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Dubfire : l’interview entre son et image

Son nouveau live “Hybrid”, son regard sur la scène actuelle, ses producteurs français fétiches, don film autobiographie “Above Ground Level”… Ali Shirazinia aka Dubfire nous en dit plus sur lui avant son passage au Big Bang Festival samedi 7 novembre prochain.

Villa Schweppes : Content de venir jouer à Paris aux côtés de Kenny Larkin, Hector et Cesko et Nozen ?

Dubfire : Je suis extrêmement excité de présenter le show Hybrid à Paris et, bien sûr, de jouer avec mes amis Kenny & Hector. C’est aussi la première fois que j’accepte un DJ set en plus de ce live. J’ai réalisé, après avoir fait une dizaine de fois Hybrid, que je suis toujours plein d’énergie après. Et, du coup, toujours partant pour enchaîner avec un set. Et puis, souvent, le public me demande plus qu’une simple heure de live, alors je dois bien essayer de les satisfaire !

Ce thème de l’espace du Big Bang Festival est le cadre parfait pour ton nouveau projet, Live Hybrid, non ?

D : J’ai eu quelques aperçus du lieu et ça a l’air d’être incroyablement sophistiqué et futuriste : parfait pour Hybrid, oui !

Parle-nous justement de ce show visuel mêlant images 2 et 3D et techno. Le VJing (si on peut appeler ça comme ça), c’est quelque chose que tu souhaites plus travailler dans le futur ?

D : Hybrid est le nom de mon premier live sur lequel j’ai travaillé pendant deux ans, depuis 2013. C’est le fruit de beaucoup de boulot avec une équipe de collaborateurs très talentueuse que j’ai rassemblé. En gros, le show est une expérience audiovisuelle unique qui capture l’essence de mon son via un rendu visuels 2D et 3D, créant ainsi une immersion virtuelle. Je suis assez fier du résultat et très excité d’avoir commencé le tour (de 2 ans !) en avril dernier.
Parallèlement, j’ai déjà commencé à “brainstormer” des idées sur un futur album correspondant au live. Hybrid n’est que la pointe de l’iceberg, pour moi…

Tu as 23 ans de carrière derrière toi, c’est ça ? Quel regard portes-tu sur la scène d’aujourd’hui par rapport à celle de tes débuts ?

D : Je dirais plutôt 30 ans de carrière ! J’ai commencé à jouer et mixer dans des groupes dès l’âge de 15 ans !
Mon sentiment, concernant la musique électronique actuelle, c’est que tout le potentiel de ce monde n’a pas encore été atteint. Après, il est clair que la musique électronique – tout comme la culture EDM – est rentrée dans les moeurs, est devenue mainstream. Les gens prennent ça plus au sérieux, maintenant. Et les nouvelles générations et les nouvelles technologies permettent de pérenniser tout ça sur internet. Alors, du coup, de grosses sociétés viennent mettre leur nez dedans, comme SFX (une société qui investit dans de gros festivals électroniques comme Tomorrowland, par exemple, ndlr) qui essaye de contrôler tout ça. Mais notre musique survit depuis des décennies, avec ou sans l’intrusion de ces boites, et on s’en est toujours tirés, économiquement parlant. Il est important de rappeler qu’il y a toujours une alternative au mainstream et se battre contre ça, c’est ce qui a permet pour nous de rester créatif, c’est ce qui constitue le vrai coeur de la musique électronique. C’est juste difficile pour certain de voir au-delà du gros nuage noir que l’on appelle EDM…

Et quel regarde portes-tu sur la scène française, en particulier ? Tu as pas mal défendu les producteurs français et en a même signé sur ton label Sci + Tec comme Paul Ritch…

D : Paul Ritch a été d’une grande aide pour développer le son de Sci + Tec au début. Et il est devenu un bon ami, donc je ne cesserai pas de lui demander de m’envoyer de la musique !
Je suis aussi un grand fan de la musique de Ron Costa à qui il était donc naturel de demander un nouveau single qui succédera à la sortie de son premier EP de 2012. Il a totalement trouvé les bons tracks et je suis impatient à l’idée de le sortir l’année prochaine. Au programme aussi sur Sci + Tec un EP d’un Marseillais : Matt Sassari. Et, bien sûr, dans le passé, j’ai aimé collaboré avec Electric Rescue et Sébastien Leger…
Pour finir, je suis aussi très excité par la prochaine sortie avec Miss Kittin : l’année prochaine, après notre collaboration pour le track “Exit , on sortira ensemble un EP.

Reformer Deep Dish était risqué, oui !

La reformation de ton duo plus “mainstream” Deep Dish en 2014, c’était un pari risqué, non ? Comment est née cette envie de retravailler avec Sharam Tayebi ?

D : Risqué ? C’est clair ! Mais à quoi bon ne pas prendre de risques dans la vie ?! On aurait peut être dû attendre d’avoir plus de matière pour lancer un album, cela dit… On était juste trop excité de relancer la machine, de se mettre à cette production spéciale avec le show de Miami et de faire le single “Quincy”… Mais on sait travailler durement et parfaire la musique que l’on fait ensemble…

Parles-nous de Above Ground Level, le film autobiographique sur ton parcours et ton enfance difficile en Iran. Comment ça s’est fait et pourquoi ?

D : Alors je suis le sujet central du film, mais je pense représenter n’importe quel immigrant qui fuit sa maison d’enfance, commence une nouvelle vie dans un pays étranger et poursuit son (du moins dans mon cas particulier) “American Dream”. Les entretiens dans Above Ground Level explorent avec honnêteté notre industrie qui est toujours ignorée.
Après, j’ai découvert que faire un film représente seulement la moitié de la bataille. Essayer de le sortir en est une autre ! Depuis le début, la seule direction que je donnais aux réalisateurs était de raconter quelque chose d’humain, sans les clichés dont chaque documentaire sur la musique électronique ou la musique en général véhicule de manière beaucoup trop évidente. Et à en juger les premières projections, je pense qu’ils ont bien réussi leur coup !
Mais, évidemment, il y a eu derrière les demandes de modifications et de suppléments de séquence de la distribution, ce qui est tout à fait normal, au passage. Dès que les réalisateurs auront fini, il sera remis à un agent qui la soumettra aux festivals, organisera finalement des projections etc. pour finalement qu’un distributeur permette sa diffusion dans un petit cinéma, en ligne, en streaming et sa sortie en DVD. Quoiqu’il arrive, vous le verrez en 2016 je vous le promets !

Quoi de prévu pour la suite ?

D : Mon emploi du temps est pas mal chargé entre le show Hybrid et des dates qui me feront faire plusieurs fois le tour du monde jusqu’en février. Coté production, mon remix pour Joseph Capriati Fratello vient de sortir et je suis en train de terminer mon prochain single avec Miss Kittin intitulé “Ride”. J’ai aussi commencé à travailler sur un remix du classique “Mouth to Mouth” de Audion. Dès qu’il sera fini, je ferai un remix pour les pionniers de drum & bass, Sound Direct, qui devrait être un grand défi ! Et comme si cela ne suffisait pas, Sharam et moi on tente encore de finir notre album pour Deep Dish depuis l’année dernière.

Dubfire sera en live au Big Bang Festival samedi 7 novembre 2015