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Interview : Greg Boust, du Baron au Nouveau Casino

Greg Boust a quitté la Direction Artistique du Baron pour reprendre celle du Nouveau Casino et du Café Charbon. Un beau projet très ambitieux dont il nous a parlé, avant de fêter ça jeudi 4 juin, lors de la soirée d’Opening du désormais club.

La Villa Schweppes : Bonjour Greg ! Tu as annoncé, peu de temps après les 10 ans du Baron, quitter la direction artistique du club pour reprendre celle du Nouveau Casino et du Café Charbon. Déjà, peux-tu nous rappeler le ou les meilleurs moments que tu as vécu avenue Marceau (au Baron, donc) ?

Greg Boust : J’en ai des tonnes, évidemment ! Comme ça, à brûle-pourpoint, je pense que ça reste le premier jour et l’espèce de folie ambiante que je me suis pris dans la face. J’ai dix ans de mix avant le Baron et, pourtant, je n’avais pas vu ça depuis des années !
Après, je garde aussi un super souvenir des 60 ans de Mick Jagger, en 2010, par là. C’était – vous l’imaginez bien – une soirée cadenassée de partout, mais au fur et à mesure de la nuit on a réussi à faire rentrer nos invités en plus des siens et c’est devenu une fête complètement dingue avec Mick Jagger dansant comme un fou.
Mais bon, les meilleurs souvenirs ne sont pas vraiment classables. Ce sont des moments d’hystérie collective, de coupage de son pendant dix minutes avec les gens qui hurlent… Voilà, ce sont ça, surtout, mes meilleurs souvenirs !

Et donc maintenant s’ouvre le nouveau chapitre. Le Nouveau Casino et le Café Charbon. Que comptes-tu faire de ces lieux musicalement parlant ?

GB : Déjà, il faut savoir qu’on m’a appelé pour reprendre un club, et non une salle de spectacle, ce qu’était avant le Nouveau Casino. J’ai vraiment réfléchi à la question et ai accepté parce qu’il s’agit pour moi d’un lieu avec un potentiel énorme, surtout quand on joint le Café Charbon et le Nouveau Casino.

Et côté ligne artistique ?

On m’a appelé pour reprendre un club, et non une salle de spectacle.

Je n’ai pas envie de me couper de ce que j’ai fait avec le Baron depuis 10 ans, soit un endroit éclectique où on entendait un peu de tout mais pointu – ça a été souvent dit ! -. J’ai envie de reprendre ça et aussi d’offrir au Nouveau Casino, une vraie linéarité en termes de DA. Avant, quand tu allais au Nouveau Casino, un soir tu tombais sur un concert de hard rock, un soir sur un concert de two step, les gens n’avaient pas de repères ! J’ai envie de faire un vrai club dans lequel les gens peuvent venir n’importe quel jour (ouvert, bien sûr !) et se retrouvent dans un lieu où ils s’y sentent bien. Un peu comme on a pu faire avec le Baron, mais à plus grande échelle, en fait. Et après, évidemment, c’est un club avec ses règles, et non une discothèque.

C’est quoi la différence entre un club et une discothèque ?

GB : La différence, c’est que je ne compte pas booker des artistes qui vont faire plaisir aux gens en mettant des tubes, ce n’est pas le but. Je crois – et j’ai toujours milité pour ça – au juste milieu : au fait de savoir vraiment sentir la foule en présence et de pouvoir offrir au public de bonnes “perlasses” (des morceaux qui tournent bien), tout en sachant se montrer pointu en bookant Jennifer Cardini, dOP… Je ne vais me fixer aucune limite !

Donc ça ne sera pas une programmation comme au Baron ?

GB : Non, ça sera mélangé !

La soirée Opening du Nouveau Casino et du Café Charbon se tiendra jeudi 4 juin. À quoi peut-on s’attendre ?

