Mais alors que faire ? Coup de chance, le garçon s'estime capable de se reconvertir dans l'ingénierie du son. Ni une, ni deux, le voilà sur les bancs de l'université. Durant ses études, il amasse à droite et à gauche de quoi se façonner un studio et commence à toucher à la composition avec un goût certain de la liberté. A ce moment là, il bouge sur Londres : la musique, ce sera son truc.
Du foot à la techno
Pendant cette période, on imagine qu'il s'est intéressé de très près à certains grands maniaques du son : d'Aphex Twin à Throbbing Gristle en passant par la techno primitive, ses playlists ont du muter vers quelque chose de clairement plus inventif que ce qui devait se jouer au centre de formation.
Il fonde son label en 2004, pour refiler ses premières productions sous le nom d'Actress, et y signera des producteurs du gabarit de Lone. Il ne sortira finalement son prochain album qu'en 2008. "Hazyville" sera le début d'une grande série post-techno, entre murs de son et beats finement dancey.
A l'image de la musique électronique anglaise, l'artiste va faire exploser les baffles des clubs avec une musique mêlant culture de la basse dure et de la construction alambiquée. Sensibles et puissants, ses albums se nourriront d'inspirations sous-jacentes fortes, à l'image de "R.I.P.", inspiré du poème Le Paradis Perdu de John Milton sur le mythe du jardin d'Eden.
Cette série, il vient de la clore avec "Ghettoville", un dernier album qui va chercher les racines primitives des grands registres musicaux actuels pour les ravaler à sa manière. Quand on repense aux casseroles musicales que traînent des gens comme, au hasard, Emmanuel Petit ou encore Chris Waddle, la sensation est de l'ordre du choc thermique. Actress est plus qu'un footballeur reconverti : c'est un grand artiste qui a, jeune, tapé quelques ballons.