours de la même nuit. Avec une ouverture plus tôt, on propose ainsi une première partie plus axée autour de la danse et une musique plus soulful, puis un deuxième volet plus proche du “pur clubbing” avec Nick qui fera le lien entre les deux. Là encore, on ne tient pas à séparer ces deux moments mais, au contraire, à ce que les choses se mélangent. Notre public adore ça.

Une Mona Dance Contest
Donnez-nous un ou plusieurs morceau(x) très représentatif(s) de l’esprit Mona.
Collectif Mona : Sweet Cream – “I don’t know what I’d do (if you ever left me)”.
Mike Dunn – “Freaky MF”.
Alinka & Shaun J Wright – “Love Inspired”.
Elements Of Life – “Into My Life (You Brought The Sunshine)”.
C’est qui votre team (les artistes et collectifs dont vous vous sentez proches) ?
Collectif Mona : Au-delà de notre joyeuse équipe, il y a des personnes que l’on aime revoir régulièrement à la Mona parce qu’ils incarnent tout à fait notre esprit d’échange et d’ouverture. Cela peut être des DJs tels que Mike Huckaby, Daniel Wang, Red Greg, Prosumer, Patrick Vidal, Honey Dijon, Karizma ou Jeremy Underground qui a commencé sa carrière par une première date à la Mona… Il peut aussi s’agir de danseurs qui reviennent donner un cours, juger le contest ou simplement passer un moment sur le dancefloor comme Karl Kane Wung, Lei The Night, Caroline Ultra Omni, Mounia Nassangar, Stéphane Mizrahi, Lasseindra Ninja et Georgina Leo Melody. On se sent proches des collectifs qui ont une vision très libre et collaborative de la fête à Paris, aujourd’hui, comme La Mamie’s, D.KO, Dansons Paris et Le Camion Bazar.
Ces gens, vous comptez vous associer à eux dans un futur proche ?
Collectif Mona : On a toujours été ouverts à des collaborations et, dans le passé, on a été au Macki Festival et sur le bateau Concrete. On a invité La Mamie’s à venir jouer avec Nick à la dernière Mona à La Java. On collabore régulièrement avec des danseurs pour des cours ou les contests. À l’avenir, pourquoi pas proposer à un grand festival un stage Mona où la musique et la danse seraient tous les deux à l’honneur ?!
Nos 8 ans à La Bellevilloise resteront gravés dans nos mémoires
Vous organisez une fête à la Bellevilloise dans le cadre du Weather Off. Comment s’est faite cette collaboration ?
Collectif Mona : La date du 28 mai marque avant tout le départ de la nouvelle résidence Mona à La Bellevilloise. On a toujours été proches des organisateurs du Weather Festival et de Concrete qui nous avaient déjà invités pour une Concrete spéciale Mona où on avait organisé un Dance Contest sur le thème de la croisière avec les meilleurs danseurs de Paris (et où Nick avait joué avec Tama Sumo, pour info). Brice, le programmateur, est un grand fan de danse et partage notre envie de faire revenir davantage cette dernière dans les clubs. On est aussi proches de Concrete et de Weather parce qu’on a lancé quasiment en même temps nos soirées / afters, qu’on était les seuls à cette époque à programmer de la deep house et qu’on adore leurs événements. C’était assez logique que notre soirée du 28 Mai avec Giles Smith de Secretsundaze s’inscrive dans le programme du Weather Off. On est ravis d’en faire partie et très impatients d’écouter Nick au Weather Festival aux côtés de Daniel Wang. Ça promet !

Nick V
Quelle est la meilleure soirée que vous ayez pu organiser ?
Collectif Mona : Nos 8 ans à La Bellevilloise resteront gravés dans nos mémoires. Il s’est passé ce soir là quelque chose d’assez magique. Une sorte de communion comme on en vit parfois en club lorsque tu regardes tout autour de toi et que tu ne vois que des visages radieux, heureux, beaux. Quand les DJs le ressentent et que ça les fait se surpasser, ça crée une boucle d’énergie qui se transmet du public aux DJs et des DJs au public. À la fin de la soirée, tout le monde applaudit. Tu regardes alors un peu plus en détail et tu vois que, dans le public, il y a des jeunes diggers, des drags, des gays, des danseurs professionnels, des gens de tout âge qui passaient juste par là et tout ce petit monde a partagé un moment rare autour de la musique. Même après 20 ans de clubbing, ça pourrait toujours nous faire pleurer de bonheur.
Et le pire fail que vous avez pu vivre ?
Collectif Mona : Ah… Peut-être la deuxième édition de notre Mona “Masters & Servants” à Pigalle autour du cuir et du fétichisme. Pour la seconde édition, on s’est dit qu’on allait partir encore plus loin dans le thème et on a accepté l’invitation d’un club à Pigalle. La soirée a été un peu surréaliste. Le club avait, en fait, une clientèle d’habitués qui n’a pas très bien compris les loups, harnais, menottes et autres accessoires… À l’opposé, on a été relayés dans je ne sais quel agenda fétichiste et on s’est retrouvés avec de vrais couples échangistes SM qui sont devenus assez agressifs quand ils ont compris que c’était pour nous un thème un peu plus léger. Malgré tout, je crois qu’on sera bientôt prêts pour une troisième édition !
Dans vos rêves les plus fous, à quoi ressemblerait votre soirée idéale (Où ça serait ? Avec quel line up ? Etc.) ?
Collectif Mona : Une fête sauvage sur une île désertée des Baléares (“rêves les plus fous”, c’est bien ça ?) dans laquelle on arriverait en bateau. Tu pourrais venir avec tes enfants, tes grands-parents, il y aurait un petit campement un peu plus loin pour ceux qui veulent se reposer, des feux de bois. Le sound system serait parfait, les cocktails délicieux. Pas besoin de déco tellement ça serait beau ! Les gens seraient des habitués de la Mona, il n’y aurait pas besoin de service de sécurité. Côté line up, on ressusciterait Larry Levan, Candy Eric, Frankie Knuckles et David Serrano pour faire revivre la house des origines aux côtés du Todd Terry de 1993. Laurent Garnier jouerait au petit matin avec Jeremy Underground et Nick. En pleine nuit, on relancerait sans cesse avec des lives de Little Dragon ou Hercules and Love Affair. Une rave deep et acid house aurait lieu avec le DIY sound system reformé spécialement pour l’occasion qui croiseraient les disques avec Ron Trent, Mike Huckaby et les Sprial Tribe pre 92. Nile Rodgers viendrait régulièrement sur scène avec les choristes de Chic pour jouer mais sans être trop sérieux… Ils seraient ensuite sur la piste de danse puisque tout monde danserait ensemble, sans VIP, ni backstages ou loges. On ferait une tea dance avec Moodymann, Daniel Wang, Floating Points, DJ Harvey et Red Greg. Teddy Pendergrass ferait un love TKO pour mettre tout le monde d’accord à la fin. Enfin, le tout serait présenté par Grace Jones please… Possible ?
La page Facebook du crew MonaLa page Facebook de l’événement du 28 mai 2016