Carry Nation : le premier Speakeasy de France est à Marseille

Si vous cherchiez les origines de la vague des bars cachés en France, votre enquête risque vite de vous mener jusqu’au Carry Nation, l’un des tout meilleurs spots cocktail de la ville et l’un des tout premier du genre en France.

C’est d’abord face à une boutique de souvenirs abandonnée, gardée par une porte à code, que fait face l’aventurier qui veut trouver le bar. Une fois celle-ci passée, un accès encore dérobé. On n’avait pas vu de telles précautions depuis le 4ème Mur, à Montréal : au Carry Nation, on ne se revendique pas Speakeasy avec le dos de la cuillère.

Si Marseille est souvent représenté comme cadre d’un mode de vie plutôt hédoniste, les vraies bonnes adresses à cocktails s’y font pourtant rare. “La culture cocktail se développe de plus en plus, mais ça a pris du temps”, nous confie Nicolas Margeot, bar-tender et associé du Carry Nation.

Ce speakeasy a ouvert en 2011 et fait partie, à l’échelle nationale, des précurseurs en matière de bar typé prohibition. S’il a pu inspirer aux quatre coins de l’hexagone, il aura pourtant fallu 5 ans pour que le lieu fasse des émules en ville, avec l’annonce d’un premier véritable concurrent d’ici la fin de l’année. Mais leur position de pionniers leur a laissé le champ libre pour s’approprier le nom d’une figure clé de l’histoire du bar américain.

Carry Nation était en effet une militante anti-alcool qui a détruit des dizaines de bars à la hache au début du siècle dernier et lancé la dynamique prohibitionniste. “Elle a permis involontairement la naissance de la scène cocktail européenne, puisque tous les bons barmans ont migré sur le continent après l’interdiction de l’alcool aux Etats-Unis”.

Une carte référencée

Précurseur du registre, donc, mais aussi fidèle aux usages qu’impose un voyage à travers l’histoire des mélanges : la carte suit les différentes périodes de cet art contrarié : “On travaille spécifiquement des cocktails pré-prohibition, prohibition. On va jusqu’aux Tiki, qui sont arrivés par la suite”, explique-t-il. À tout ceci, la maison ajoute quelques créations, et le tour est joué : la carte fait la joie des amateurs marseillais.

Il faut dire qu’en matière de mélange, les gens derrière le bar savent y faire. À la tête du lieu, il y a notamment, Guillaume Ferroni, un homme qui a poussé la passion des produits de bar jusqu’à fonder une distillerie sur ses terres marseillaises. Face au créateur, notamment, d’un rhum local plus que recherché, il va sans dire que l’amateurisme ne ferait pas illusion. Et ça ne rate pas : on se régale avec le Dark & Stormy et le Red Pepper Décadent servis avec une main de maître. On sait alors parfaitement où on se trouve : voici la référence cocktail de la ville.

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTE. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.