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Cabinet de Curiosité #0

Le Cabinet De Curiosité, c’est cette Chambre Des Merveilles où chaque semaine nous piochons dans l’actualité les artistes cultivant un certain goût pour l’hétéroclisme, l’inédit, l’innovant, l’avant-garde voire le bizarre. Première pièce.

Raury, le növö-Kanye West

A Atlanta, tout n’est pas trap. Et lorsque le south n’est plus dirty, il peut s’avérer carrément lumineux. Bonne preuve avec ce petit bout d’homme de 17 ans, novo-Kanye West en puissance dont le premier single s’écoute les bras en l’air, le nez tourné vers le ciel. Et s’il inspire le Yeezus dans la production, Raury tient même l’aura et les propos d’un prophète. A plus forte raison lorsqu’il hurle ” I’m your saviour ” dans le single susmentionné. Et si le message s’adresse au rap, il pourrait bien être dans le vrai.

Le premier EP de Raury, sortira dans le courant de l’été.

Luke Abbott, paysagiste de la techno

Chez Border Community, on aime la techno luxuriante et pastorale. Nous pourrions même nous aventurer à dire que James Holden – le patron du label – est le jardiner à l’anglaise de la techno et qu’il en va de même de ses ouailles. Pilier et pensionnaire historique du label, Luke Abbott revient à la maison après quelques EPs de vagabondage pour un nouveau long format titré d’après le centre d’art où Abbott était résident en 2012. Et à l’écoute du single – plutôt une errance de douze minutes – l’engin semble porter son nom. Prog cheloue et pensive autant qu’ambient nuageuse, Abbott inscrit son retour sous le signe du paysage sonore contemplatif et fascinant. D’ores et déjà Luke nous tient sous s’Abbott.

Wysing Forest sortira le 23 juin chez Border Community.

Opera Mort, peinture vivante

Duo confidentiel signé sur un label confidentiel, Opera Mort, ça n’est pas le loup blanc. Il faut dire que lorsque l’on est aussi jusqu’au-boutiste que le duo formé par Jo Tanz et Laurent Gérard (deux compatriotes gaulois), on n’attend pas les trompettes de la renommée à sa porte. Il y a ce nom déjà – mise en garde géniale et allégorique – et puis il y a le son, quelque chose d’un conte de la crypte en électronique entre l’aspiration abyssale et la descente d’organes. Déconseillé aux femmes enceintes et personnes âgées.

Opera Mort sortira son premier album Dédales, le 14 avril chez Alter.

Schoolboy Q et les mots sales

Schoolboy Q aime le beau verbe et la langue fleurie. Néanmoins Schoolboy Q aime quand les choses qui l’environnent sont des putains de choses. Voilà pourquoi il explique son mot préféré sur terre, fuckin, à une marionnette hideuse et idiote, pour que vous, les enfants, puissiez apprendre en vous amusant. Absolument absurde.

Throwing Snow, bass température

Si dans l’underground de l’underground, Throwing Snow épate la galerie depuis quelques temps en tant que Tones, ses confections de lanceur de neige n’en sont pour l’instant qu’à leurs balbutiements. Un premier LP arrive d’ici peu sur un sous-label de la Fabric (le club labyrinthe de Londres où vous ne pouvez pas ne pas être allés) Houndstooth, et ça s’annonce aussi céleste, unique, cristallin et glacé qu’un flocon. Voilà en somme un individu qui ne fait pas mentir son nom de scène. Et puis quel clip…

Throwing Snow sortira son premier EP Mosaic, le 2 juin, chez Houndstooth.

Karen Gwyer, mindfuck magnifique

Chez l’artiste du Michigan (installée à Londres), Karen Gwyer, on se demande ce qu’il y a de plus étrange (tout court) : les images que sa musique évoque ou celles qu’elle appose dans ses clips. L’an dernier, elle réalisait le génial Kiki the Wormhole (on vous laisse apprécier le titre…) chez Opal Tapes, maison réputée pour son audace. Elle est revenue cette année chez No Pain in Pop avec cet engin de l’enfer, troublant et fascinant, accompagné aujourd’hui de ce mindfuck que l’on hésite à qualifier de clip. Des soundscapes synthétiques et symphoniques qui s’insinuent en l’auditeur et le tiennent avec ou sans son bon vouloir. Vous nous haïrez passées cinq minutes, puis nous remercierez à l’issue des quinze.

Marco Donnarumma, la musique dans la peau

Marco Donnarumma n’est pas le genre d’homme-orchestre à trimbaler un tambour en sac à dos et à finir son set avec un envolé de colombes. Non, chez Marco, l’orchestre, c’est son corps. Avec un système de son invention, Donnarumma parvient à amplifier les impulsions que produisent ses muscles et à les convertir en sons. Son instrument s’appelle le ” Xth Sense “, machine intrigante avec laquelle il tente sur scène de questionner le rapport de l’auditeur à son corps.