Paris nous t’aimons mais le week-end dernier, nous avons pris quelques distances. La raison ? Des Nuits Électriques à Lille avec Tellier, Cassius et Jimmy Edgar.
Samedi dernier voyait se dérouler la soirée principale du festival des Nuits Electriques qui pour sa troisième édition ne s’égare pas en timidité : un sommet de la pop (Sébastien Tellier), un fondement de la french touch (Cassius) et une bombonne de sex appeal à moustaches (Jimmy Edgar). 2000 personnes réunies, sur une jauge de 2400 personnes, dans la pépinière de Grand Sud, ruche implantée à l’écart du centre, dans un quartier en pleine réinvention.
Increvable Tellier, Gainsbourg des temps modernes
Si l’accueil a été plus que chaleureux et que la foule s’embarrasse en courtoisie, on vous évitera tous les poncifs et écueils sur les gens du Nord (et on ne chantera pas d’Enrico Macias), la nuit devait être électrique, la foule l’était tout autant. Arrivés en plein Tellier, nous constatons que Seb est à l’épreuve des tournées. Increvable et dans une traduction scénique parfaite (mention tendresse sur la longueur pour “Revoir Oursinet“), Tellier traverse tous ses albums comme on enchaine des perles sur un collier. L’occasion de constater qu’ici nous n’aurons pas des sets d’une heure – type usine festivalière – bavés à la hâte par des tacherons pressés d’en finir. Est prévue une compilation de lives, d’une heure et demie ou plus s’il le faut. C’est le nécessaire pour apprécier un Tellier amusant, éméché, brillant, infaillible, où parfois même, on se surprend à déceler un Gainsbourg des temps modernes. Et il faut au moins une “Ritournelle”, pour se rappeler qu’un public peut fondre massivement en grandes eaux.
Darius retourne le Grand Sud du Nord
Changement de plateaux. Errance. Vagues discussions – “c’est passé Isaac Delusion ?“, le pass presse accroché pousse aux “tu bosses pour qui ?” – pas mal de coquetteries, du parfum, nouvelle errance, Darius arrive. Le dernier soldat de Savoir Faire, tape et retape jusque dans les recoins, la salle est retournée. C’est-à-dire que le bonhomme est un descendant direct de la french touch, un héritier des Crydamoure, cette house qui pousse dans le funk. Quinze ans après la bataille, Darius fait toujours fumer les tranchées. Le public sera d’ailleurs généreux en compliment, on entend ici et là “qu’il défonce” (pourquoi pas ?), d’autres le remercient, lui navigue dans le public, un garçon accessible, comme son set. Jimmy Edgar doit se présenter sur la scène, nous discutons avec lui : charmant, même chopé au réveil…
Jimmy Edgar, liquide sexy
Edgar est sur scène. Le machin peut être un vrai liquide sexy, cependant quelques pas de jumpstyle (un individu isolé) dans la salle vous rappellent que, oui, vous êtes bien dans le Nord. Jimmy Edgar devient massif avec le temps et dans l’ascension de son set ; lui qui aborde et habite avec beaucoup de sérieux et d’ésotérisme l’esprit du club, offre une nette distinction entre légèreté et frivolité. Chez Edgar, il y a une agilité, une sveltesse, ses sets hyper hormonaux ne versent pas dans le libidineux.
Quelle heure est-il ? Nous ne savons plus. Seule certitude Cassius est sur scène, le changement d’heure fourvoie. Et ce que l’horloge ralentit, le duo l’accélère. Autre certitude, le Nord gagne un autre festival pour se joindre au NAME.
Le plus de la soirée : les prix au bar. L’atmosphère bonne enfant.
Le moins de la soirée : de l’avis de tout le monde, un système sanitaire terriblement engorgé.
La phrase de la soirée : “c’est passé Isaac Delusion ?“
La rencontre de la soirée : Jimmy Edgar et le staff cool des Nuits Electriques.