William Essef, alias Bamao Yendé, c'est celui qui a électrifié la nouvelle scène club française (pré-Covid). DJ, producteur, et véritable activiste de la fête parisienne, il s'est affirmé au sein du collectif YGRK avant de monter son propre label, Boukan Records. Entre house, grime, bass music, afrobeat et UK garage, il balance ses sons sur Soundcloud accompagnés de clips barrés sur YouTube. Récemment, il a dévoilé 55 degrees, un EP enregistré aux côtés de son acolyte Le Diouck. Interview.
C'est quoi l'histoire derrière ton nom ?
BAMAO YENDÉ : Alors Bamao c'est purement phonétique et Yendé c'est en référence à mes origines camerounaises.
Comment est né le collectif YGRK ?
BAMAO YENDÉ : Le collectif YGRK Klub est né, il y a 7-8 ans à peu, d'un désir qu'on avait avec Jenovah (Moku John) et Prymat, près du côté de Cergy, de créer une entité qui graviterait dans plusieurs domaines différents, de la musique aux arts graphiques tout en passant par la scénographie et les aménagements d'espaces. On était une dizaine, tous originaires de Cergy. On a commencé à organiser des soirées en banlieue dans des squats et des friches puis on s'est rapproché de Paris petit à petit avec nos soirées " à la kool " et on a commencé à tourner. On a fait ça pendant 3-4 ans, suite à ça j'ai monté Boukan Records.
Qu'est-ce qui t'a poussé à te lancer dans la musique en solo ?
BAMAO YENDÉ : Je sais pas si j'ai déjà vraiment été en solo. J'ai la force de mon équipage qui me porte, qui m'aide au quotidien, avec qui je me suis fait et avec qui je grandis chaque jour. Ceux qui ont écouté toutes les démos, qui ont écouté les mixtapes perdues et les projets endommagés.
J'essaie de capter des moments de vie avec le mic ou laisser le mic ouvert quand on est posé. Ça me sert de texture ou de background pour des tracks, ça fait une petite épice spéciale.
William Essef, alias Bamao Yendé
C'est quoi ou c'est qui qui t'inspire au quotidien ?
BAMAO YENDÉ : Au quotidien, je me nourris de mon entourage et de la vie qui nous entoure. Je suis beaucoup dans la contemplation et ces derniers temps les tranches de vie et bruit du quotidien. J'essaie de capter des moments de vie avec le mic ou laisser le mic ouvert quand on est posé. Ça me sert de texture ou de background pour des tracks, ça fait une petite épice spéciale. Après les influences sont hyper vastes : je suis retombé dans une petite phase Ata Kak en ce moment, et le premier album d'Aaliyah est dans mon top chart de février.
Tu viens du monde de la fête, comment tu l'envisages à l'avenir ?
BAMAO YENDÉ : Alors franchement, j'ai arrêté de me projeter. Je trouve que c'est un peu insensé. On navigue de désillusions en désillusions, on signe l'arrêt de mort de la culture, les lois sont de plus en plus borderline. C'est un pan de la population qui est mis aux abois et qui est ignoré par le gouvernement en invoquant des restrictions sanitaires alors le métro est bondé sans aucune distanciation sociale. Il ne faut pas oublier que la fête est très importante, c'est un espace d'évasion et un espace de liberté , c'est un espace où les gens osent être qui ils sont, où on peut échanger, c'est un espace de réflexion où l'on peut tisser du lien social. En espérant que ça reparte un jour... En tout cas le djing c'est comme le vélo : ça s'oublie pas, le travail c'est le travail, la sagacité ne meurt jamais.
Je recherche la synergie quand je travaille avec quelqu'un. Je fais en sorte que les idées s'emboîtent plus qu'elles ne superposent.
C'est quoi l'histoire ou le concept derrière ton EP 55 degrees avec Le Diouck ?
BAMAO YENDÉ : Je ne sais pas s'il y a vraiment une histoire en particulier derrière ce projet... C'est plus la somme de plusieurs histoires qui s'entremêlent qu'on a voulu mettre en musique. Là c'était le volume 1. Il y déjà plusieurs tracks de prêtres pour le volume 2 !
Qu'est-ce qui a changé entre ton premier EP Oussounga dévoilé sur Soundcloud et ton EP collaboratif ?
BAMAO YENDÉ : Entre les deux je me suis ouvert plus aux chanteurs rappeurs, j'ai appris d'autres techniques de production, j'ai ralenti un peu le bpm, je me mets plus aux services du morceau... mais aussi de Le Diouck. Par exemple, quand je fais des prods avec lui, notamment pour lui laisser de l'espace. En fait, je recherche vraiment la synergie quand je travaille avec quelqu'un. Je fais en sorte que les idées s'emboîtent plus qu'elles ne superposent.
C'est quoi tes prochains projets par la suite ?
BAMAO YENDÉ : Alors je prépare un EP, avec des summer heats, pour courant Mai si tout se passe bien mais le vrai projet sera plus pour la fin de l'année. Avec Nyoko Bokbae on a aussi plusieurs trucs sur le feu qui devraient voir le jour avant cet été. On est jamais à l'abri d'une VTzookerie <3 !