En zonant sur le site de l’INA, on a déniché ce reportage qui avait propulsé la culture hip hop sous toutes ses formes dans les foyers de France. Il fallait qu’on vous le montre.
Le site de l’INA est une mine d’or : on y trouve sans peine de nombreux extraits télévisés d’époque sur des sujets divers. Parfois, les documentaires sur la plateforme ont en plus une valeur historique. Certains, comme celui que nous vous présentons aujourd’hui, ont marqué la société à travers leur diffusion.
Cet document concerne le hip hop : ce reportage culte d’Envoyé Spécial sur Antenne 2 (!!!) en 1989 a envoyé cette culture dans les téléviseurs de la France entière. A l’époque, les jeunes écoutent du funk, les gens ne prononçent pas la liaison entre hip et hop, et le graff est complètement incompris par les masses.Le reportage d’Envoyé Spécial s’ouvre en présentant André, âgé alors d’environ 18 ans. L’artiste en devenir court les rues de Paris bombe à la main pour recouvrir la ville de son nom. Une scène est particulièrement amusante : sa copine de l’époque, qui fait le guêt pour lui, explique qu’elle est morte de peur quand lui fonce tête baissé vers le destin qui l’attend.
Ensuite, on découvre Bando, l’un des gros bonnets du graff 80’s racontant son expérience, avant de rejoindre les KTA dans les catacombes de Paris. Le moment fort est la rencontre du crew de Joey Starr et Kool Shen, 93 NTM, entrain de “cartonner” un train de banlieue. Pas encore Supreme, le groupe rassemble aussi graffeurs, danseurs autour de la fac de Saint Denis. Anecdote encore, on voit dans un second plan MC Solaar assis sur les bancs de l’école.
Outre le name dropping l’intérêt du reportage est qu’il englobe une grande partie des pans d’une culture hip hop déjà en pleine transformation : d’un côté, André pratique déjà un graff plus arty, plus parisien aussi, et, si on ne l’imagine pas monter le Baron à l’époque, le voir en action en 89 ne dépayse pas. De l’autre côté Mag 3 et Psy (de KTA) sont restés dans l’underground, tout comme Mode 2 et Bando qui sont devenus des icônes underground, le second ayant monté par la suite quelques gros labels soul/funk indé aux USA. Ces derniers revendiquent déjà un goût affirmé d’une contre culture en conquête à l’époque.
On comprend qu’en regardant ça, les kids de la fin des eighties se soient découverts des vocations. On intègre aussi pourquoi 20 ans plus tard, le hip hop est devenu l’une des principales composantes du mainstream, pour le meilleur et pour le pire.
On vous laisse regarder tout ça avec la plus grande attention sur le site de l’INA ou sur YouTube, ci-dessous.