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Idées reçues et chiffres surprenants de l’industrie du disque : le rapport de l’IFPI

La Fédération Internationale de L’industrie Phonographique a dévoilé hier ses données pour 2013. Quelques chiffres surprennent.

L’IFPI, La Fédération internationale de l’industrie phonographique expose en cette fin 2014 – par la voix de son président Plácido Domingo (oui, le chanteur lyrique) – les chiffres de 2013 quant aux investissements internationaux de la musique. Le rapport tient à démystifier certaines idées reçues et rassurer sur l’état du marché.

Dans ce copieux rapport comptabilisant les chiffres de structures d’une soixantaine de pays, quelques highlights se distinguent :

Les labels de musique se portent bien, merci

Avec 4,3 milliards de dollars infusés par les labels dans les A&R en 2013 et 20 milliards ces cinq dernières années d’après l’investigation de l’IFPI. Aussi, les investissements des labels dans les A&R (artists & repertoire) et le marketing ont grimpé de 26 à 27% des revenus de l’industrie en deux ans. La maison de disque reste donc le coeur de l’investissement. L’industrie du disque est celle où l’on réinvestit le plus ses revenus en recherche & développement. A titre comparatif, l’industrie pharmaceutique réinjecte 14,4% de ses revenus en recherche et développement, quant à l’informatique c’est à hauteur de 9.9%.

Les majors signent encore des artistes ?!

Oui. 7 500 artistes signés recensés en 2013, ils sont 10 000 de plus dans les labels indés (ce qui semble peu). Selon le rapport, un artiste sur cinq dans le catalogue d’un label est une signature récente. Interrogés, sept artistes non-signés sur dix déclarent vouloir décrocher un contrat en label. Si l’ère veut qu’Internet serve de vitrine, porte-voix et tremplin, le label est toujours le moyen roi pour bâtir une carrière. Les supports financiers, les moyens techniques et les réseaux professionnels sont toujours des paramètres indispensables selon les artistes interrogés.

 

Combien ça coute de faire exploser un artiste ?

Le trajet du premier titre repéré sur Soundcloud jusqu’à l’exposition/l’explosion sur le marché du disque coûte en moyenne entre 500 000 et 2 million $. Cela comprend une avance (50 000-350 000$), l’enregistrement (150 000-500 000$), les coûts de production vidéo (50 000-300 000$), financement de la tournée (50 000- 150 000$) et la promotion/le marketing (200 000-700 000$).

 

L’industrie du disque pense local

Oui, les labels investissent massivement dans des talents locaux. Ils ont raison, sur les douze plus gros marchés le répertoire local représente 70% des ventes du top 10.

C’est vraiment le live qui fait vivre les artistes aujourd’hui ?

Pas vraiment. L’affaissement de l’industrie du disque pourrait le laisser entendre mais la vente de musique sur supports est toujours la source de revenus principale. Tout au moins, sur les labels pris en compte par l’étude.

La synchro devient-elle un nouvel eldorado ?

Oui, en partie. Les partenariats avec des marques et les deals de synchro gagnent en importance et les deals avec les maisons de disques prennent aujourd’hui ce paramètre en ligne de compte tentant de placer leurs poulains dans les films, jeux, pubs… Aujourd’hui, 2% des revenus d’un artiste proviennent de synchronisations.

Le rapport expose l’économie vue par la face émergée de l’iceberg, aux vues des chiffres, même médians, il est évident que le rapport comptabilise et évoque essentiellement des structures conséquentes où l’enjeu artistique est souvent contenu dans le retour sur investissement. Dans ce rapport, on aborde la compétitivité du marché, on déplore le financement à perte de certains projets, on s’autocongratule pas mal et on présente Lorde ou Sam Smith comme “des prises de risques“. On y raconte et analyse le dynamisme ou la santé des entreprises sans y questionner ou évoquer les réalités de maisons importantes comme Warp (pour citer exemple imposant) qui travaillent à entretenir un parti pris esthétique depuis des années.

Des chiffres à aborder avec une certaine distance critique…