Alors que son nouveau maxi “Roy” sort le 23 juin sur l’indéboulonnable label Beat X Changers, on a envoyé quelques questions à Neue Grafik. Évidemment, on vous livre l’une des clés de voûte du disque, l’étrange et irrésistible “Dan Kanaka”.
Faut-il encore présenter l’hyperactif Neue Grafik ? Constamment calé derrière les booths de fêtes recommandables, protégé de S3A, co-leader de la nouvelle sensation Vertv… le producteur commence à sérieusement endosser le costume de figure de proue du renouveau de la club music parisienne. Alors qu’il sort prochainement Roy sur la maison, au moins de disque, sinon de coeur, Beat X Changers, on vous livre l’un des tubes du maxi en avant-première. L’occase d’échanger quelques mails avec ce fier parisien qui commence sérieusement à voir du pays.
Villa Schweppes : Comme Monomite dont tu viens de sortir le disque sur Vertv, tu envoies bouler le cadre de la house sur ce maxi. De quoi t’es-tu nourri, musicalement, pour ce disque-ci ?
Neue Grafik : C’est un disque assez personnel, comme tout ce que je propose sur Beat X, j’avais envie qu’il raconte une histoire, que ce soit à la fois imagé et ouvert. Ils m’ont laissé pas mal de liberté et la plupart de ces morceaux ont une intention. La house c’est cool mais j’ai jamais réussi à m’enfermer dans un style.
Cette série est marquée par Blade Runner. Roy est le deuxième volet d’une trilogie qui a pour thème les Nexus 6 et leur fonction. Le premier était Pris et je travaille sur le 3ème. J’ai été inspiré par une vision de l’Afrique à travers les légendes et par les questionnements autour de la figure paternelle et tout ce qu’elle représente. Les danseurs aussi ont été très important.
Après musicalement j’écoute énormément de jazz, de hip hop et des musiques brésiliennes à la maison. Ça a très certainement du m’influencer. Et c’est une période durant laquelle on a fait beaucoup de musique avec les potos, Labat, Wayne Snow, Rafiki, Mad Rey, Monomite… Des vibes musicales et humaines qui ont été très inspirantes.
“L’amour” est un pur beat de rap old-school, c’est un terrain qui t’inspire ? Tu te verrais produire pour des instrus pour des MCs ?
Le hip hop est revenu dans ma vie en même temps que la jolie personne qui m’accompagne au quotidien. J’en ai énormément écouté plus jeune et j’ai redécouvert avec une autre oreille tout ce que cette musique a infiltré dans notre société. Et les bons là-dedans ont une culture musicale assez démentielle, la culture du “dig”, la recherche des bons disques quel que soit le style. Et c’est très important pour moi de rester ouvert.
Sinon je suis toujours ouvert aux MC, et Madlib est quelqu’un qui m’a énormément inspiré ces dernières années. Je pense que c’est le projet hip hop que j’ai le plus décortiqué. Justement parce qu’il part bien au delà du hip-hop et qu’il est extrêmement passionnant à suivre.
À quel moment as-tu décidé de nommer le morceau qu’on révèle aujourd’hui du nom du double fantasmé d’un tueur en série ?
À la base ce morceau c’est une jam mal enregistrée dans ma table de mixage. C’est sorti en moins d’un quart d’heure. À la fin je criais tout seul dans le studio. Au début le morceau s’appelait “colère”. Et je suis retombé sur cette histoire du meurtrier qui a innocenté Marc Machin. Sagno, un tueur qui écrit de la science fiction, s’inventant un double invincible, faisant des rituels macabres pour justifier ses crimes. L’idée collait pas mal avec ce morceau. Bon après je suis un mec détente dans la vie hein…
Tu commences à avoir pas mal de dates à l’étranger. As-tu pu retrouver un bouillonnement house comme celui qu’on vit aujourd’hui à Paris ?
J’ai adoré joué au fin fond de la Russie, à Kazan. J’ai eu l’impression qu’ils n’avaient pas tant l’habitude que ça d’avoir cette musique dans les oreilles et de voir un live avec deux MPCs. Le passage à la douane a été “compliqué”, mais c’était vraiment super intéressant. Et Berlin, ça reste une ville surprenante aussi. Avec Wayne Snow on est allé à l’Homopatik et c’est une vision très poussée du club, plus libre, plus ouverte, c’était vraiment très cool.
Mais c’est vrai qu’il y a quelque chose qui se passe à Paris qui reste incroyable autour de cette musique, à Lyon aussi, des collectifs se montent, des labels, des distribs. Et les gens se mettent à vraiment connaître et aimer cette musique. Il y a un esprit de partage, d’envie, qui nous font faire des disques qui sortent des sentiers battus. En solo en tant qu’artiste ou en tant que DA de Vertv c’est un vrai challenge et ça reste réellement passionnant.