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Fatima Al Qadiri, la diplomate de la bass music

Elle révolutionne le grime, genre anglais, en dialoguant avec la Chine, vient du Koweit et réside à Brooklyn. Elle, c’est Fatima Al Qadiri, mercenaire de la bass music au premier LP à paraitre le mois prochain.

On l’a découverte, sous le nom d’Ayshay, en dissidente witch house, maison hantée du rap qui devenait une thalasso entre ses mains tant des titres comme “Hip Hop Spa” (tout est dans le nom) inspirait le réconfort aquatique. Puis, on l’a reconnue sous sa véritable identité au travers de différentes esthétiques, au sein de différents labels, du future garage, à la global bass, dans des maisons de qualité type Tri-Angle ou Fade To Mind. Seul trait commun à la période, un esprit belliqueux traversant toutes ses productions. Fatima Al Qadiri a-t-elle fait toutes les guerres pour être si courroucée aujourd’hui ? Non, mais née au Sénégal puis élevée au Koweït, elle a échappé à celle du Golfe en 1991. Rescapée de l’ère Hussein, elle trouve refuge à New York où elle réside toujours et catharsise ce trauma au sein de titres aux noms équivoques type “Desert Strike” ou “Ghost Raid”, généralement accompagnés de visuels hideux. C’était l’époque Fade To Mind, le temps de l’hostilité, aujourd’hui Fatima opte pour la finesse diplomatique en faisant s’assoir à une même table électronique anglaise et matières de Chine.

Cela fait un an que le grime, originellement rap britannique, se réécrit et se réinvente. C’est dans le sens de ce vent que Fatima participe à la fondation de Future Brown, supergoupe où elle s’accompagne de Nguzunguzu et J-Cush. Et c’est toujours dans le sens de ce même vent qu’Al Qadiri inscrit son premier album Asiatisch’, où les productions de porcelaine habillent le grime, son sinistre et son naïf, de folklore chinois. Véritable chinoiserie de l’électronique, ce premier LP questionne le fantasme de l’Occident pour la culture asiatique et tente – derrière le terme de sinogrime – un dialogue entre les cultures de l’Est et de l’Ouest.

Asiatisch’, sa porcelaine, son grime et sa diplomatie paraitront le 5 mai. Un premier extrait ici :