Peu importe ce qu'on dira de lui (ou sur ses précédents concerts), Doc Gynéco a fait l'unanimité à Calvi. Ce dimanche 10 juillet, il a confirmé le statut de cet album qui a marqué l'histoire du rap français, Première Consultation. Nous avons eu la chance de le rencontrer, un jour après son concert au Théâtre de Verdure. Interview en terre corse avec l'emblématique Bruno Beausir, 20 ans après la sortie de son célèbre opus.
Je suis resté un enfant et le fait de rejouer cet album me permet de le rester.
Il a son parler si particulier, presque désinvolte. Et en même temps, ce côté si humain, toujours aussi attachant. "Je suis resté un enfant", nous explique Doc Gynéco. "Le fait de rejouer cet album me permet de le rester", continue-t-il. C'est simple : il avoue facilement qu'avec Première consultation, il "replonge dans ses meilleures années".
Alors, bien sûr, cette nouvelle tournée est une façon d'annoncer son retour, et surtout, son prochain album prévu pour 2017. Mais derrière la personnalité atypique de cet ancien du Ministère Amer, se cache bien d'autres horizons. Aujourd'hui, le public du rappeur est différent. Les jeunes adolescents d'hier sont devenus des adultes "accomplis et dans la vie active". Mais Doc Gynéco a envie de convaincre et d'aller plus loin. "On m'a dit que les jeunes des quartiers n'allaient pas en concert, j'aimerais trouver un autre moyen d'atteindre les gens".
Mais, en attendant, il continue d'aimer son public. Dimanche, au Théâtre de Verdure, le rappeur a enchaîné les titres ( "Vanessa", "Nirvana") en A cappella, refusant même de partir de scène. "Merci beaucoup, vous restez des enfants, je vous aime !", lançait-il à la foule dimanche dernier. Une chose est sûre : Doc Gynéco nous réserve encore bien des surprises. Et pour s'en rendre compte, il suffit de le rencontrer...
Je pense que j'ai loupé Gainsbourg
Villa Schweppes : "Viens voir le docteur non n'aie pas peur", tu as peur de qui aujourd'hui ?
Doc Gynéco: De moi ! Qu'est-ce que je vais pouvoir encore faire comme conneries ? Je ne sais pas. Mais, dans tous les tout cas, soyez sûrs, je vais faire encore des conneries, ne vous inquiétez pas !
Qu'est devenu "Vanessa" ?
DG : Vanessa ? Vous savez tous qu'elle m'a quitté pour un milliardaire d'Hollywood qui lui même s'est fait piqué un peu de ses sous. J'ai cru voir ça dans Voici (Rires). Alors, est-ce qu'elle est capable de m'aimer en sachant qu'elle va avoir une pauvre existence ? C'est ça l'amour, pour moi.
"Classez-moi dans la variet'". Où est ce que l'on te classe aujourd'hui ?
DG : C'est une question intéressante. Tu sais, Il y'a des oeuvres d'art pointues qui sont normalement sensés être comprises uniquement par une élite et, pourtant, Picasso est beaucoup plus connu que Partrick Sébastien. La vraie question est : à quel niveau on classe la variétés ? Mais ça, il faut le demander à des auteurs ou à des journalistes. Je me suis déjà posé cette question mais je n'ai pas trouvé de réponses. Les gens les plus simples se dirigent parfois vers des oeuvres complexes. Alors je ne sais pas ce qu'est le populaire ni la variété.
"En fait, on était des potes mais on allait trop loin dans l'amitié." Doc Gynéco en parlant du Ministère Amer
"Nirvana". Avec quel artiste décédé aujourd'hui aurais-tu aimé avoir l'occasion de partager la scène ?
DG : Je suis arrivé dans la musique juste après Mitterrand que je considère comme un artiste. Et aussi juste après Gainsbourg. Je suis entré dans la musique seulement quelques années après son décès. Je pense que j'ai loupé Gainsbourg. Il m'aurait un peu tiré les oreilles et il m'aurait appris des choses.
Est-ce que la vie, est "plus" ou "moins" amer sans le Ministère ?
DG : On va dire que je préfère avoir comme ami aujourd'hui une femme plutôt qu'eux comme quand j'étais plus jeune. En fait, on était des potes mais on allait trop loin dans l'amitié. On dormait ensemble, on mangeait ensemble, on pensait qu'on allait finir nos vies ensemble. Et, en fait, ce n'est pas possible. Je préfère avoir une femme amie.
Est-ce que tu te souviens de la première fois de "ta première consultation", c'est-à-dire de la première fois où tu as performé cet album devant un public ?
DG : Aujourd'hui, je crois que ça n'existe plus mais j'ai fait mon premier showcase au Virgin Megastore sur les Champs-Elysées.
"Passement de jambes" Tu as pensé quoi du match ?
DG : C'est une extension de la politique, ça devient trop sérieux ! À un moment, le mec il loupe un penalty et toute sa vie est remise en question : "C'est toi qui a loupé un penalty en 2016!". Bien sûr, j'ai adoré mais il faut que ça reste un jeu.
Et enfin, est-ce que Calvi "ça le fait" ?
DG : Oui, bien sûr! C'est ma première fois ici. Je suis ici plus particulièrement grâce à Navid Nahed qui a proposé à mon tourneur et Edouard Rostand de m'inviter. Et j'en suis très content !