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Ariel Pink aimerait “mieux contrôler sa bouche”

Entre les éclairs de génie et les foudres qu’il s’attire, Ariel Pink a un talent hors-pair pour faire palabrer. On décortique le bruit autour de cette grande sirène de la pop moderne.

Lorsque l’on a le verbe aussi incontinent que Pink, il vaut mieux s’équiper d’un paratonnerre tant on s’attire les foudres du public. C’est-à-dire que s’il est aujourd’hui mis au pilori en tant que “musicien le plus détesté de l’indie rock“, il l’a vaguement cherché. En peu de temps, Ariel parvient à sortir que “ce n’est pas un crime d’être raciste” et d’avouer son “amour des nécrophiles“. Puis Pink prétend travailler pour Madonna avant de déclarer que tous ses albums sont mauvais depuis le premier. Alors Grimes rebondit, prétend qu’il incarne la misogynie de l’industrie musicale. Ariel Pink misogyne ? Non, Ariel Pink est surtout mégalo.

Quelques jours passent, le bruit s’estompe, son album sort, interview pour le Guardian :

J’aimerais mieux contrôler ma bouche, pouvoir m’exprimer sans me tourner en ridicule“. Tout le monde adhère avant d’ajouter “Grimes est quand même stupide et attardée de défendre Madonna“.

Il ajoutera par la suite qu’elle entretient possiblement un grief contre lui parce qu’il est “sa version mâle” avant d’ajouter sur Twitter qu’il aime Grimes. Un don pour la provoc’ qui l’emmena à raconter ces derniers jours sur scène à Londres qu’il est le “Jimmy Saville de Los Angeles” (pour mémoire Jimmy Saville était un animateur anglais incriminé dans une affaire massive de pédophilie). Une élégance et un raffinement sans borne. D’autant plus chic lorsqu’il suscite l’étonnement en s’accompagnant d’une classe de fith graders (équivalent CM2) pour réaliser ses choeurs .

Ariel fait tant de bruit que l’on entend plus à quel point son dernier album est un bijou. Une traversée dans les bas-fonds escarpées de ce que la pop compte de plus lugubre depuis que la pop est pop. Un amour du décati sans kitsch, du poussiéreux, du délaissé, de ce qui hante l’inconscient collectif, sans ironie, avec une sincérité et un troisième, quatrième degrés hyper sophistiqué. En somme, un/des monument(s) de mélodie(s) à la minutie improbable. Finalement si Madonna l’a contacté, si l’on s’intéresse à ses moindres crétineries, si sa bouche d’incendie se déverse dans des médias à gros tirages, c’est que Pink incarne la pop et (presque) toutes les pops.