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Crazy P : “Le disco a quelque chose d’éternel”

Le duo anglais Crazy P était à Calvi, sur la plage Villa Schweppes, pour un set des plus disco ! On a pris le large avec Chris et Danielle pour revenir sur leurs 20 ans de carrière, et sur “Walk Dance Talk Sing”, leur septième album.

À Calvi On The Rocks, on n’était pas trop mal entourés. Pour le premier jour de festival, le duo anglais Crazy P a fait souffler un vent de disco sur Mar A Beach (on ne vous dira pas ce que signifie ce “P”, Google est votre ami). Une petite heure avant que Chris et Danielle ne prennent place derrière les platines, nous les avons emmenés au large pour parler de leur parcours, de disco et de leurs souvenirs de tournée.

Villa Schweppes : Bonjour Crazy P ! Nous, en France, on a Busy P, vous le connaissez ?

Danielle : On a entendu parler de lui, oui. Mais on ne sait pas exactement ce qu’il fait, en fait.

Villa Schweppes : Peut-être que vous le connaissez mieux sous le nom de Pedro Winter. Il est à la tête de Ed Banger Records !

Chris : Mais oui ! On doit dire que le surnom nous était un peu étranger… (rires). On ne le connaît pas personnellement mais on a entendu beaucoup de bien à son sujet ! Justice, Daft Punk etc. C’est bien ça ?

Villa Schweppes : Oui, Justice fait partie d’Ed Banger. D’ailleurs vous partagez avec le duo un certain amour du disco. C’est plus marqué chez vous, d’autant plus que vous faites ça depuis plus de 20 ans… Mais, au fait, ils sont où les autres membres du groupe ?

Danielle : Quand on voyage pour des sets de ce genre, on ne voyage pas avec toute la troupe, malheureusement. Ça reviendrait trop cher. Quand la scène est trop petite, c’est difficile de bien s’organiser derrière les platines. Donc, habituellement, c’est Chris, James et moi qui nous occupons de cette corvée (rires). Tim et Matt ne sont pas toujours là, donc.

Le disco a quelque chose d’éternel

Villa Schweppes : D’accord ! Pour en revenir à ce qu’on disait tout de suite, cet amour du disco, d’où ça vient ? Vous êtes influencés par d’autres artistes qui s’en inspirent aussi ? Chez nous, on pense automatiquement à Cerrone, par exemple…

Chris : Absolument ! C’est un maître des années 70 et 80. On ne l’a jamais rencontré, malheureusement !

Danielle : Est-ce qu’il voudrait bien, déjà, nous rencontrer ? Telle est la question !

Chris : Pourquoi pas ! En plus, il a sorti quelque chose récemment. On l’admire tous chez Crazy P, en fait. On joue beaucoup ses morceaux.

Danielle : Il y a un truc dans cette époque qui fait qu’elle est éternelle. À l’inverse, quand je pense à la house des années 90, je n’ai pas le même sentiment. Ça n’a pas le même effet “classique” qu’a le disco sur moi.

Villa Schweppes : Calvi est peut-être l’endroit idéal pour jouer de tels morceaux, alors… C’est votre première fois ici ?

Danielle : Oui, c’est notre première fois à Calvi et on espère revenir !

Quelle est la résonance du festival, en Angleterre ?

Chris : Pour être honnête, on ne connaissait pas très bien avant de venir. Mais en parlant avec les gens, on remarque tout de suite que c’est un festival avec un charme incroyable. Et puis, dans notre entourage, tout le monde nous l’a conseillé.

Danielle : Et puis, pour notre défense, ce n’est pas facile de s’y retrouver quand tu joues en Pologne un jour, en Espagne le lendemain et que tu enchaînes avec la Croatie, la France et l’Allemagne dans la même semaine. Mais on est très agréablement surpris par l’ampleur du festival. Sur une si petite île, voir tous ces gens s’éclater, c’est très cool !

Chris : Dès qu’on a eu ces recommandations de nos amis, on était pressés de venir, on doit l’avouer. C’est si beau…

Villa Schweppes : De quoi fêter votre 20ème anniversaire dans un cadre qui change un petit peu de la grisaille britannique…

Chris : Touché ! (en français dans l’interview, ndlr). Oui, pratiquement 20 ans. Un joli anniversaire qui nous fait nous souvenir de notre rencontre.

