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Gystère : “Mieux vaut ne pas sortir de sa zone de confort, simplement l’élargir”

Auteur-compositeur-interprète multi-instrumentiste, plasticien, vidéaste, producteur… Adrien Boris Peskine, alias Gystère, fait ses armes dans un univers singulier qui lui est propre. Prodige du label Sodasound, il baigne dans une esthétique kitsch et une musicalité mêlant funk, rock progressif et rythmes des Caraïbes. Fin 2020 il dévoile A Little Story, son premier projet solo, un album concept façon plan-séquence musical ultra engagé. L’occasion pour Villa Schweppes de partir à sa rencontre. Interview.

C’est quoi l’histoire derrière ton nom ?
GYSTÈRE : C’est entre Wu-Tang et AOL. Je devais avoir 11 ou 12 ans, l’album de Wu-Tang Enter the Wu-Tang (36 Chambers) venait de sortir. J’étais fasciné par ce groupe et leur univers. Et en “diggant” (ndlr : en “creusant”) un peu autour d’eux, je tombe nez à nez avec les noms : RZA et GZA. Je voulais un nom au concept similaire, assemblant 2 mots qui se ressemblent avec simplement une lettre qui diffère. Mystère, Finistère, mitoyen, citoyen… Je suis parti sur Gystérieux. Puis il y a eu les premières adresses mails, avec AOL. La mienne c’était [email protected]. Histoire classique, j’oublie le mot de passe. Impossible de remettre la main sur mon compte, il fallait en créer un nouveau. Et comme je ne pouvais plus utiliser Gystérieux, je suis parti sur Gystère.

Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans la musique ?
GYSTÈRE : La musique m’est venue comme une évidence. Plus jeune je faisais beaucoup de dessin, je lisais pas mal de BD, on faisait des films sur caméra avec mes frères, on jouait au piano de notre grand-mère, j’allais souvent en concert… j’étais baigné dans l’art de manière générale, avec toujours un peu de musique dans chacune des choses que je faisais. Je dirais que c’est lorsque j’ai commencé à acheter des vinyles et cassettes que je me suis dit que je voudrais faire de la musique. Voir mon nom chez un disquaire, c’était mon rêve.

J’aime pas le terme musique actuelle, ça veut rien dire. C’est quoi ? Tout le monde pompe sur tout le monde ? Ça veut dire que c’est daté ensuite.

Gystère

Le premier album de Gystère est sorti le 21 novembre 2020

Le premier album de Gystère est sorti le 21 novembre 2020

C’est quoi – ou qui – qui t’inspire au quotidien ?
GYSTÈRE : Jeune, la bande son des dessins animés me fascinait, comme par exemple Les Chevaliers du Zodiaque, Yellow Submarine (le dessin animé des Beatles)… Puis bien sûr il y avait, et encore aujourd’hui, Wu-Tang, Michael Jackson, Stevie Wonder… Ce sont des légendes de la musique, ils ont tous proposé quelque chose d’innovant. Et si on devait parler de genres musicaux, je trouve la musique brésilienne, le rock psychédélique et le rap très inspirants.

Qu’est-ce qui a changé entre tes premières parties en groupe pour la tournée de Stromae et Yuksek, et A Little Story ton premier album solo sorti récemment ?
GYSTÈRE : Je dirais que j’ai évolué en passant de ma carrière en groupes à une carrière solo. Je jouais dans énormément de groupes différents avant, tantôt en tant que chanteur, tantôt compositeur, ou au clavier ou percussionniste. Et il y avait ce truc en moi de faire quelque chose qui serait 100% moi. A Little Story a pris 7 ans à se réaliser, entre 2013 et 2020. Bien que l’année de sortie fut un choix risqué, mais je me devais de le sortir. Mais dans tous les cas, l’album ne fait écho à une tendance actuelle. J’aime pas le terme musique actuelle, ça veut rien dire. C’est quoi ? tout le monde pompe sur tout le monde ? Ça veut dire que c’est daté ensuite. Moi j’aime faire l’art à ma façon, avec ma propre vision, mes propres goûts. Ma musique me ressemble, elle est cohérente ainsi. Voilà ce qui a changé, je suis sur une autre dynamique, où je m’épanouis beaucoup plus.

Je pompe personne, je ne suis pas les tendances. Je me suis toujours dit qu’il ne fallait pas sortir de sa zone de confort, il faut juste l’élargir.

Gystère

C’est quoi l’histoire ou le concept derrière ton album ?
GYSTÈRE : A Little Story est un album concept, une sorte de collage artistique. C’est un album punk, rock psychédélique, qui traite du racisme, du sexisme et de ma propre expérience dans tout ça. Il y a des chansons composées comme des suites et d’autres complètement décorrélées. Ça sort tout droit d’un brainstorming en solo qui a pris 7 ans. En le concoctant je voulais m’impressionner, en allant à l’encontre du “contentisme”. Je l’ai poussé jusqu’au bout.

Tu as plusieurs cordes à ton arc : auteur-compositeur-interprète, multi-instrumentiste, plasticien, vidéaste, producteur… Comment tout cela cohabite ensemble en toi ?
GYSTÈRE : J’ai toujours voulu faire les films de ma musique et la musique de mes films. C’est comme du collage, tout cohabite ensemble et ça produit quelque chose. On pourrait dire que c’est comme du triathlon : texte, musique, vidéo. Ces 3 choses doivent arriver à cette symbiose mutuelle dans ma tête. Je me perds sans doute un peu dans mon imagination, mais pour moi c’est du concret. Je pompe personne, je ne suis pas les tendances. Je me suis toujours dit qu’il ne fallait pas sortir de sa zone de confort, il faut juste l’élargir.

J’anime l’émission Super Nova de Radio Nova, tous les mercredis à 18h, en tant qu’humeuriste. Je parle beaucoup de science-fiction.

Gystère

Prochainement Gystère dévoilera le clip-film de WOMXN/Time Machine

Prochainement Gystère dévoilera le clip-film de WOMXN/Time Machine

C’est quoi tes prochains projets par la suite ?
GYSTÈRE : Prochainement il y aura la sortie de WOMXN/Time Machine, un clip-film de 12 minutes qui reprend les deux derniers morceaux de l’album. Il devait sortir en novembre dernier mais finalement c’est décalé au printemps. Et puis j’anime toujours l’émission Super Nova de Radio Nova, tous les mercredis à 18h, en tant qu’humeuriste. Je parle beaucoup de science-fiction, si jamais il y a des branchés parmi les lecteurs de Villa Schweppes.

Et côté live ?
GYSTÈRE : Si tout va bien, on me verra au New Morning, en mai prochain. Croisons les doigts pour que ça soit maintenu. Il y a d’autres dates, mais c’est difficile de s’avancer et communiquer dessus… On verra bien ! Pourvu que ce merdier se finisse bientôt !

A Little Story – Gystère
Sorti le 21 novembre 2020
Sur le label Sodasound