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Grand Corps Malade en équilibre

Le slameur sort son quatrième album chez Believe, il est le rédacteur en chef invité de notre magazine la semaine du 11 au 17 novembre. Par Caroline Taret, rédactrice en chef de villaschweppes.com

Quand on prévoit de rencontrer Fabien Marsaud, aka Grand Corps Malade, on se dit que l’interview va être plutôt cool, détendue. C’était absolument le cas lors de notre rendez-vous d’une heure et demie dans un café de la Gare du Nord. Enfin cool… Pour la journaliste que je suis, interviewer un slameur est plus complexe qu’il n’y parait. Le jeune homme a un débit impressionnant et répond avec une volonté mélée de détails et d’anectdotes à chaque sujet abordé. C’est une vraie discussion qui m’en a presque fait oublier mes questions.

Son album est comme un voyage : à la fois dans la musique puisqu’il explore avec le somptueux Ibrahim Maalouf qui met en musique ses textes et réalise l’album, des sons allant du hip hop à l’électronique, en passant par le folk ou encore des sonorités orientales. Mais aussi dans ses histoires : ce sont elles, grandes ou petites, qu’il nous livre d’un trait, provoquant émotion ou déstabilisation, comme le ‘chroniqueur du quotidien‘ qu’il se dit volontiers être. Chaque chanson correspond à une tranche de vie, une histoire personnelle ou détectée dans le monde ou le quartier : Fabien s’arrête même à un moment dans sa réponse, bloquant sur une jeune femme qui pénètre dans notre café, lançant un amusé “tiens c’est une meuf de Saint-Denis !“. Le rattachement à sa ville, ses racines est plus important que tout pour ce tout récent Parisien qui vient de poser ses valises ‘intramuros‘ comme il dit, du côté de la Gare de l’Est. Il se sent comme un invité dans Paris, lui qui se fait arrêter en toute simplicité par des passants dans la rue qui l’interpellent en lui disant : “ah mais je vous ai vu ce matin la télé !” ou tentant sans crainte aucune une poignée de main. Ceci toutes générations confondues.

C’est là la force de Grand Corps Malade, de toucher les personnes quel que soit leur âge ou origine. Avec des duos inédits en compagnie de Francis Cabrel, Richard Bohringer ou encore la Franco-Camerounaise à la voix de velours Sandra Nkaké, Grand Corps Malade partage, crée des moments privilégiés dans lesquels chaque mot est pesé avec force et justesse. Il nous fait un cours de rattrapage (bien mérité !) sur le slam, insistant sur la liberté de ce registre et nous donne presque envie de nous y essayer (j’ai dit presque). Un jeune homme qui manie le jeu de mot avec classe et qui, peut-être en résonnance avec son histoire personnelle, explore, dissémine, partage et ne semble ressentir aucune peur en glissant à propos de son écriture pour les autres “Plus c’est loin de moi, plus ça m’intéresse“. Pareil.

Grand Corps Malade sera le rédacteur en chef invité de Villaschweppes.com du 11 au 17 Novembre 2013.