Ça nous ferait mal de vendre Anna Of the North comme la nouvelle Lykke Li mais si jamais nous nous autorisions à trouver un air de famille appuyé, nous ne serions pas dans l’erreur.
Enrico chantait, “les gens du Nord ont dans le coeur la chaleur qu’ils n’ont pas dehors“. C’est juste et justement, ça se confirme chez notre découverte du jour.
Anna est norvégienne, a le coeur chaud (donc) et le sentiment glacé. Sur une photo de famille, on trouverait volontiers Anna à proximité de Lykke Li mais s’arrêter ici serait ridiculement réducteur. Li joue avec une pesanteur très forte, un drame quasi permanent là où Anna Of The North connait une ambition beaucoup plus débonnaire dans la pop.
Car Anna vient du Nord et par beaucoup de chemins, elle y retourne. Dans sa pop, on retrouve une grande dureté jamais loin de fondre que l’on adorait dans l’esthétique des petites frappes de The Tough Alliance, au temps jadis. Mais avant tout chose, Anna a dans ses (peu de) titres (trois pour l’instant) un ciel gris, des herbes hautes, un oeil humide, un coeur gros et une gorge serrée que l’on jurerait avoir croisé chez Bon Iver. Une pop molle et sèche, produite au givre, dont le lyrisme est contenu dans le dénuement et la simplicité, l’affiliant plus à Cat Power qu’à Kate Bush. Rien d’étonnant, dans ces conditions, à déceler chez elle une inclinaison à la chanson sentimentale des 90’s (elle reprend I Love You Always Forever de Donna Lewis).
Et si l’on aborde avec elle le souffle nocturne, engourdi, langoureux de sa musique, mademoiselle répondra que sa plus grande influence est l’insomnie dont elle souffre pathologiquement.
Les lois de l’Internet étant impitoyables, il est important de produire une forte première impression. Bienheureusement, Anna est l’auteure d’un premier titre (Sway) devenu hit lorsqu’il s’est avéré capable de rafler des centaines milliers d’écoutes. Reste à confirmer sa bonne tenue de route via un premier LP à paraitre dans les mois à venir.
