Le Paris Psych Fest a eu lieu début Juillet, le festival Levitation France d’Angers se donnera en Septembre : deux façons de voir le psychédélisme en 2014.
Comparer deux programmations n’est pas un exercice évident, même quand les thématiques sont à priori les mêmes. Mais on ne peut aborder le Levitation qui se déroulera les 19 et 20 Septembre sans le mettre en perspective avec son “rival”, le Paris Psych Festival. Les deux manifestations semblent de bons symboles de la dualité du mouvement dans son affirmation en France.
Il semble qu’il co-existe deux types de musiques psychédéliques : celle qui s’affirme en tant que genre, issue des années 60 et 70, et celle qui s’établit de fait au travers différents registres. Simplifions en comparant les deux programmations.
Deux lignes très différentes
Le Levitation France suit la ligne de sa maison mère, le Austin Psych Fest, dont il est le rejeton : il explore le registre psychédélique en tant que tel. En tête d’affiche, La Femme, Loop, et The GOASTT. Si on retire la première formation, placée ici pour appâter le chaland, on est dans la pure veine du rock des Black Angels (pontes du genre) et compères : mur de guitare, batterie épaisse, basse rampante, choeurs aériens. Tout ceci est très guitare : ces groupes plairont aux puristes.
Le Paris Psych Fest proposait quant à lui trois headliners : The KVB, The Soft Moon et Toy. Si ces noms ne vous disent rien, sachez que les deux premiers sont plus largement associés à une scène dark, cold wave, industrielle que techniquement psychédélique. Pourtant, pour quiconque les aurait vus sur scène, il est évident que ces groupes là savent envoyer le public sur une autre planète. On parle ici d’artistes nettement plus jeunes en termes d’années d’existence, nourris aux synthétiseurs, aux 80’s gelées.
A Angers, le reste de la prog aura tendance à correspondre aux têtes d’affiches : le brillant Amen Dunes, les hardeux de Kadavar ou encore Holy Wave et Woods, une esthetique très “USA”. Dans la capitale, la sélection explore de nombreux territoires, de la techno organique et radicale du label In Paradisum aux morceaux très illustratifs de Forever Pavot.
La (très) grande famille du psychédélisme
La première tendance se place dans l’héritage du psychédélisme passé, actualisant sans cesse les effluves du riche passé américain en la matière. C’est l’exemple du Levitation, qui met le paquet pour avoir des “pointures” du genre, satisfaire l’aficionado et créer un bloc ultra cohérent.
La seconde s’appuie plus sur le mot-valise “psyché” pour développer ce qui est finalement une excellente programmation indie, à l’image de tout ce qui fait battre le coeur des mélomanes d’aujourd’hui. Le psychédélisme se pose alors comme une bannière qui abriterait un peu tout l’underground, des popeux américains de Triptides au synthétique bordelais Volcan en passant par les expérimentations électroniques de Somaticae.
Deux visions pour un seul nom : choisissez votre camp. Ou non, ne choisissez pas. Les deux festivals peuvent s’enchaîner sans peine, l’expérience étant, finalement, très différente. D’un côté, l’ultra spécialisation et la cohérence absolue, de l’autre, un festival plus éclectique fort d’un esprit plus globalisant et dans l’air du temps. Le Paris Psych Fest a fait très fort, le Levitation, c’est sûr, devrait fonctionner aussi bien. Car finalement, ce qu’il faut retenir de tout ceci, c’est que les musiques psychoactives sont en pleine explosion en France. Et tant mieux.
Quant aux productions françaises de musique psychoactive, vous pouvez jeter une oreille par ici pour le versant pop, par là pour un volet plus rugueux et dans ces compilations qui brassent large, mais bien.
Voici aussi le genre de choses que vous entendrez au Levitation France :