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Fête de la Musique @ Grand Palais

Qu’il est agréable de fêter la musique au musée. Tandis qu’au dehors le commun des mortels affrontait une jungle de reprises de Coldplay et Scorpions, nous étions spectateurs au Grand Palais d’une électronique d’avant-garde.

C’est vrai qu’il est de bon ton de taper sur l’indigence artistique envahissant nos rues les soirs de 21 juin. Certains y voient une célébration pour la musique, d’autres un passage à tabac. Alors, depuis que Monumenta propose d’orchestrer ses décrochages avec la fine fleur de l’éléctronique, la fête de la musique prend une nouvelle dimension. Du moins pour les heureux élus qui les années précédentes étaient conviés à assister aux sets de Richie Hawtin ou de Jamie XX b2b Four Tet b2b Caribou. Cette année l’évènement connaissait une inclinaison plus populaire et invitait quiconque se présenterait devant les portes du Grand Palais à nocer sous sa Grande Nef et l’ “Etrange Cité” d’Ilya et Emilia Kabakov où chaque bâtiment tend à dessiner un monde en soi. Une fête de la musique au sein de Monumenta intéressante dans sa cuvée 2014 à plusieurs niveaux. L’accessibilité de l’évènement déjà. Cette année, la fête était en entrée libre, cela incarne bien plus l’esprit de ce 21 juin. Et à voir la file d’attente, énorme cordon ombilical devant ce Grand Palais, même les soirs de consécrations de la musique, on trouve un public inquiet des choses de l’Art. Ensuite, par le choix de ses artistes plastiques. Un choix fort que ce couple d’artistes russes, exilés à New York et sélectionnés en plein orage culturel dans leur contrée d’origine (où la politique actuelle tend à la mise au ban de l’Art contemporain). Ensuite encore par le choix de sa programmation. Chaque artiste présent sur le line-up de ce soir-ci fournit, d’une manière ou d’une autre, un rang de l’avant-garde électronique.

Donc, contrairement à ce qu’induirait la présence des troupes de danses contemporaines Cerise Bouvet, Juste Debout ou Lore Line Bagdassarian, l’évènement n’était pas porté sur la danse. Ici se déroulait une techno qui se regarde, aux sets admirablement contemplatifs, parfaits pendants musicaux à l’expo dans laquelle nous naviguions. Pour nous porter, Ligovskoï pilotait en premier les machines et dirigeait un drone, très ambiant, que l’on dresse depuis le sol comme cerf-volant. Sur le même label, DEMENT3D, suivait cette fois-ci son patron (enfin un des deux) : Heartbeat. Lui qui porte sur ses épaules une partie flamboyante de la jeune garde techno parisienne (Polar Inertia, François X, DSCRD) a la réputation de pouvoir TOUT mixer pendant des sets dantesques. Ce soir-là, l’assemblage fût à la mesure du Palais, grand, avec des expérimentations très luxuriantes et une techno très limpide, à palper. Suivit un des extravagants magnifiques de la scène, Iueke, issu d’une maison d’extravagants magnifiques, Antinote, auteur d’une électronique d’Art et d’Essai, de collectionneurs, de process et de coup de folie comme de génie. Un personnage qui a toute sa place dans un lieu d’Art, vous l’avez compris car c’est toute son essence que l’on retrouvait dans son set. Néanmoins, l’heure avance, les esprits s’épuisent, le public s’amenuit et on voit de plus en plus de visages défaits désespérant de ne pas entendre de la techno de club. Ça aurait pu se produire avec Tomas More, ça n’est pas arrivé avec Tomas More. Plus porté sur la techno noire, dure et synthétique, ce soir-là Tomas étonnait avec, lui aussi, un set très ambiant, offrant à la foule quelques-uns de ses inédits dont une perle céleste et envoûtante (encore méconnue). Une grâce rare en techno. En dépit d’une entrée libre, il était agréable de remarquer l’excellent comportement du public, pas excessivement aviné, calme et patient spectateur d’une électronique qui s’apprécie si l’on prend le temps de s’y abandonner. Une nouvelle année où la Fête de la Musique fût à l’échelle de Monumenta.

 

Le plus de la soirée : Ils sont nombreux mais on penchera pour l’excellent line up.

Le moins : Ils sont rares mais peut-être un public trop rare… et très éparse.

La rencontre de la soirée : la famille DEMENT3D.

La phrase de la soirée :ça reste un mur blanc avec du crépi hein” (à propos d’une partie de l’Etrange Cité).