Parce que le rap jeu n’allait pas se contenter des Young Thug ou Rich Homie Quan pour miauler dans les chaumières, Ilovemakonnen introduit en 2014 ce que beaucoup essaieront de copier par la suite.
Cela fait un an que son nom désagréable pour la mémoire interpelle le regard sans que l’on prête attention à lui. Puis il y a deux mois de cela, l’incroyable “Maneuvering” nous tombait entre les mains. Ce qui devait arriver, arriva. Nous nous demandâmes “qui est ce bestiau à la voix rouillée ?” et nous découvrîmes un artiste comme le rap n’en compte aucun autre…
Pas un rappeur de plus, pas un miauleur, Ilovemakonnen est un sorcier, un artiste au parti pris affirmé, réalisant aussi bien des peintures (type tueur en série à la fibre artistique) sur des visages de mannequins (de vitrine) qu’un énorme pas en avant dans un genre sclérosé qui n’avance que par explosion.
Drake en parrain
Originaire de L.A installé à Atlanta, Ilovemakonnen est un artiste singulier au parcours qui en l’est pas moins. Cette gravité dans le thème, timbre, le ton qui l’assiérait en Nick Cave du peura avec la nonchalance d’un Future vient de sa construction en tant qu’individu. Il y a quelques années de ça, au matin de sa majorité, Ilovemakonnen fût accusé du meurtre d’un de ses amis. Un accident qui ne sera reconnu que plus tard en tant que tel et qui laissera un traumatisme indélébile.
S’en suivirent un temps en prison puis une assignation à résidence, dans le block où tout se produisit, dans un climat d’isolement physique comme moral, personne ne souhaitant côtoyer un meurtrier. C’est dans ce contexte, dépressif au dernier degré, qu’ILoveMakonnen commença à écrire et produire sérieusement. Quelques années plus tard, après des mois (voire années) à écrire sa légende sur Tumblr, Ilovemakonnen s’est créé une fanbase d’inconditionnels. Son rap de chambre, son timbre de goitre, son flow rampant et boiteux lui ont rapporté les soutiens de producteurs influents comme Metro Boomin et le soutien de Drake. Oui Drake. Drake qui ne s’est pas contenté d’un gentil message Twitter et a affiché toute la confiance détenu dans le potentiel du bonhomme en ne l’invitant pas sur un de ses titres, non, mais en sautant sur l’un des siens : le remix de “Club Going Up on a Tuesday”.
Tissant, EPs après EPs, un pessimisme, fait de romantiques peintures de ses échecs, de défaitisme magnifique dans ses titres, ILoveMakonnen s’est installé dans le paysage hip hop sans avoir à montrer les muscles, avec tendresse, sans armes, misogynie ou argent sale. Une amertume et une douleur rare dans le genre et certainement un patron du rap à venir.
Avec Drake :
Sans Drake