Alors que la Cité de la Musique lance son expo Great Black Music sur la musique afro-américaine, nous revenons sur 5 artistes dont la légende mériterait d’être mieux connue.
La Cité de La Musique propose actuellement une exposition dédiée à la “Great Black Music”. La musique désignée ainsi serait celle qui se base sur une déclinaison de musique afro-américaine, un pied en Afrique, un autre en Amerique du Nord, avec quelques écarts par Londres. La sélection met nettement en avant de nombreuses grosses stars, à l’image de Marvin Gaye, Michael Jackson ou encore Bob Marley. Du coup on a eu envie de s’arrêter sur le destin de grands musiciens, peut-être moins connus mais tout aussi importants : de grand audacieux de la musique afro-américaine, qui ont contribué à briser les carcans des communautés, qui ont su révolutionner la musique par leur inventivité et leur liberté (NDLR : les dates correspondent au début de leurs activités musicales publiques).
Son House (1927)
S’il doit y avoir un point de départ à la musique afro-américaine, c’est sûrement du côté de Son House et ses compères qu’il faudrait le placer. Le Blues des origines, joué, composé et enregistré dans le delta du Mississippi. Parmi ses camarades, Son House va avoir une légende à part : connu pour vécu une vie dissolue digne des Sex Pistols, enchaînant prison, alcool et jouant de la musique pour éponger ses dettes. Mais surtout, il est le premier à avoir su donner des lignes de voix aussi chaudes, bouillantes et dangereuses.
Fela Kuti (1958)
Jimmy Hendrix joue aux incendiaires aux Etats Unis. Fela Kuti, jeune Nigerian bourgeois, a étudié la musique, principalement le jazz à Londres, et rentre au pays pour en découdre avec les autorités. Rapidement, il réunit autour de lui de nombreux musiciens, mêlant les grooves africains, les prouesses des Américains et une liberté très jazz pour dépeindre la réalité et la corruption d’Etat. Il fonde un véritable pays dans le pays, avec ses propres lois et son propre fonctionnement, et restera, à ce jour, l’un des plus grands artistes rebelles d’Afrique.
Death (1971)
La légende populaire de Death commence seulement maintenant à émerger après avoir été un veritable mythe pour collectionneurs. A la mort de leur pères, trois jeunes Afro-Americains décident d’en découdre avec le rock blanc, entre pré-punk et hard rock. Le résultat n’a pu émerger qu’en 2008 suite à une publication sur le site Chunklet. En France, c’est Tsugi, sous la plume Lelo Jimmy Batista, qui va donner à cette Madeleine de Proust de collectionneur sa place dans le panthéon du rock’n’roll. Mais finalement pourquoi ? Principalement parce que ce sont les premiers noirs à avoir mis à l’amende les blancs dans ce domaine et à briser les frontières communautaires aux US.
Afrika Bambataa (1975)
Après avoir dirigé des gangs à la fin des 60’s, Afrika Bambataa décide de se servir de son charisme pour apaiser les tensions dans son quartier. Pour ça, il prend les platines et organise des fêtes de quartiers. Ces block parties seront de véritables institutions pour la communauté afro-américaine. Et c’est tout naturellement, en haranguant la foule sur des morceaux de groupes comme Kraftwerk, qu’il va inventer ce qu’on appelle maintenant le hip-hop. Le tube qui va envoyer cette musique à la face du monde? “Planet Rock” en 1981. Il décide de fédérer ses fans au sein d’un mouvement humaniste, la Zulu Nation, prônant la musique et la fête comme alternative aux gangs. Un grand bonhomme de la culture street, voire son fondateur.
Cybotron (1980)
Nous sommes en 1971. Juan Atkins, alors un jeune homme, décide de motiver son pote Richard Davis à récupérer des machines invendues ou jetées pour faire de la musique avec. Récupérant ainsi ce qui forme aujourd’hui le panthéon des instruments de musique électro, ils composent de premiers morceaux qui vont instantanément être joués dans tous les clubs de leur ville, Détroit. Ainsi, ils ont, avec des morceaux comme Cosmic Raindance, inventé la techno americaine qui allait bientôt envahir le monde.