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Construct Re-Form : label d’architecture en techno

A l’occasion du Weather, nous rencontrons Zadig, patron de Construct Re-Form et éleveur des champions de la techno de demain.

Certains prêchent ou racontent que l’amour dure trois ans et pourtant il est de ces labels comme Construct Re-Form qui vous prouvent le contraire. Monté en 2011 “avec le soutien de la team Syncrophone“, Construct n’a pris forme qu’au jour où ses trois piliers – Antigone, Voiski et Birth of Frequency – vinrent s’inscrire dans ses fondations. “À la base, il n’y a pas de concept particulier” raconte Zadig, le fondateur, tout en précisant néanmoins qu’un point cardinal de la maison est “que tous les disques qui sortent du label puissent être écoutés aujourd’hui comme dans dix ans, qu’on ne se dise pas que c’est daté. La musique de qualité est intemporelle, tu peux ressentir une période précise en l’écoutant mais sa justesse fait qu’elle traverse le temps sans jamais se défraichir“. Construct Re-Form cherche à trouver dans son temps de quoi le traverser, lui survivre, une notion que l’on retrouve dans la musique de Sylvain Peltier lorsqu’il produit en tant que Zadig : “mes influences sont très 90’s, il y a une certaine forme de classicisme. La techno doit répondre à un certain nombre de critères inconscients pour me toucher. Depuis vingt ans que j’écoute cette musique, je pense faire la différence entre ce qui va rester et ce qui va passer et je retrouve des dénominateurs communs dans tous les morceaux qui traversent le temps. Je crois que j’identifie ce qui rend un morceau datable et consommable et j’évite de faire de la musique consommable”.

Tous les disques qui sortent du label doivent pouvoir être écoutés aujourd’hui comme dans dix ans, qu’on ne se dise pas que c’est daté.

Techno mentale

Sa techno, justement, Zadig l’aime “mentale” – choses partagée avec sa famille du label – directe, nourrie d’intuition, de spontanéité, où Zadig tient à produire comme on agite un pendule : “je travaille d’une manière très intuitive et rapide, j’essaie de formuler la première image que je me fais d’un morceau du premier coup, il n’y a donc que très peu de détours entre l’idée et le résultat. Je pense que c’est pour cette raison que ma musique est souvent mentale. Après tu peux travailler différemment et arriver à quelque chose d’hypnotique“. Une techno qui, si elle ne trouve pas encore sa traduction, sa signature typiquement française (au sein d’une scène notamment), parvient à s’enraciner dans nos terres du fait d’un terreau de plus en plus riche et fertile selon Zadig : “Internet a ouvert le torrent de l’information. On peut tout trouver sur tout en quelques clics donc il me paraît logique que l’érudition soit en progression ici. De plus, cette musique commence à avoir un passé conséquent, les nouvelles et anciennes générations d’artistes et de passionnés se côtoient, s’inter-influencent” tout en ajoutant que le rayonnement français commence à se remarquer à l’international : “lorsque tu vas à l’étranger, les gens te parlent de la France, et regardent ce qui s’y passe et ça n’était pas arrivé depuis longtemps, je pense“.

Internet prend et redonne

Un amour naissant ou renouveau qui se cherche encore et tient à conserver son underground, non pas se valoriser en se cachant du regard de tous mais dans son engagement et son intégrité artistique : “l’underground est avant tout une question d’état d’esprit, garantir une honnêteté dans sa démarche, ne pas altérer ce que l’on fait pour de mauvaises raisons (argent, reconnaissance), on crée quelque chose pour le faire exister tout simplement, parce qu’on en a besoin“. Une ambition sans compromission faisant que la structure maintient son autonomie en se calquant sur la demande tout en s’adaptant aux circonstances actuelles. Comme l’explique Zadig : “c’est une micro-activité, les quantités pressées sont très petites, quelques centaines de copies seulement, on rentabilise et on fait un peu de bénéfices pour le label et les artistes mais c’est anecdotique honnêtement. On est très loin des scores des années 90 où là on parlait de milliers. Mais c’est suffisant car au final, la musique s’exporte bien et ce qu’Internet prend avec le téléchargement, il te le redonne d’une autre manière. Donc on peut dire que les disques servent plus à la promotion qu’à alimenter une économie“.