En direct du Mondial du tatouage qui s’est déroulé le week-end dernier à la Villette, nous avons rencontré le tatoueur français Easy Sacha.
Vous connaissez sûrement son style : souvenez-vous cet été, les tatouages de la Villa Schweppes à Calvi… C’était Easy Sacha !
Alors que Sacha (son prénom) était en pleine action au Mondial du tatouage, c’est-à-dire en train de tatouer un client, nous avons pu parler librement de son parcours, des tendances, de son métier, en toute décontraction. Un artiste au talent reconnu, un sourire non dissimulé et surtout, un véritable bon moment en sa compagnie, confirmé par Julien, la personne dont le bras gauche est recouvert des oeuvres d’Easy Sacha.
Villa Schweppes : On a découvert sur le site de Villa Schweppes l’une de tes oeuvres, qu’est-ce qui t’a inspiré ?
E.S : Ce dessin, c’était à la base pour faire des tatouages éphémères distribués lors du festival de Calvi. On est parti sur quelque chose de traditionnel, américain, marin. De cette base est née une oeuvre vahinée, avec un bateau, on est restés dans le thème des îles, des vacances, du tatouage de marin.
Easy Sacha, pourquoi ce nom ?
Cela fait 18 ans que je suis tatoueur.
E.S : Sacha, c’est mon nom tout simplement. Easy Sacha, c’est un ami à moi qui était illustrateur et qui avait fait une petite caricature de moi, avec ce nom noté. Ce même ami m’a ouvert une adresse email et j’ai du coup décidé de le garder. On était plusieurs Sacha dans le milieu du tatouage donc j’ai conservé Easy Sacha.
Depuis combien de temps es-tu tatoueur ?
J’ai découvert l’univers du tatouage par le métal.
E.S : Cela fait 18 ans que je suis tatoueur. Mon premier tatouage, c’était au lycée, à l’aiguille sur un ami. Ce n’était pas très glorieux… Je ne l’ai jamais revu ! On avait un peu bu à l’intercours le midi, c’était une mauvaise idée. Je ne l’ai jamais terminé d’ailleurs. J’ai découvert l’univers du tatouage par le métal, je n’écoutais que ça à l’époque. Tous les groupes que j’écoutais étaient tatoués ! Je dessinais beaucoup à l’époque, ça a commencé à germer. A 23 ans, je me suis lancé.
Quel est ton tout premier tatouage ? Tu t’en souviens ?
E.S : Oui, il s’appelle Yann et c’était le seul tatoueur à Cherbourg. Dès que l’on a eu un tatoueur dans notre ville avec mes amis, on y est tous passés. A l’époque, le premier tatoueur était à Caen, donc 150 km… Je me souviens m’être fait tatouer un tribal, super original à cette période… Ça a bien changé depuis ! Tous mes potes faisaient des tatouages plus rock’n’roll, des crânes, des serpents. Le tribal n’était pas répandu, je l’avais dessiné et je me suis fait tatouer. 7 ou 8 ans après, c’est devenu plus courant.
Comment se fait-il que l’on associe souvent le métal au tatouage ?
E.S : Avant ça, c’était plutôt les marins puis les voyous. Il y a toujours eu un côté rebelle dans le tatouage, beaucoup moins maintenant. Et disons qu’il y a plus de rebelles dans le métal que dans la musique classique ou la pop, même si ça a changé depuis.
On a la chance de t’interviewer en pleine action, qu’es-tu en train de tatouer ?
Je suis en train de faire un portrait de James Brown.
E.S : Comme tu peux le voir, je suis en train de faire un portrait de James Brown. J’ajoute un côté illustration plutôt qu’un côté réaliste. Julien qui se fait tatouer m’a amené une photo, je la ré-adapte. Pour un portrait réaliste, il n’y a pas de trait mais un jeu d’ombres et de lumières. Pour lui donner un aspect plus illustratif, inspiré de l’Art Nouveau, on fait un tracer, un trait avec des lignes fixes pour soutenir les ombres. Ça dérive du tatouage réaliste. Cette image, je la retravaille directement sur lui.
Au Mondial du tatouage, on observe une grande fréquentation de gens qui viennent pour se faire tatouer. Est-ce que ton agenda était déjà rempli avant de venir ici ?
E.S : Oui, j’avais déjà pas mal de monde qui m’avait contacté. Je ne sais jamais ce que j’ai envie de faire en convention, parfois j’ai envie de faire de grosses pièces, de travailler 4 ou 5 heures sur un même client. D’autres fois, je choisis de plus petites pièces avec 2 ou 3 heures de travail par personne, pour en faire plusieurs dans la journée. Julien, on se connaît bien, ça fait 10 ans que je le tatoue. D’ailleurs, tout son bras, c’est moi.
Julien (ndlr : en train de se faire tatouer) : Oui, je suis revenu à Sacha, son style me plaît beaucoup. En fait, j’aime bien l’Art Nouveau et donc j’ai regardé les tatoueurs spécialisés dans ce domaine. Sacha, j’ai vu dans ses dessins le potentiel de sa création. Sur mon bras, j’ai 4 tatouages, des portraits autour de la musique funk (ndlr : avant de se faire tatouer James Brown, on voit le visage d’Erikah Badu). Je suis un ancien danseur de hip-hop, ma base c’est le funk. Mon bras me le rappelle.
Qu’est-ce que le Mondial du tatouage représente pour toi ?
Je préfère tatouer chez moi, dans mon studio, au calme.
E.S. : Je soutiens ici Tin-tin, l’idée est de garder cette convention. A l’époque de la première, je bossais chez Tribal Act, j’y suis resté un an. Et ensuite, j’ai travaillé 9 ans chez Tin-tin, je me souviens de ma première participation au Mondial en tant que tatoueur… C’était quelque chose de symbolique. 12 ans après, il organise à nouveau cet événement, ça me paraissait évident de participer. Ces dernières années, j’ai fait de nombreuses conventions, en tant que visiteur. Mais je préfère tatouer chez moi, dans mon studio, au calme. En convention, j’aime mieux venir en visiteur et voir tous mes potes tatoueurs. Quand j’y travaille, comme là, dimanche le dernier jour, je ne prends pas de rendez-vous car je préfère aller voir des amis ou faire de nouvelles rencontres !
Question bonus, est-ce que ça existe un tatoueur non tatoué ?
E.S : Il manque un truc si le tatoueur n’est pas tatoué. Ne pas savoir ce que ça fait d’être tatoué, la douleur – ou non – et juste le fait d’en porter, ce n’est pas trop possible sans, c’est même indissociable. Après, pourquoi pas, tout est possible !
Le site d’Easy Sacha, Mystery Tattoo Club .