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Fin de Siècle : L’éclectisme pour modernité

Le Village Label de la Villette Sonique est l’occasion parfaite pour vous présenter les labels qui mettent la France en mouvement. Aujourd’hui on parle de Fin de Siècle !

L’édition 2014 du Village Label de la Villette Sonique s’annonce particulièrement riche. La semaine dernière, nous vous avions présenté le label pop Croque Macadam, entre guitares lumineuses et belles mélodies. Aujourd’hui, c’est à l’étonnante maison Fin de Siècle que nous nous attaquons.

Fin de Siècle, bien dans son époque

La première chose qui marquera le curieux en découvrant le catalogue du label, c’est sa modernité : à l’image d’une époque connectée où chacun est amené à tout avoir à sa disposition, Fin de Siècle traite indifféremment des groupes qui semblent, à première vue, extrêmement variés. Leur éclectisme explose les chapelles pour réunir les mélomanes de tous horizons : les fans de l’électro de Leave Things écoutent le (math-)rock alambiqué de Geste quand les spécialistes de l’ambient conquis par Achers By The Sea se mettent au dub avant-gardiste avec Milan.

Pourtant, artistiquement, le catalogue de ce label fondé en 2011 est loin d’être un foutoir. Au contraire, tout est, finalement, cohérent : “A travers nos disques, on voit un trait d’union, un état d’esprit commun, difficile à décrire. On n’avait pas forcément planifié ça, ça s’est imposé à nous au début et on y a vu l’opportunité de conjuguer notre envie d’éclectisme avec le fait de collaborer avec des artistes talentueux venus d’horizons différents”, explique Dom, l’un des fondateurs du labels. Il y a en effet dans ces différentes sorties un spectre commun: une envie d’exploration musicale rare. Quand Paulie Jan ou Leave Things deglinguent allègrement les poncifs de la musique électronique ou quand Milan donne des lettres de noblesse à un dub qui, ces temps-ci, a tendance à confondre la pose et la musique, les artistes de l’écurie ne s’accordent aucune facilité.

Si Fin de Siècle rassemble ses poulains à travers son exigence, il necessite aussi un certain investissement de la part du public: “De loin, c’est dur de voir la cohérence dans tout ça, je pense. A chaque nouvelle sortie, on a l’impression de reprendre le travail de présentation et de conviction à zéro, ou presque. C’est difficile de capter le public et de le faire nous suivre de sortie en sortie. De fait, notre “image” est floue pour beaucoup de gens qui nous suivent sans être à l’affût de la moindre actu”. Pour savourer pleinement les disques de Fin de Siècle, il faut être attentif et curieux et surtout leur faire confiance.

Une identité dans l’héritage des plus grands

Obtenir du public qu’il se laisse guider par sa sélection les yeux presque fermés, c’est l’un des objectifs de la structure: “On a toujours été sensible à cette démarche de “label”. Du coup on a puisé des inspirations dans des contextes et époques assez variées”. Pour eux, un label doit s’appuyer sur une identité forte pour se placer en veritable prescripteur. Ils citent comme inspirations des labels icôniques: “venant du rap, moi j’ai beaucoup regardé la manière de travailler de labels comme Tommy Boy, Rawkus, Fondle’em, Hypnotize Minds, ou plus récemment Cash Money ou Stones Throw, qui sont tous pour moi de vrais modèles, chacun à leur niveau, en terme de musique, de business, d’identité graphique… Plus largement, j’ai été sensible très jeune à l’univers créé par des labels de jazz comme Impulse! ou ECM, qui ont tout de suite marqué le public avec une identité propre, ou le label Allemand Ohr dans les 70’s. Alex, de son côté, a beaucoup été marqué par Warp, avec cette cohérence avec la fois esthétique et musicale qui s’est tout de suite dégagée du label, ou par des modèles comme ceux de Sub Pop, Anticon et surtout Factory, porté par toute une série de fantasmes et légendes autour de son histoire”.

On aura toujours envie de se dépouiller pour quelqu’un dont on respecte la vision, les idées et les valeurs. Sinon ça ne va jamais bien loin

Avec les groupes, Alex et Dom ont fait en sorte de créer de vraies relations de confiance: “Généralement, tout part d’un feeling musical fort mais il doit être tout de suite combiné à une rencontre humaine. Il faut qu’il se passe quelque chose, qu’on sente que l’on partage une vision commune avec l’artiste ou le groupe concerné. La suite vient très naturellement. Nous ne sommes pas des managers, loin de là, mais nous essayons d’accompagner un peu nos artistes bien au-delà de la simple sortie de disque. Du coup, pour que cet effort se fasse naturellement, il est évident pour nous que le facteur humain est déterminant. On aura toujours envie de se dépouiller pour quelqu’un dont on respecte la vision, les idées et les valeurs. Sinon ça ne va jamais bien loin”.

Ce que Dom apprécie lors de la Villette Sonique, c’est qu’“on rentre presque dans l’été, les premiers beaux jours sont là, on passe du temps dehors, on discute, on s’échange des disques, on parle de projets de collaboration ou on glande dans l’herbe quand il y a un peu moins de monde. Des petites choses simples qui permettent de ressentir ce qu’il se passe, sur le terrain. Ca nous a permis de rencontrer physiquement certains labels que l’on connaissait déjà plus ou moins précisemment via le web”. Mais en dehors de la camaraderie et de cet espèce de team-matching de l’indie français, “le Village Label est un moment assez symbolique, qui fait se rassembler les initiatives qui comptent et qui donnent vraiment une vision d’ensemble de ce qu’il se passe à notre échelle. C’est crucial pour entretenir la dynamique. Et surtout, ça souligne une vraie richesse : il n’y a pas deux labels pareil, chacun arrive son petit univers, sa propre vision des choses et ses disques, c’est stimulant de voir ça.”

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