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Chébran : l’incursion salutaire de Born Bad Records dans les clubs

Le plus gros label de rock en France peut aussi vous faire danser. En témoigne Chébran, intouchable compile de “boogie français”.

Comme il nous le racontait il y a un an, JB Wizz a suffisamment installé la “marque” Born Bad Records pour prendre des risques artistiques, loin de sa ligne rock initiale. Son travail de compilation oldies prend justement aujourd’hui une tournure inédite avec Chébran, sélection de morceaux 80’s de pré-rap fondamentalement club.

Echo français à la transition entre le funk et le hip hop aux Etats-Unis, la production que le label livre aujourd’hui est rassemblée sous l’etendard bâtard “Boogie” : réunie sur deux disques, la sélection répond à la Disco Sympathie de Versatile et au Quartier Choc de Gravats, completant le réhabilitation de ces tracks aussi séduisantes que maladroites, marquées par la bonne humeur obligatoire et la naïveté sur contrat.

La soupe d’hier devient le régal d’aujourd’hui à travers la sélection menée ici par Fred de Serendip Lab, à qui il faudrait définitivement offrir une chaire d’histoire de la musique moderne. Comme à son habitude, celui ci fait la part belle aux morceaux tordus : derrière le feelgoodism de circonstance, il y a aussi des textes horrifiants, traitant par exemple du viol au détour d’une cocotte funk, faisant évoluer derrière des pieds irrésistibles une galerie de dépressifs aigus.

Du plomb en or

Mais surtout, cette audace dancey de la maison de Romainville fait mouche : voilà un recueil qu’on peut poser sur la platine au salon comme en club sans crainte. Si l’ensemble de ce corpus de dix-huit titres s’avère un peu indigeste à l’auditeur attentif, il ne fait nul doute que des bombes comme celle de Pierre Edouard (déjà repérée l’an passé par Prieur de la Marne) ou de Bianca rentreront immédiatement dans vos playlists.

Du popu raté qui prend toute sa dimension une fois récupérée dans les sphères opposées, du plomb transformé en or : Chébran est branchée, et c’est bien la première fois que cette musique l’aura été.