Crazy P

Crazy P

Villa Schweppes : On imagine que vous avez des souvenirs savoureux à partager avec nous…

Danielle : Il y en a vraiment beaucoup !

Chris : Des milliers… Par où commencer ? Les tournées, c’est exceptionnel, je pense… Avant, quand on faisait plus de lives et moins de simples sets, on voyageait au complet et c’était parfois… mouvementé !

Danielle : En 2005/ 2006, c’était l’éclate ! On faisait la première partie de Faithless et on a tourné avec le groupe. C’était fou : tous les jours, il y avait quelque chose de marquant. Voyager avec les mêmes personnes pendant un si grand laps de temps, ça crée quelque chose.

Chris : Oui, tu es comme dans une bulle, en fait. Tu fais les pires choses du monde sans vraiment freiner parce qu’en tournée, l’exceptionnel devient la norme.

Danielle : Comme on dit : “Ce qui se passe en tournée, reste en tournée”. À vrai dire, c’est une belle expérience. Tu partages tes émotions, tes frustrations et tes bonheurs avec les mêmes personnes jour après jour. C’est comme voyager – parfois pendant 8 heures sans pause – en famille dans un minivan. Ton instinct animal reprend le dessus, presque ! Tu oublies les codes de la vie sociale.

En tournée, tu oublies les codes de la vie sociale

Villa Schweppes : Durant ces 20 années, votre musique a pas mal évolué… Vous nous en parlez ?

Chris : (Il réfléchit). Je ne sais pas, en fait. Ça ne s’est pas fait de façon consciente. On a commencé avec quelque chose de très basique. On n’avait pas tellement d’équipement et on se basait beaucoup sur les samples. Mais peu de temps après notre rencontre avec Danielle, on s’est mis à écrire encore plus de morceaux orientés pour les lives. On a même essayé de devenir un peu plus commerciaux !

Danielle : Voilà ce qui arrive quand tu fais de la musique pour “survivre”. Pour l’argent.

Chris : Oui, on a tenté d’avoir ce single révélateur aux oreilles d’un public plus large mais on a fini par corriger le tir. On fait de la musique sans se soucier de quoi que ce soit, maintenant. On fait la musique qui nous amuse, la musique qu’on veut entendre.

Villa Schweppes : La boucle est bouclée, alors.

Danielle : Exactement !

Chris : C’est vrai, on se soucie de moins des choses.

Danielle : Et puis il y a aussi le fait qu’en grandissant, tes goûts s’élargissent un peu plus. Tu mélanges tout : la country, le rock, le hip hop… Tes influences sont beaucoup plus grandes. Tu ne te dis plus : ‘je veux de la musique club du matin au soir’, non. Tu écoutes tes émotions et tu te fais à l’idée que la musique peut parfois être douce, tout en restant bonne ! Ça fait aussi partie de tes expériences d’adulte. La musique en devient peut-être un exutoire.

Villa Schweppes : Votre dernier album en date est Walk Talk Dance Sing… Mais si vous deviez n’en choisir qu’un sur les quatre, lequel serait-ce ?

Chris : Ah ! Très bonne question… (rires). Hum, je dirais… (Il réfléchit).

Danielle : Dance !

Chris : Si tu peux marcher, tu peux danser et si tu peux parler, tu peux chanter…

Danielle : Oui mais tu ne réponds pas vraiment à la question, là.

Chris : Je sais, j’essaie juste d’expliquer aux gens pourquoi on a appelé notre album ainsi !

Villa Schweppes : À l’heure actuelle vous préféreriez être sur la plage à danser ou est-ce que vous êtes plus heureux à nous parler pour une interview…

Danielle : (rires) On apprécie grandement la discussion mais on mentirait si on disait qu’on ne préférerait pas danser ! Pas vrai, Chris ? Quand je suis en club et qu’on essaie de me parler, je suis grognon. Je communique en dansant, en fait.

Chris : Je vais faire mon politicien et je vais répondre “running”. Si tu peux courir, tu peux danser très vite.

Danielle : Quel tricheur !

Villa Schweppes : On vous libère bientôt, alors… Avant, une dernière question : vous êtes chez !K7 et cet album est votre septième opus. Message caché ou simple coïncidence ?

Danielle : Si tu joues tout l’album à l’envers, tu entends plein de messages subliminaux (rires).

Chris : Je n’avais même pas fait le lien mais, maintenant, on pourra faire semblant que tout est calculé…