Depuis son explosion médiatique et sa tournée avec Beyoncé, DJ Khaled n’est plus le même. Major Key, l’album rap le plus attendu de l’été est sorti aujourd’hui, avec son lot de bonnes et de mauvaises surprises.
DJ Khaled était attendu au tournant, et son neuvième album, Major Key est enfin sorti. Il nous a, pendant de longues semaines, martelé ces deux mots dans la tête à l’aide d’une promotion percutante et maitrisée de bout en bout (notamment sur Snapchat). Le deejay est désormais signé chez Epic Records, et sa carrière, managée par Roc Nation – sous l’aile directe de Jay Z.
Sur ce neuvième opus du hitmaker de Miami, il y avait encore une fois, beaucoup d’invités. DJ Khaled a une façon de fabriquer des hits qu’on ne copie pas… De “I’m On One” à “Go Hard” en passant par “All I Do Is Win” et “Welcome To My Hood”, Khaled a la recette : un refrain fort et des couplets percutants, le tout sur un beat de préférence produit par la star du moment. C’était le cas sur ses huit premiers albums, et c’est aussi le cas sur celui-ci. En un poil plus nuancé…
Le meilleur album de sa carrière ; la plus grosse mixtape de l’année
Les morceaux trop évidemment faits pour taper fort en club ont fait place à quelques pépites un poil plus soulful. Ainsi, après que l’album se soit ouvert sur les deux lead-singles “I Got The Keys” (Jay Z et Future) et “For Free” (Drake), c’est Nas qui prend le relais avec “Nas Album Done”, un morceau samplé de “Fu-Gee-La” des Fugees. Dessus, le emcee du Queens montre qu’il est encore là, après 22 ans de carrière, et en profite pour annoncer son album – la mise en abyme est parfaite : “Khaled called me when I was in album mode / So I put it on hold for the Major Key / My album done, niggas, wait and see”. Nas et Jay Z ne sont pas les seuls lyricistes à satisfaire les amateurs de belle plume sur l’album. J. Cole tient aussi un excellent et poétique “Jermaine’s Interlude”. Un vrai tour de force.
Trois tracks sont passées, et l’intention de Khaled Khaled est claire. Major Key n’est pas un simple album de DJ Khaled. C’est peut-être l’album de sa carrière. Les huits premiers albums du boss de Def Jam South ressemblaient en effet davantage à une avalanche de hits façonnés pour le club, des compilations jonchées de summer anthems et de hood joints. Ici, et depuis son explosion médiatique, DJ Khaled semble enfin devenir DJ Khaled. Le tour de force de l’album, c’est de nous faire comprendre qu’être le producteur exécutif qu’il est, c’est un talent en soi. Il est difficile de trouver dans l’histoire du hip hop des compilations aussi éclectiques et bien réalisées, mis à part l’excellent Spirit Of Appolo de N.A.S.A.. En fait, et pour faire clair : Major Key, l’album, c’est la mixtape la plus puissante de ces dernières années.
L’une des prouesses de Khaled, c’est de réussir à faire assumer à des pointures telles que Jay Z, Nas, ou encore Jadakiss, le fait de s’approprier le jargon du roi de snapchat. L’un des morceaux les plus marquants de l’album, c’est d’ailleurs “Don’t Ever Play Yourself” (Fabulous, Jadakiss, Fat Joe, Busta Rhymes et Kent Jones). Un track rempli de références au parler si disctinct de celui que se faisait auparavant appeler Arab Attack…
Car là ou DJ Khaled diffère de ses homologues que sont DJ Skee, Nu Jersey Devil et DJ Clue, ou même, poussons l’analogie, de David Guetta, c’est à sa façon d’assumer sa différence, et d’être largement accepté par la communauté des amateurs / puristes de hip hop, comme par un public plus large. Khaled n’était pas fait pour se cantonner à une simple position de vedette locale ou nationale. Pas assez pour un magnat du genre… “Don’t ever play yourself !”

Couverture de Major Key, 9ème album de DJ Khaled (Photo par Johnathan Manion)
Plus de cohérence, toujours autant de hits
Si l’album a évidemment des points faibles, ces derniers sont si évident qu’ils en deviennent presque pardonnables. D’un point de vue de “puriste”, on regrettera la présence de hits très (trop ?) commerciaux et aussi assumés, notamment “Do You Mind” (Nicki Minaj, Chris Brown, August Alsina, Jeremih, Future et Rick Ross). Certains des singles laissent aussi un goût légèrement amer. “Holy Key” (Big Sean, Betty Wright et Kendrick Lamar) aurait peut-être mérité un traitement moins solennel dans l’athmosphère du track, ainsi que dans son annonce (même si, oui, c’est DJ Khaled).
Les tours de force de Khaled font, par contre, vite oublier les limites de cet effort. En un laps de temps plutôt court, le “mogul” a réussi à réunir Jay Z et Future sur le même morceau, Gucci Mane et Young Jeezy sur le même album, et il est le premier à réunir Big Sean et Kendrick Lamar sur le même track, après le désormais légendaire “Control”…
On notera également la présence toujours appréciable de emcee taillés pour les collaborations : French Montana, Future, Kodack Black, YG, Lil Wayne et Travi$ Scott (auteurs de l’excellent “Tourist”) font tous le travail, et l’ensemble est cohérent. Plus que ses précédents travaux. Major Key, c’est l’album à mettre en rotation partout cet été. Chaque titre peut potentiellement devenir un classique estival.
DJ KhaledMajor KeyWe The Best / EpicSorti le 29 juillet 2016En exclusivité sur Apple Music (jusqu’au 12 Aout),puis disponible sur toutes les plateformes de téléchargement