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En Iran, “Happy” devient un signe fort de liberté

7 jeunes Iraniens s’offrent leur version du clip de “Happy”, le tube de Pharrell Williams, dans la plus grande subversion. Héroïsme Pop.

Replaçons tout d’abord les choses dans leur contexte : la Republique islamique d’Iran impose à ses citoyens les règles de la charia, la doctrine religieuse. Celle-ci interdit par exemple aux femmes de sortir sans foulard pour couvrir leurs cheveux ni manteau pour cacher leur corps. La musique occidentale y est allégrement censurée et il en va de même pour internet. Danser publiquement sur une chanson telle que “Happy” peut, selon Armin Arefi du Point.fr, être repimé par “une salve de coup de fouet”. Maintenant, cette vidéo prend un sens nouveau :

En effet, les autorités semblent dans le deni quand ils pensent pouvoir empêcher la pop culture de traverser les frontières. La musique se vend dans la rue, YouTube, Facebook et Twitter sont accessibles par proxys interposés. La jeunesse iranienne a donc accès à “Happy” à peu près autant que nous, et la chanson est sans aucun doute un aussi megatube là bas.

Ce qu’ont fait ses 7 Iraniens, ce n’est ni plus ni moins que de botter les fesses des clichés sur leur pays, avec une volonté de “dire au monde entier que la capitale iranienne fourmille de jeunes pleins de vie afin de changer l’image très dure que véhiculent les médias”, explique Néda, l’une des participantes, au site d’informations Iranwire. Un geste très patriote finalement, mais pas sûr que la Republique Islamique l’entende de cette oreille. “À chaque fois que quelqu’un regardait par la fenêtre ou passait par là, nous nous cachions derrière une porte pour nous assurer de ne pas être vus”. Ces jeunes gens risquent gros mais assument : “Nous voulons continuer notre travail en Iran […] En dépit de toutes les pressions et des limitations, les jeunes sont joyeux et souhaitent améliorer la situation. Ils savent comment s’amuser, comme dans le reste du monde”.

Outre la force du geste et les risques qu’ils ont pris, ils ont aussi radicalement modifié l’histoire du morceau, détournant le single le moins subversif de l’histoire de la musique pour en faire un symbole de liberté face à un pouvoir oppressant. Comme quoi, quelle que soit sa composition, son texte ou son interprète, le sens d’une pop-song comme “Happy” n’est déterminé que par ceux qui se l’approprient. En attendant, souhaitons à ce crew mené par le réalisateur Sol d’être le point de départ d’une libération progressive des moeurs à Téhéran. C’est le seul mal qu’on leur souhaite.