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Animal Factory Records, le label qui veut faire les choses différemment

Alors qu’il faisait escale à Paris, on a attrapé au vol Frédéric Vocanson pour qu’il nous raconte l’histoire de son label Animal Factory Records, l’un des plus excitants du moment.

Si le sigle Animal Factory ne vous dit rien, c’est peut être parce que Frédéric Vocanson, le leader du label, n’en fait pas tout un fromage. Contrairement à d’autres, il ne sélectionne pas ses groupes par rapport à un moule, à une empreinte sonore, pour créer une entité ultra balisée. Pourtant, il y a fort à parier que vous connaissez quelques-uns des groupes dont il s’occupe.

“Il n’y a pas de ligne directrice ultra précise. Le dénominateur commun, c’est que les groupes ont un univers artistique fort, en sont conscients et veulent construire autour de ça”, explique-t-il. Cette phrase sonne comme le leitmotiv d’une structure qui réinvente constamment ses méthodes de travail en fonction des différents projets.

Coller au plus près de l’univers de l’artiste

En effet, entre le solitaire Petit Fantôme, la chorale pop Crane Angels, la pop textuelle de Rhume ou encore la tendresse de Botibol, le roster du label brasse large. Animal Factory cherche à cultiver cette spécificité :

“Chaque groupe est différent, et c’est de lui qu’on part. On fait les choses au jour le jour, en fonction des idées. C’est très artisanal. On fait souvent des brainstorming, c’est beaucoup de discussions.”

Ces discussions amènent à certains coups de génie. Le jeux vidéo relax de Botibol, dans lequel il s’agit de percuter des meufs, ou le site tendre de Petit Fantôme sont autant de nouveaux moyens d’attirer les auditeurs vers la musique. Mais il rejette l’idée d’avoir déjà voulu faire du simple buzz : “on prend la décision de faire tel ou tel contenu en fonction de la valorisation artistique. C’est ce qui dirige. C’est nécessaire d’aller plus loin que le simple fait de sortir un disque. Il faut se battre à tous les niveaux pour créer du supplément d’âme”.

Exemple marquant : pour Stave, la mixtape de Petit Fantôme, l’idée d’une diffusion à travers un site est partie de l’artiste, qui ne considérait pas les morceaux comme un véritable album, mais qui voulait les amener au public. Ce qui renforce ce rapport intense de travail, c’est que Frédéric a involontairement concentré au sein de son catalogue des groupes essentiellement locaux et peut donc prendre facilement le temps de discuter des heures durant avec eux.

Le choc de la pop bordelaise

“Je suis venu vivre à Bordeaux parce que j’adorais les labels Vicious Circle et Talitres, et que je rêvais surtout d’écrire pour le fanzine Abus Dangereux (plus vieux fanzine français en activité, ndlr). J’ai fini mes études, que j’avais orienté pour avoir toutes les compétences pour monter un label, et j’ai appris le quotidien en bossant à la Fédération des labels indépendants d’Aquitaine”.

En 2010, il fonde donc Animal Factory. D’ailleurs, à ce moment là, il avait d’autres ambitions : “J’étais parti pour signer des trucs plus durs dans le genre de Circle Takes The Square et Year of No Light“. Finalement, il découvre l’espèce d’orchestre pop hors norme des Crane Angels, se passionne pour eux et rencontrent tous les projets du collectif Iceberg duquel le groupe est issu.

Une grande partie de son catalogue actuel en fait parti, jusqu’à JC Satàn, qu’il manage. Un ancrage local de fait : “Je me suis engagé sur un grand nombre de projets à long terme, je pourrais aller signer des groupes étrangers, mais je n’aurais pas le temps de travailler autour convenablement”. Car Frédéric peut mettre plus d’un an à préparer une sortie :

“Le processus de travail est long, je sors peu de disques, parce que c’est important pour moi de créer un tout fort et cohérent.”

Réinventer les règles du jeu

Il a décidé de laisser de côté les schémas classiques de la musique et est allé jusqu’à réinventer ses contrats pour coller au mieux avec sa façon de travailler. Par exemple, sur de l’album du supergroupe (jusqu’à 13 membres) Crane Angels, “on a séparé les bénéfices à parts égales entre moi et chaque membre du groupe sur le publishing. Je touche autant en tant qu’éditeur que n’importe quel musicien”. Là où, en tant normal, un éditeur toucherait 50%.

“Il n’y a rien a espérer de ce milieu et il n’y a jamais rien eu a espérer, en terme d’argent. Je fais ça pour donner de l’horizon aux artistes, répondre à leurs besoins”. A l’heure où tous les gros labels cherchent obstinément de nouveaux moyens de pérenniser leurs bénéfices, Animal Factory est rentable, ou tout du moins génère suffisamment d’argent pour faire vivre son patron.

La preuve est faite que définitivement, le public sait reconnaître un travail de qualité, sincère, “cohérent du début de la production à la commercialisation”. Et s’avère être de plus en plus nombreux derrière Animal Factory. Car tant dans la forme que dans le fond, c’est une véritable usine à – beaux – sentiments.

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