GB : À une très grosse soirée et on va faire ce que les patrons des lieux appellent depuis des années un “Charbon Cas”, c’est-à-dire quand les portes des deux lieux sont ouvertes et qu’on peut naviguer de l’un à l’autre. Au Charbon, on retrouvera une programmation hyper dansante (Eddie, Macadam’Ya, les Benguistes, Alex Pan, Polocorp…) et au Nouveau Casino, on retrouvera Mind Gamers, le projet de Sébastien Tellier, Daniel Stricker de Midnight Juggernauts et John Kirby de Blood Orange. Ils sont en train de produire leur album et ce soir-là sera leur première date en DJ set.
Jeudi 4 juin, on retrouvera aussi sur la scène du Nouveau Casino Matias Aguayo et Manigance (So-Me et DVNO), ndlr.

Est-ce qu’on aura le droit aussi à des lives ?

J’ai juste envie que ça soit cool et sexy

GB : Oui ! C’est l’inverse de ce qui se passait avant au Nouveau Casino : il y avait tous les jours des concerts et après des DJ sets. Maintenant, c’est un club, donc on retrouvera forcément beaucoup de DJ sets, mais je ne vais pas non plus me couper la possibilité de faire des lives, au contraire, je le ferai plus souvent que ce que les gens imaginent ! Après la grosse tendance sera plus clubbing, forcément.

Quelle est là ou les difficultés ?

GB : Je reprends un endroit qui fonctionnait sur le même schéma depuis 15 ans. Logiquement, on ferme et on rouvre après. Là on est en “Soft Opening”, c’est-à-dire qu’on a zappé la case fermeture et qu’on regarde juste comment les choses se passent…

Et alors qu’as-tu constaté ?

GB : La porte est un peu difficile, c’est un quartier vivant qui bouge et est très populaire et j’en suis très content ! On pourrait croire que ça change du quartier du Baron, mais pourtant un mec ivre avenue Marceau, c’est la même chose qu’un mec ivre rue Oberkampf… C’est juste que là-bas, ça grouille de monde ! Ce que j’aimerais, c’est qu’on arrive à avoir 80% des gens du coin. Après, peut être que de vieux habitués ne se plairont plus ici, mais je ne pousse personne vers la sortie. Mon but est juste que ça soit cool et sexy.

Quel regard tu portes sur la scène électronique à Paris ?

GB : Je trouve qu’elle se porte très très bien ! C’est fou comme les jeunes aujourd’hui déboîtent tout. Ce sont de vrais geeks, c’est incroyable, il y a des collectifs partout !

À ce propos, on a vu que tu avais booké au Café Charbon l’un des membres de Mawimbi. Ce sont aussi ce genre d’artistes qu’on retrouvera là-bas ?

Gb : Oui, tout à fait ! Je suis évidemment de près tous ces collectifs avec Jonathan qui m’assiste et est un jeune issu de ces rails-là.

À quel(s) DJ(s) pourrais-tu confier tes nuits ?

La nuit est avant tout faite pour décomplexer, faire la fête et rigoler

GB : Je dirais Larry Levan, parce qu’il résume tout ce que j’ai dit. Sans aucune prétention, mon but est d’essayer de faire du Nouveau Casino qui a un potentiel énorme, un club comme le Studio 54, le Palace, les Bains Douches à la vieille époque, ou le Baron plus tard. Le moteur commun à tous ces lieux est qu’on y passait de la musique éclectique et pointue. On ne se rappelle plus de ces endroits complètement programmés sur l’électro – à part le Rex, par exemple -. Larry Levan est le symbole de tout ça : le mec qui savait faire danser les gens sur à peu près tout.

À quoi ressemblerait ta soirée idéale ?

GB : J’en ai vécu et fait beaucoup ! Par exemple, il y a 10 ou 12 ans, j’ai eu la chance de mixer les pieds dans l’eau sur une île près de Madagascar avec des gens hyper cool. Après pour demain ? Je ne sais pas, je ne suis pas un suiveur et ne vais pas te citer Ricardo Villalobos, même si j’adore ce mec. La soirée idéale, je suis sure que je vais bientôt la vivre !

Un dernier mot pour la fin ?

GB : Et bien sans me montrer racoleur, mon boulot au Nouveau Casino, c’est que les gens se sentent bien dans ce club, qu’ils viennent y découvrir de nouveaux talents, y écouter aussi des talents confirmés, et que tout le monde se mette au diapason sur le fait que la nuit est faite pour décomplexer, faire la fête et rigoler, et pas juste pour écouter des artistes.